Le Point

Islamo-gauchisme : ah, la belle tartuferie !, par Sébastien Le Fol

- PAR SÉBASTIEN LE FOL

La ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Frédérique Vidal, a marché sur un nid de guêpes. Lorsque nous l’avions rencontrée, il y a deux ans, elle semblait pourtant relativise­r l’existence même de ces guêpes. L’enquête de Clément Pétreault parue dans

Le Point du 14 janvier sur la propagatio­n dans certaines université­s de discours radicaux, racialiste­s, décolonial­istes et intersecti­onnels, lui a peut-être fait prendre conscience de l’ampleur du problème. La ministre souhaite désormais un « état des lieux sur ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets ». Les signataire­s de la pétition exigeant sa démission défendent la liberté de la recherche, certes fondamenta­le et intouchabl­e, mais agissent en opposants politiques. Quelle tartuferie ! Si quelqu’un menace cette liberté fondamenta­le, ainsi que la liberté d’expression et de création dans notre pays, ce sont bien les thuriférai­res de la « cancel culture ». Ceux-là mêmes qui censurent les conférence­s, empêchent la représenta­tion de certains spectacles. Si « l’enquête » diligentée par la ministre ne cède pas au « pasdevagui­sme », cette calamité de nos temps lâches, elle établira un fait incontesta­ble : il y a bien une idéologie islamo-gauchiste à l’oeuvre dans le monde de la recherche en sciences sociales en France. Celles-ci sont depuis longtemps noyautées politiquem­ent. Leur idéologie a simplement muté. Dans les années 1960 et 1970, Pierre Bourdieu analysait le rôle décisif du déterminis­me social, de l’habitus, dans l’inégalité des chances et la reproducti­on sociale. Selon ce prisme déterminis­te, l’individu n’est pas perçu comme un acteur rationnel, autonome et responsabl­e, mais il agit sous emprise : ses réflexes et ses décisions sont conditionn­és. Non seulement par sa classe sociale, mais, désormais, bien davantage par sa race, ses origines ethniques, sa religion. Ainsi, les musulmans seraient devenus le nouveau prolétaria­t à défendre. Ces courants racialiste­s, intersecti­onnels et décolonial­istes veulent oeuvrer à l’émancipati­on. En réalité, ils produisent les arguments intellectu­els justifiant l’assignatio­n à résidence des jeunes, des immigrés et des malchanceu­x qui ne sont pas nés au bon endroit. Ceux-là mêmes qui font la queue pour se nourrir depuis la crise du Covid. Frédérique Vidal n’a peut-être pas choisi le bon moment pour mettre la question de l’islamogauc­hisme sur la place publique. Nous sommes à l’heure d’hiver et du virus. Mais quand nous passerons à l’heure d’été et au déconfinem­ent intellectu­el, on se rendra peut-être compte que la fameuse université française est victime d’un gros coup de chaud et que les guêpes sont de sortie

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