Comment la CIA voit le monde d’après
Le renseignement américain publie un rapport sombre sur l’horizon 2040.
Joe Biden l’a trouvé sur son bureau à son arrivée à la Maison-Blanche. Tous les quatre ans, après chaque élection présidentielle aux États-Unis, le renseignement américain produit un rapport sur l’état du monde et fournit ses prévisions pour les deux décennies à venir. Dans sa version 2009, le rapport avait mis en garde contre une possible épidémie virale qui apparaîtrait en Extrême-Orient et qui se répandrait comme une traînée de poudre à travers la planète.
L’édition 2021, qui vient d’être publiée en français (Éditions des Équateurs), souligne que la pandémie de Covid-19 a causé depuis un an « la plus forte perturbation mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale ». Elle a amplifié et accéléré les effets de bouleversements profonds comme aucune autre génération n’a eu à en affronter en temps de paix : révolution numérique, intelligence artificielle, ingénierie du vivant, réchauffement climatique, dénatalité se conjuguent pour attiser les tensions dans nos sociétés. Ces tendances créent un contexte géopolitique conflictuel et instable avec lequel il va falloir naviguer à vue ces vingt prochaines années.
Le « monde d’après » tant attendu se caractérise par des individus hyperconnectés mais des communautés fracturées, des identités à fleur de peau, des pressions migratoires inédites, un vieillissement accéléré, un endettement inouï, un système international fragmenté, des acteurs privés et étatiques puissants, un enrichissement généralisé mais inégal et, surtout, une mondialisation qui va se poursuivre de manière chaotique et qui va être de plus en plus marquée par la rivalité entre l’Amérique et la Chine. à d’autres technologies, profiteront à presque tous les aspects de la vie : amélioration des soins de santé, transports plus sûrs et plus efficaces, éducation personnalisée, amélioration des logiciels pour les tâches quotidiennes et augmentation du rendement des cultures agricoles. (…) Même si de nombreux développements de l’IA seront disponibles dans le monde entier, les nations ayant les moyens de soutenir, de développer et d’adopter l’IA dès maintenant bénéficient d’avantages disproportionnés. Une adoption généralisée de l’IA, notamment dans le domaine de la guerre, accroît également le risque de mauvaise utilisation intentionnelle ou d’escalade ou d’engagement involontaire. (…)
pour l’influence mondiale devrait atteindre son plus haut niveau depuis la guerre froide. (…) Dans cet environnement mondial plus compétitif, le risque de conflit interétatique est susceptible d’augmenter en raison des progrès technologiques et de l’élargissement du nombre de cibles, de la plus large variété d’acteurs, d’une dynamique de dissuasion plus difficile et de l’affaiblissement des traités et des normes. Les armées des grandes puissances chercheront probablement à éviter les conflits de haute intensité, voire la guerre totale, en raison de leur coût prohibitif en ressources et en vies humaines. Mais le risque d’éclatement de tels conflits à la suite d’une erreur de calcul ou d’un refus de compromis sur des questions fondamentales va probablement augmenter. (…)
Le terrorisme a de l’avenir Les conflits régionaux et intraétatiques, les pressions démographiques, la dégradation de l’environnement et le recul de la démocratie exacerberont les tensions politiques, économiques et sociales. Les terroristes ont longtemps exploité ces griefs pour gagner des partisans et des refuges pour s’organiser, s’entraîner et comploter. (…) Les groupes djihadistes mondiaux sont susceptibles de constituer les plus fortes menaces transnationales persistantes ainsi qu’un danger dans leurs régions d’origine. Ils bénéficient d’une idéologie cohérente qui promet un avenir millénariste, de structures organisationnelles solides et de la capacité d’exploiter de vastes territoires non ou mal gouvernés, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. (…) Les progrès technologiques, notamment l’intelligence artificielle, la biotechnologie et la connectivité des objets, offriront aux terroristes la possibilité de mener des attaques de grande envergure en développant de nouvelles méthodes d’attaque à distance et de collaborer au-delà des frontières. (…)
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