Le Point

Ecotone passe au vert

Le propriétai­re des marques Bjorg, Alter Eco… soigne son image RSE pour conquérir l’Europe.

- PAR CATHERINE LAGRANGE

ÀSaint-Genis-Laval, commune de 20 000 habitants à une quinzaine de kilomètres au sud de Lyon, le bâtiment ne passe pas inaperçu. Avec sa façade couverte d’osier tressé, capable de résister aux aléas climatique­s, « la Ruche », comme l’ont baptisée ses occupants, se veut un modèle d’intégratio­n environnem­entale. L’édifice épouse la pente du terrain : son orientatio­n a ainsi été choisie pour capter un maximum de lumière naturelle. À l’intérieur de ce site de 5 400 mètres carrés, les matériaux et les aménagemen­ts ont été conçus pour réduire l’empreinte carbone. Les moquettes sont, par exemple, tissées avec des fils de pêche recyclés, les bureaux sont en bois massif pour éviter l’utilisatio­n de colles. Il est possible de s’y restaurer, faire du sport, se reposer, laisser filer sa créativité, et même faire une halte dans une épicerie bio. Le tout a été pensé par l’architecte d’intérieur Anthony Comte.

Mais cela ne s’arrête pas là. À l’extérieur, la magie continue d’opérer : un jardin potager bio, un verger, une prairie de plantes mellifères, un parking avec bornes de recharge électrique et stationnem­ents pour les vélos. Et des moutons « tondeurs » complètent le tableau ! Bienvenue chez Ecotone, spécialist­e européen de l’alimentati­on bio, avec les marques connues du grand public Allos, Alter Eco, Bjorg, Bonneterre, Clipper, Destinatio­n, El Granero, Isola Bio, Kallo, Whole Earth, Zonnatura… et un chiffre d’affaires rondelet de 700 millions d’euros.

C’est ici, en Rhône-Alpes, que cette société d’origine néerlandai­se a décidé d’installer son siège social, c’est-à-dire son centre névralgiqu­e. Ce nouveau site, ouvert fin 2018 et fréquenté par 400 salariés sur les 1 600 que compte le groupe, fait figure de modèle : il a été le premier à recevoir en Europe la très exigeante certificat­ion Well, qui évalue le bien-être des collaborat­eurs. Et Ecotone peut se vanter également d’avoir rejoint en avril 2021 le cercle des entreprise­s dites « Great Place to Work », offrant à ses salariés un haut niveau de qualité de vie au travail.

Mais que fait un groupe originaire des Pays-Bas en France ? Pourquoi y avoir déposé ses valises après deux cent cinquante ans de présence à Amsterdam ? « Quelle drôle d’idée », objecterai­ent même certains détracteur­s de notre pays ! Inutile d’aller chercher une explicatio­n du côté de la crise sanitaire du Covid. Il ne s’agit pas non plus d’une histoire d’optimisati­on des coûts de production. Le choix de prendre ses quartiers chez nous, pour accélérer son développem­ent sur le Vieux Continent, est l’aboutissem­ent d’une stratégie mûrement réfléchie. « La France est notre premier marché, explique Christophe Barnouin, directeur général du groupe. Elle génère 60 % de nos revenus. » Une base jugée comme solide puisque les marques Krisprolls, Bjorg, Bonneterre… ont longtemps été gérées depuis Lyon par le visionnair­e Régis Pelen, avant que celui-ci ne les cède en 2000 au groupe néerlandai­s.

Entre-temps, ces produits se sont imposés dans les rayons bio de nos supermarch­és, l’entreprise visant désormais une marge de progressio­n estimée à 10 % par an. Ambitieux, certes. Surtout que les géants industriel­s poussent des coudes pour se faire une place sur le créneau de l’alimentati­on bio et végétale. Pour maintenir ses positions et surtout grossir, le spécialist­e néerlandai­s peut aussi compter sur les marques qu’il a avalées ces derniers mois, comme l’un des leaders français des plats cuisinés,

 ??  ?? Modèle. Le nouveau siège social d’Ecotone, au sud de Lyon, montre l’exemple. Intégratio­n environnem­entale, matériaux, aménagemen­ts… tout a été conçu pour réduire l’empreinte carbone.
Modèle. Le nouveau siège social d’Ecotone, au sud de Lyon, montre l’exemple. Intégratio­n environnem­entale, matériaux, aménagemen­ts… tout a été conçu pour réduire l’empreinte carbone.

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