Critiqué pour ses méthodes et accusé de s’acharner contre la droite, le PNF joue sa réputation dans l’affaire Sarkozy.
Il aura fallu huit jours. Huit petits jours, depuis les aveux du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, pour que François Hollande chamboule d’une phrase le système judiciaire français tout entier. « J’ai décidé la création d’un parquet financier», lâche-t-il le 10 avril 2013. « Hollande était intraitable. Le Parquet national financier était, comme toujours avec le président, une réponse politique », se remémore un témoin. PNF, trois lettres et le récit d’une époque. Transparence. Corruption. Fraude. Éthique. Moralisation de la vie publique. Instrumentalisation. Acharnement. « Transpercence », comme le disait avec dédain l’avocat Dupond-Moretti, devenu ministre de la Justice. Défile ici le champ lexical d’une décennie qui aura vu destins présidentiels, sociétés cotées en Bourse, élus et chefs d’entreprise se briser sur ce court acronyme… PNF, l’enfant mal né de la gauche au pouvoir. Le fruit d’un mensonge assumé « les yeux dans les yeux » par Jérôme Cahuzac, l’étoile montante du gouvernement Ayrault, et arrivé sur le bureau des parlementaires « comme une comète », se souvient l’un d’entre eux.
Aussi, ce 26 juin 2013, c’est un François Molins combatif, mais légèrement défait, qui se présente devant la Commission des lois du Sénat. Le procureur de la République de Paris, qui deviendra bientôt, avec la vague d’attentats de 2015, le magistrat le plus célèbre de France, estime n’avoir pas démérité dans ses fonctions, mais sait déjà que, quoi qu’il dise, les dés sont jetés : le Parquet national financier, voulu par le président de la République lui-même, va bel et bien devenir une réalité. Il est une réponse au compte caché de Jérôme Cahuzac dont la majorité socialiste au pouvoir craint de ne pas se remettre. Et qu’importe que les magistrats de la section financière du parquet de Paris le ressentent comme une « punition
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