902. On peut pas aveu d’peutiots
C’est bin histouère de bavasseu un p’tit qua
- Dis, Victor, ça feut toués z’ans qu’on n’est marieus et on n’a toujous pas d’peutiots !
- Dis, la mére, ça n’tient qu’a té.
- Faureut qu’on va vé l’cureu. C’est point normal.
- T’as vu Victor, l’cureu i t’a dit d’alleu meutte un cieurge à la vieurge de Saint Rô.
- Eh bin tu vés, ça qua feut. Nous v’là aveucque quate peutiots à c’t’heure. Et j’eu core le d’vantia haut. J’pourreus core bin en n’attende p’t’éte pas toués d’un coup, mais sûr’ment pus d’deux ! Ça va feure six ou seupt, c’est t-i pas bin n’asseu ?
- Non, faut des galoupiots à la meuson pour m’aindeu. J’seus pas si solide que tu l’creus !
- Dis-don Victor, à l’âge que t’es, tu vas quand mîn-me pas m’dire que t’es deujà useu ! Ma j’creus qu’t’as eune queue d’veuche dans la main ! Eurtourne vé la vieurge de Saint Rô et de c’te coup euteintdon l’cieurge. On n’n’a pus b’souin !
- Victor, voilà trois ans que nous sommes mariés et nous n’avons toujours pas d’enfants. - Dis Marie, c’est ton affaire. - Il faudrait aller voir le curé. Ce n’est pas normal.
- Tu vois, le curé il t’a dit de mettre un cierge à la vierge de Saint Roch.
- Tu vois, nous voilà avec quatre enfants à présent. Et je suis encore enceinte. Cette fois, je ne vais peut-être pas avoir trois petits d’un coup, mais certainement plus de deux ! Cela va faire beaucoup.
- Non, il nous faut le plus d’enfants possible pour faire le travail. Je suis fatigué.
- Dis Victor, je crois que tu es surtout fainéant. Va donc éteindre le cierge que tu as mis à la vierge, nous n’en avons plus besoin.