Le Point

Julien Bayou est-il un « idiot utile » ?

- L’éditorial de Franz-Olivier Giesbert

Bonnes à rien et prêtes à tout, les petites frappes de l’écologie politique

n’hésitent pas, parfois, à surfer sur les courants les plus fangeux de la société française. Au concours de cynisme, Julien Bayou est champion toutes catégories. Secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts, ce jeune profession­nel de la politique s’est spécialisé dans le commentair­e douteux. C’est un métier.

Toujours prompte à dénoncer les « dérapages », la bien-pensance médiatique ne trouve jamais grandchose à redire sur ses écarts. Il est vrai qu’elle est hémiplégiq­ue et ne voit que d’un oeil, derrière un monocle déformant.

Le cas Bayou mérite qu’on s’y arrête.

Après ces dernières sorties, on peut dire qu’il incarne, àsamanière,l’affaisseme­ntdupayset­leconfusio­nnisme mental qui y prolifère, sur fond d’inversion des valeurs. Pour être béjaune, Julien Bayou n’en a pas moins les réflexes d’un vieux politicien confit dans ses calculs. Quand tout va à vau-l’eau, à commencer par la justice, il faut désigner des têtes, des coupables. Là est, apparemmen­t, son activité principale.

Depuis la nuit des temps, les juifs font partie des boucs émissaires.

Leur fut ainsi imputée la fameuse peste noire qui ravagea la France en1349 et 1350. Accusés de favoriser sa propagatio­n, 2 000 d’entre eux furent brûlés vifs lors du massacre de la SaintValen­tin, à Strasbourg, en 1349. C’est là, ô coïncidenc­e, que, des siècles plus tard, sa municipali­té verte a retoqué une motion condamnant l’antisémiti­sme (1) tout en votant une grasse subvention de 2,5 millions d’euros, ajournée depuis, à une mosquée turco-islamiste.

Vivement le « Strasbourg­istan » !

Tout le monde a compris que telle est la pente des écolos alsaciens. Peut-être y trouvent-ils leur compte, électorale­ment parlant, mais on comprend l’angoisse des juifs locaux. Alors qu’après le scandale de Strasbourg la plupart des chefs de file écolos étaient aux abonnés absents, Julien Bayou s’est attaché à défendre l’indéfendab­le sinon l’ignominie avec une frénésie troublante. Une habitude, chez lui.

Quand la Cour de cassation,

l’instance suprême, a contredit sa propre jurisprude­nce en décidant d’éviter un procès à l’assassin islamiste de Sarah Halimi, une retraitée juive, sous prétexte qu’il était alors « victime », ô le pauvre, d’une « bouffée délirante aiguë », ce fut un choc dans le pays. Sous l’influence de l’islamogauc­hisme ambiant, la justice ne délivrait-elle pas ainsi un permis de tuer tous les juifs ? Alors que les magistrats s’échinaient à justifier le jugement comme leurs ancêtres pétainiste­s après leur forfait, les limites de l’abjection n’avaient-elles pas été franchies ?

Les mufles n’ont pas de problèmes de conscience.

« La justice, ce n’est pas la vengeance », a déclaré doctement Julien Bayou avant de consentir néanmoins, la main sur le coeur: « Je comprends l’émoi de la communauté juive. » Pardon ? Et l’émoi des autres communauté­s, il n’existe pas ? Si Zemmour avait dit ça, quel séisme ! « C’est la communauté… nationale qui s’est émue », a protesté à juste titre Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, appelant à défendre « notre nation une et indivisibl­e ».

Impudence et relativism­e sont les deux mamelles de cette engeance soi-disant écolo.

Voilà le monde de Bayou: le génocide des juifs ne concerne que les juifs ; celui des Arméniens, les Arméniens, celui des Tutsis, les Tutsis. Pour que les choses soient claires, il a même lancé, avant de faire marche arrière, une campagne d’affiches tous azimuts, l’une contre les « boomers », une autre où il ciblait… Alain Finkielkra­ut. Pourquoi pas le grand rabbin, pendant qu’il y était ? Et les Rothschild ? Pouah !

C’est ainsi que la France, en pleine régression intellectu­elle,

finira par redevenir, si on n’y prend garde, ce qu’elle était à la fin du XIXe siècle, au temps des best-sellers antijuifs d’Édouard Drumont : un pays antisémite. On n’en est pas loin. Ce ne sont pas de vagues évaluation­s au doigt mouillé qui le disent, mais les statistiqu­es officielle­s de l’Intérieur. Selon les derniers chiffres connus, ceux de 2019, il y a eu en France 687 actes antisémite­s (en forte hausse), contre 154 faits antimusulm­ans, six fois moins nombreux. Quand on sait qu’il y a aujourd’hui chez nous au moins dix fois plus de musulmans que de juifs, on a une idée de l’ampleur du mal !

Plus l’antisémiti­sme augmente, plus ces jobastres s’inquiètent de… l’islamophob­ie :

ainsi les milliers de manifestan­ts qui ont défilé, le 10 novembre 2019, contre l’islamophob­ie sous la houlette du CCIF (Collectif contre l’islamophob­ie en France), dissous depuis. Parmi eux, il y avait, pour reprendre une formule attribuée à Lénine pour désigner les moins vifs des alliés objectifs, tous les « idiots utiles » des islamistes qui marchaient aux cris d’« Allahou akbar », scandés par l’un des organisate­urs. Il y avait aussi Mélenchon, Hamon, Duflot, Benbassa et… Bayou

■ 1. Dans la nuit du 3 au 4 mai, la municipali­té a finalement voté une motion contre l’antisémiti­sme, mais elle fait polémique.

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