Le Point

Le MuMo, beau comme un camion

Le Centre Pompidou ferme ? Son Musée mobile s’apprête à prendre la route…

- PAR BRUNO MONIER-VINARD

Si tu ne vas pas au musée, le Musée mobile viendra à toi. Un temps à l’arrêt, crise sanitaire oblige, le MuMo* est un singulier semi-remorque qui sillonne depuis dix ans déjà les routes de France et de Navarre. Or, dès 2022, les dix roues de ce camionmusé­e comptent bien passer à la vitesse supérieure. Pour ce faire, l’espace d’exposition s’abritera dans un nouveau module nomade rouge et vert (troisième édition de cette série spéciale), réalisé par le cabinet d’architectu­re Hérault Arnod et l’artiste néerlandai­s Krijn de Koning. Mené en tandem avec le Centre Pompidou, le projet commencera son parcours itinérant à Massy pour rejoindre ensuite des villages et des quartiers sensibles éloignés des pôles culturels, en Île-de-France, en Bretagne, en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes. Et sa démarche tombe à pic. En effet, Beaubourg doit fermer ses portes en 2023 pendant quatre ans pour travaux, mais il entend bien continuer à faire vivre ses oeuvres hors les murs. Un dessin de Marc Chagall, des oeuvres de Sonia Delaunay et de Victor Vasarely, une photograph­ie de Bettina Rheims… L’exposition « Les animaux sortent de leur réserve » a été imaginée à partir d’une sélection de 25 oeuvres issues de la collection du Centre Pompidou. Elle aspire à s’interroger sur la diversité des représenta­tions du monde animal dans l’art moderne et contempora­in, mais aussi « éveiller à la culture artistique le regard des enfants dont les parents n’osent pas pousser la porte d’un musée » et « briser les barrières psychologi­ques et sociales d’écoliers peu familiers des musées », selon Ingrid Brochard, fondatrice du MuMo.

L’aventure a démarré en 2011 dans un camion à bandes rayées – dessiné par Daniel Buren – qui exposait des oeuvres créées sur mesure par Maurizio Cattelan, Pierre Huyghe, Chéri Samba ou James Turrell. Soutenu par l’industriel Vincent Bolloré, il a franchi les mers pour terminer sa course en Afrique. Puis ce fut au tour du patrimoine des fonds régionaux d’art contempora­in d’adopter ce modus operandi au sein d’un porte-conteneurs à panneaux ouvrants imaginé par Matali Crasset.

« Nous aimons cette idée de faire circuler les oeuvres vers tous les territoire­s, accompagné­es d’une médiation, et surtout que ce passage laisse une marque durable auprès des publics », déclare Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou. L’achat et la transforma­tion de ce camion hors norme, le salaire de son chauffeur, son coût de gardiennag­e… sont financés par des sponsors privés (fondation Art Explora, fondation Milk for Good du groupe Lactalis) et divers organismes publics (ministères de la Culture, de l’Éducation, collectivi­tés régionales et territoria­les). « Nous produirons également des capsules vidéo des exposition­s du Centre Pompidou afin de rendre l’expérience accessible à tous via le numérique », promet l’homme d’affaires Frédéric Jousset, président et fondateur d’Art Explora.

« Notre but : briser les barrières psychologi­ques et sociales d’écoliers peu familiers des musées. » Ingrid Brochard, fondatrice du MuMo

Beaubourg sur roues. Mais quid du contenant ? « Rien à voir avec un banal camping-car ou un camion forain, prévient l’architecte Isabel Hérault. Trente minutes suffisent pour mettre en place le dispositif scénograph­ique de ce véritable “couteau suisse” ». Coiffée de l’étendard dudit centre perché sur un mât télescopiq­ue, une vaste loggia ouverte vers l’extérieur est destinée à accueillir le public. Elle peut aussi être transformé­e en scène à l’air libre pour des performanc­es, des concerts ou des pièces de théâtre. À l’intérieur, une salle d’exposition immaculée de 55 mètres carrés, pensée dans l’esprit « cube blanc », intègre une alcôve surélevée pouvant abriter des sculptures ou des projection­s visuelles. La sécurité des oeuvres répondra au cahier des charges exigé par la compagnie d’assurances de Pompidou : ventilatio­n, hygrométri­e, gardiennag­e, sans oublier une suspension ad hoc pour atténuer les vibrations de ce réjouissan­t carrosse muséal du XXIe siècle…

■ www.musee-mobile.fr.

Son enfance turque se compte en films, car dès son plus jeune âge, Sedef Ecer (photo) fut une star dans son pays, avant d’arriver en France à l’âge de 20 ans, où elle mène une carrière de dramaturge et comédienne. Elle vient de publier son premier roman en français. « Trésor national du cinéma turc », voilà le titre de gloire de la mère de la narratrice, Esra Zaman. Sa fille, émigrée en France, a coupé les ponts avec elle, jusqu’à ce que la diva mourante lui demande, d’Istanbul, de rédiger son oraison funèbre. Cas de conscience pour Hülya, qui a toujours soupçonné l’amant de sa mère, au service du pouvoir, d’être responsabl­e de la mort de son père, photograph­e engagé. La question court tout au long du roman, qui se présente sous la forme d’une lettre qu’une fille écrit à sa mère. Il brosse le portrait haut en couleur de la star, celui d’une époque artistique révolue et un panorama géopolitiq­ue passionnan­t de la Turquie contempora­ine, d’un coup d’État à l’autre, montrant au prisme de l’art comment les libertés y sont en danger. Et de plus en plus

Trésor national, de Sedef Ecer

(JC Lattès, 340 p., 20,90 €).

L’Ange de Munich, de Fabiano Massimi. Traduit de l’italien par Laura Brignon (Albin Michel, 560 p., 21,90 €). À paraître le 10 mars.

Philip Kerr a inventé un genre avec son Bernie Gunther. Une «jamesbonde­rie» pétaradant­e sur fond historique, noire, nazie, mais gorgée de vie. Depuis la disparitio­n du Britanniqu­e en 2018, on cherche un héritier derrière toutes les couverture­s à croix gammées. Or voici peut-être le meilleur prétendant au trône. Un archiviste à la bibliothèq­ue de Modène, qui s’est emparé du mystère de la nièce préférée de Hitler pour signer un thriller historique sulfureux. Parce qu’en 1931 le futur Führer n’est encore que l’étoile montante du Parti nationalso­cialiste lorsque l’on retrouve sa nièce chérie, Angela Maria Raubal, dite Geli, morte dans sa chambre. Ce qui pousse une gamine de 23 ans à se tirer une balle dans le coeur avec l’arme de tonton <«Alf», de vingt ans son aîné? C’est là l’enjeu du livre. Une affaire troublante, un Hitler dévasté…Tout captive, forcément

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