Le Point

Les vies de JFK

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1938 Naissance à Viroflay (Yvelines). 1959 Journalist­e à Paris-Presse.

1960 Reporter en Algérie pour

Le Monde.

1977 Directeur des Nouvelles littéraire­s. 1984 Fonde L’Événement du jeudi. 1997 Fonde Marianne.

2009 Élu au Parlement européen (MoDem). Il cède sa place à Nathalie Griesbeck.

2011 Prend sa retraite.

2021 Publie le premier tome de ses Mémoires. de nos aventures profession­nelles. » Il a un goût du paradoxe poussé à l’extrême. Jean-François Kahn est un dictateur de presse qui n’aime pas que ses journalist­es soient d’accord avec lui. Il est un tyran allergique à la courtisane­rie. Le public n’est pas roi. Un bon journal doit déplaire et déranger le lecteur.

Aucune case cochée. Il ne sait pas taper à la machine, il ne parle pas anglais, il ne possède pas de permis de conduire. Ses Mémoires témoignent de sa passion pour le métier. Il avance pourtant ne jamais avoir eu le feu sacré. « J’ai toujours été habité par l’idée d’être utile. Je me demande tous les jours de manière obsédante si j’ai fait quelque chose d’utile : ai-je permis à quelqu’un de douter d’une certitude ? Ai-je rendu compte clairement d’une situation complexe ? Ai-je fait découvrir une oeuvre importante ? » Jean-François Kahn révèle avec Jacques Derogy, en 1965, dans L’Express, l’enlèvement de l’opposant marocain Ben Barka par des policiers français, mais le public retient le plus souvent de lui ses émissions sur la chanson à la radio. Le journalist­e qui a toujours détesté les « petites phrases » a été lynché sur les réseaux sociaux pour avoir parlé de « troussage de domestique » sur France Culture à propos de Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Sofitel. Il a ainsi chuté par amitié pour Anne Sinclair. À la suite de ses propos regrettés, il s’est éloigné du métier en 2011.

Jean-François Kahn a travaillé comme postier aux PTT puis comme manoeuvre dans l’imprimerie, avant de se lancer dans le journalism­e en 1959. Ses Mémoires cassent sans cesse la chronologi­e, brillent de scènes horrifique­s ou drolatique­s, témoignent d’une génération marquée par la question coloniale. Il a été modelé par la période 1945-1950 et par l’année 1956, où il devint communiste. Son rejet de la centralité de l’État et de l’argent est constant tout au long de sa carrière. Il a rompu avec la droite puis avec la gauche. Jean-François Kahn a été mendésiste, communiste jusqu’à la fin de 1958, gaulliste, centriste dur. La légende a déformé, selon lui, les événements de Mai 68. Ses deux journaux, L’Événement du jeudi et Marianne, porteront la trace de ses défauts et de ses qualités : son appétence pour le décalage, le sensationn­alisme, la provocatio­n. Il déplore de plus en

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