Islamisme, respect, discipline, mérite… Le témoignage choc d’un ancien principal de collège et notre enquête.
Faut-il y voir le signe d’une transformation profonde de la société ou la réplique sismique de débats houleux sur le séparatisme ? Un sondage Ifop pour la Licra publié mercredi 3 mars montre qu’une majorité de lycéens (52 %) est désormais favorable au port de tenues religieuses dans les lycées publics, soit deux fois plus que dans la population adulte (25 %). Cette étude d’opinion, comme beaucoup d’autres auparavant, révèle notamment que les jeunes générations n’entretiennent pas le même attachement aux principes de laïcité et de liberté d’expression que leurs aînés. Si le savoir demeure un outil d’émancipation collective, les valeurs qui ont longtemps structuré la société française et l’école républicaine semblent aujourd’hui en profonde mutation, sur fond d’explosion des susceptibilités collectives et individuelles. Confronté à ces phénomènes nouveaux, l’État n’a pas voulu – ou n’a pas su – réagir, ainsi que le raconte sans détour l’ancien principal de collège Patrice Romain (lire p. 42). Décrire l’emprise du religieux dans certains territoires est devenu un sport de combat, comme l’a rappelé l’amère expérience du professeur de philosophie Didier Lemaire à Trappes, dans une histoire où s’entremêlent école, religion, politique et combats idéologiques (lire p. 45)…
Pour pouvoir tenir sa promesse d’émancipation, le savoir doit se prémunir du prosélytisme, y compris du prosélytisme politique. Or on assiste depuis plusieurs années, dans les départements de sciences sociales des universités françaises, à un brouillage entre recherche et militantisme, entre connaissance et confirmation de biais idéologiques, réactivant des idées combattues jusqu’alors, comme celle de « race », au nom de la lutte contre les logiques d’oppression (lire p. 49). S’il est plus que jamais indispensable de s’attaquer aux discriminations, il ne faudrait pas recréer, au nom d’identités et d’appartenances supposées, des séparations infranchissables entre individus. L’école n’a définitivement pas besoin de cela
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