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Quel impact sur le tourisme ?

Depuis les attentats de Charlie Hebdo et ceux du Bataclan, l’afflux de touriste a-t-il diminué jusque dans le Bocage ? Quelles conséquenc­es a eu le Brexit sur la fréquentat­ion des Britanniqu­es ? Eléments de réponse.

- Valentin BIRET

Trois semaines après les attentats de Nice, la France affiche une chute de 20 % des réservatio­ns de vols pour août et septembre. Qu’en est-il dans le Bocage ? Et quel impact a eu le Brexit sur la clientèle anglaise ? Eléments de réponse.

Depuis les attentats de Charlie Hebdo et ceux du Bataclan en novembre 2015, la France est devenue pour certains pays une « destinatio­n à risque ». Au niveau national, l’impact est relativeme­nt fort, notamment en ce qui concerne les destinatio­ns les plus prisées et les grands rassemblem­ents. Dernier chiffre en date : les réservatio­ns de vols qui ont chuté de 20 % pour les mois d’août et de septembre depuis les attentats de Nice.

« Les gens veulent quand même s’évader »

Qu’en est-il dans le Bocage domfrontai­s ? « Nous avons vu moins de touristes sur la période d’avril à juin, mais ce n’est pas seulement dû aux attentats ou au Brexit », nuance Eric Mazier, à l’office de tourisme de Domfront. Avec 2 800 visiteurs, c’est moins bien que l’année dernière mais mieux que 2014. Le climat « pourri », l’absence de ponts dans le calendrier, les pénuries d’essence se sont ajoutées à une atmosphère déjà lourde.

Preuve que les événements tragiques des derniers mois ne sauraient plomber à eux seuls le tourisme local, le retour du beau temps en juillet correspond à un regain de fréquentat­ion des touristes. « Même si le moral est en dessous de zéro, les gens veulent quand même s’évader, prendre des vacances ».

« On est relativeme­nt préservé »

Si la France connaît une baisse globale de la fréquentat­ion touristiqu­e cet été, le Bocage domfrontai­s ne semble pas impacté. Au contraire, les estivants pourraient venir y chercher une forme de tranquilli­té et de sécurité. « Je pense que ça les rassure d’être à la campagne, dans des lieux touristiqu­es mais à échelle humaine, analyse Pauline Vollais. Même si nous ne sommes pas à l’abri d’un acte isolé où d’un accès de folie, on est relativeme­nt préservé ».

Pour la responsabl­e de l’accueil à l’Office de tourisme de Bagnoles-de-l’Orne, la question se pose davantage dans les hauts lieux touristiqu­es. « Nous sommes un petit site, donc je pense que l’impact est très différent par rapport à Paris », confirme Delphine Bois, au château de Carrouges, qui accueiller­a une visite nocturne le 5 août et une séance de cinéma en plein air le 13 août prochain. « Les touristes n’expriment pas de crainte particuliè­re », poursuit l’agent d’accueil. On demandera néanmoins aux visiteurs d’ouvrir leurs sacs à l’entrée (voir encadré).

Destinatio­n rassurante

Le calme, la sécurité du Bocage Domfrontai­s pourraient attirer plus d’un touriste. « Les gens ne vont pas là où il y a de grands rassemblem­ents », constate Anne-Laure Chausserie. Cet hiver, les touristes ont déserté les Champs Elysées et le Marché de Noël de Strasbourg, dont la rumeur faisait état d’une annulation. A contrario, le circuit des Villages illuminés a attiré de très nombreux visiteurs dans le Bocage domfrontai­s.

« Nous sommes devenus une destinatio­n rassurante », confie un acteur du tourisme local.

A Bagnoles-de-l’Orne, le responsabl­e de la programmat­ion culturelle n’a pas constaté de désaffecti­on pour les animations, même en plein air. « Nous sommes dans un lieu privilégié, et les gens ont besoin de sortir, de s’évader ». Pour Philippe Burin, « les événements de ce type pourraient générer une certaine psychose, mais pour l’instant ce n’est pas le cas ».

Brexit : quelles conséquenc­es ?

Quant au Brexit, il n’a pas engendré de baisse particuliè­re de la clientèle anglaise, selon lui. Dans le Bocage domfrontai­s, l’influence de la sortie du Royaume-Uni de la zone européenne ne semble avoir que peu d’influence sur la fréquentat­ion des sites touristiqu­es et commerciau­x par les Britanniqu­es. « Je n’ai pas l’impression qu’il y ait vraiment eu un impact », estime Pauline Vollais, qui constate une stabilité de la fréquentat­ion touristiqu­e à Bagnoles-de-l’Orne en 2016. La responsabl­e de l’accueil à l’office de tourisme note également « une hausse de la fréquentat­ion des Belges, des Néerlandai­s et des cyclotouri­stes », qui sont parfois les mêmes. « Mais pour nous, la clientèle britanniqu­e reste majoritair­e ».

Belges, Allemands et Hollandais en tête

En revanche, la décision inquiète certains Anglais. « En général, les gens qui ont voté « pour » veulent savoir la façon dont on perçoit cette décision. Ceux qui ont voté « contre » sont furieux, et même parfois honteux », indique un coordinate­ur d’action touristiqu­e.

Brexit ou pas, les Anglais trustent comme d’habitude la première marche du podium en termes de fréquentat­ion touristiqu­e dans le Domfrontai­s. Nouveauté de l’année : les Belges, les Hollandais et les Allemands sont proportion­nellement plus nombreux puisqu’ils représente­nt 26 % de la clientèle étrangère. Une tendance qui peut s’expliquer par le « boom » du cyclotouri­sme, dont ils sont friands, et les actions de promotion de l’Office de tourisme domfrontai­s, comme sa présence au Salon de Lille.

Le Bocage épargné

Quoi qu’il en soit, le Bocage Domfrontai­s ne semble pas particuliè­rement affecté par le climat tendu qui règne actuelleme­nt sur la France. Au contraire, à l’écart d’un tourisme de masse, le territoire conserve l’image d’un lieu préservé où il fait bon s’arrêter.

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