La justice politico-financière en France
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du SM, d’avoir présidé l’Association des magistrats ■ (APM), une «association professionnelle droitière de magistrats ». Pour faire taire les critiques, l’idée du gouvernement était, en effet, de nommer un procureur financier à qui on ne connaîtrait pas d’engagement particulier à gauche. Le projet fait long feu et c’est finalement Éliane Houlette, spécialisée dans les affaires commerciales au parquet de Paris, puis à la cour d’appel, qui, dans un quasi-anonymat, décroche le poste. Sa nomination ne doit rien au hasard : réputée pointue sur ses dossiers, elle est recommandée par Jean-Louis Nadal, proche du Parti socialiste, qui aura occupé tous les plus beaux postes de la magistrature pendant sa carrière. L’homme est consulté à chaque nomination sensible. « Il est capable d’égrener le nom et le CV de 3 000 magistrats français », assure, sans plaisanter, un ancien dirigeant du PS. C’est lui que François Hollande nommera, en décembre 2013, à la tête de la nouvelle, et très sensible, Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée de contrôler les déclarations d’intérêts et de patrimoine des élus et membres du gouvernement.
Sévérité. À cette même époque, le gouvernement cherche également à s’assurer de la loyauté de la chaîne hiérarchique. Malgré les grands discours sur l’indépendance tenus par Christiane Taubira, François Falletti, procureur général près la cour d’appel de Paris, est convoqué le 27 janvier 2014 à la chancellerie. Un poste de premier avocat général à la Cour de cassation lui est proposé. Il refuse. « Le ministre veut quelqu’un de la même sensibilité » à son poste, insiste-t-on. Mais Falletti est inflexible et le dit haut et fort à la presse : il s’en ira au terme de ses fonctions, dans un peu plus d’un an. En mars 2014, l’installation
Seule une infime partie des affaires sont confiées à des juges d’instruction statutairement indépendants.