L’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002 a façonné la présidente du RN. Histoire secrète de ces journées décisives dont elle dit avoir tiré toutes les leçons.
Le 1er mai 2002. Dix jours plus tôt, l’apparition sur les écrans de télévision du visage de Jean-Marie Le Pen, tombeur de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle, a sidéré la France. Les médias du monde entier racontent un pays saisi d’effroi, qui s’est bientôt mis à vibrer d’une « révolte » profonde, et ce 1er mai résonne des « appels républicains » lancés à travers tout le pays, où 1,3 million de Français défilent dans les rues, rugissant leur rejet du Front national. La jeunesse scande : « F comme fasciste, N comme nazi ! » Il est bientôt midi. Le soleil resplendit sur Paris, embrasant les sculptures du palais Garnier, place de l’Opéra, où les partisans de Le Pen achèvent de défiler, protégés par un impressionnant cordon policier. Leur traditionnelle fête de Jeanne d’Arc, cette année-là, a une saveur de victoire, « de dignité retrouvée », dira le patriarche… Mais aussi «une odeur de peur», se souvient Arnaud Stéphan, l’un des stratèges de la campagne. « La violence des réactions et la menace étaient telles que nous avions dû doubler le service d’ordre d’une sécurité privée. » Rapidement, la place se vide. Alors que le gros des troupes rejoint le Paquebot, siège du FN, une vingtaine de jeunes cadres se retrouvent 300 mètres plus loin, dans la quiétude du jardin de la demeure des Le Pen, à Montretout. Depuis 1998 et la fondation de l’association Générations Le Pen par Samuel Maréchal, l’époux de Yann Le Pen (une structure pensée pour fédérer la jeunesse présentable et performante du parti, quelques mois seulement avant la scission provoquée par Bruno Mégret), les « survivants » du putsch avaient pris l’habitude d’y tenir leur rencontre annuelle après le défilé en l’honneur de « Jeanne ». Sur la pelouse où s’improvise un pique-nique, toute la jeune garde est là. Jean-Lin Lacapelle, alors responsable fédéral du Loiret et président de la petite structure, Samuel Maréchal, Marine Le Pen bien sûr, qui vit sur place et dont les trois enfants se roulent dans l’herbe, son mari Éric Iorio, leur « patron » de la cellule idées-images Jean-François Touzé, Louis
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l’avocate, aura lieu deux mois plus tard.
« Marine est opportuniste, pragmatique et incroyablement chanceuse. C’est l’explication de son succès. » La mise en orbite fulgurante de la benjamine du clan Le Pen, qui va sortir de l’ombre entre les deux tours de la présidentielle comme une météorite, suscite des jalousies. « Depuis la scission mégrétiste, le parti manquait terriblement de cadres, raconte un témoin de l’époque, et la cellule idées-images, qui se réunissait pour définir la stratégie, les thèmes, les interventions médiatiques de Jean-Marie Le Pen et les communiqués, est vite devenue le vrai coeur de la campagne. » Marine Le Pen la rejoint en janvier 2002. « Grâce à elle, le contact avec le président était absolument direct, ce qui nous a beaucoup aidés », raconte Jean-François Touzé, qui « vit » alors littéralement avec la
« Marine est opportuniste, pragmatique et incroyablement chanceuse. » Un de ses proches en 2002
Évolution par rapport à sept. 2020*
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