Ecotone passe au vert
Le propriétaire des marques Bjorg, Alter Eco… soigne son image RSE pour conquérir l’Europe.
ÀSaint-Genis-Laval, commune de 20 000 habitants à une quinzaine de kilomètres au sud de Lyon, le bâtiment ne passe pas inaperçu. Avec sa façade couverte d’osier tressé, capable de résister aux aléas climatiques, « la Ruche », comme l’ont baptisée ses occupants, se veut un modèle d’intégration environnementale. L’édifice épouse la pente du terrain : son orientation a ainsi été choisie pour capter un maximum de lumière naturelle. À l’intérieur de ce site de 5 400 mètres carrés, les matériaux et les aménagements ont été conçus pour réduire l’empreinte carbone. Les moquettes sont, par exemple, tissées avec des fils de pêche recyclés, les bureaux sont en bois massif pour éviter l’utilisation de colles. Il est possible de s’y restaurer, faire du sport, se reposer, laisser filer sa créativité, et même faire une halte dans une épicerie bio. Le tout a été pensé par l’architecte d’intérieur Anthony Comte.
Mais cela ne s’arrête pas là. À l’extérieur, la magie continue d’opérer : un jardin potager bio, un verger, une prairie de plantes mellifères, un parking avec bornes de recharge électrique et stationnements pour les vélos. Et des moutons « tondeurs » complètent le tableau ! Bienvenue chez Ecotone, spécialiste européen de l’alimentation bio, avec les marques connues du grand public Allos, Alter Eco, Bjorg, Bonneterre, Clipper, Destination, El Granero, Isola Bio, Kallo, Whole Earth, Zonnatura… et un chiffre d’affaires rondelet de 700 millions d’euros.
C’est ici, en Rhône-Alpes, que cette société d’origine néerlandaise a décidé d’installer son siège social, c’est-à-dire son centre névralgique. Ce nouveau site, ouvert fin 2018 et fréquenté par 400 salariés sur les 1 600 que compte le groupe, fait figure de modèle : il a été le premier à recevoir en Europe la très exigeante certification Well, qui évalue le bien-être des collaborateurs. Et Ecotone peut se vanter également d’avoir rejoint en avril 2021 le cercle des entreprises dites « Great Place to Work », offrant à ses salariés un haut niveau de qualité de vie au travail.
Mais que fait un groupe originaire des Pays-Bas en France ? Pourquoi y avoir déposé ses valises après deux cent cinquante ans de présence à Amsterdam ? « Quelle drôle d’idée », objecteraient même certains détracteurs de notre pays ! Inutile d’aller chercher une explication du côté de la crise sanitaire du Covid. Il ne s’agit pas non plus d’une histoire d’optimisation des coûts de production. Le choix de prendre ses quartiers chez nous, pour accélérer son développement sur le Vieux Continent, est l’aboutissement d’une stratégie mûrement réfléchie. « La France est notre premier marché, explique Christophe Barnouin, directeur général du groupe. Elle génère 60 % de nos revenus. » Une base jugée comme solide puisque les marques Krisprolls, Bjorg, Bonneterre… ont longtemps été gérées depuis Lyon par le visionnaire Régis Pelen, avant que celui-ci ne les cède en 2000 au groupe néerlandais.
Entre-temps, ces produits se sont imposés dans les rayons bio de nos supermarchés, l’entreprise visant désormais une marge de progression estimée à 10 % par an. Ambitieux, certes. Surtout que les géants industriels poussent des coudes pour se faire une place sur le créneau de l’alimentation bio et végétale. Pour maintenir ses positions et surtout grossir, le spécialiste néerlandais peut aussi compter sur les marques qu’il a avalées ces derniers mois, comme l’un des leaders français des plats cuisinés,
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