FO craint un attentat à Condé
Le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe a fait l’objet d’une opération antiterrorisme, cinq jours avant le drame de SaintÉtienne-du-Rouvray.
Les détenus au Centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe ne relèvent pas du menu fretin. Il s’agit même de gros poissons du banditisme corse, basque… et du terrorisme islamiste, comme l’auteur d’un attentat dans le RER de Paris, en 1995.
Le syndicat Force ouvrière tire la sonnette d’alarme et parle de « risques d’attentats terroristes : la folie n’épargne pas les établissements pénitentiaires. Nombreux ont été les signalements, depuis des années. Nombreuses ont été les alertes vers la hiérarchie… Nous avons toutes les raisons de penser et de craindre que demain un personnel de l’administration pénitentiaire vienne augmenter la longue liste des victimes d’actes terroristes ».
Soupçons d’explosifs
Jeudi 21 juillet à 5 h, le Centre pénitentiaire de Condé a été le théâtre d’une « opération antiterrorisme qui visait directement les personnels de surveillance de l’établissement. Le professionnalisme de ceux-ci, tout corps et grades confondus, avec le soutien des forces de police, cynotechnique et déminage, a permis d’éviter le pire ».
Plusieurs détenus radicalisés étaient soupçonnés de détenir de l’explosif et de vouloir se faire exploser dans l’établissement en faisant le maximum de victimes chez les surveillants. Lors de ces fouilles, des armes artisanales et un plan manuscrit de la prison ont notamment été trouvés.
Un chien détenteur d’explosifs a marqué le pas à deux reprises… Malgré l’intervention des démineurs, rien n’a été trouvé. Un second chien n’a pas fait mieux.
Pains non détectés
Officiellement, cette fouille n’a rien donné en matière d’explosifs. Or, les portiques de détection ne peuvent détecter que les objets métalliques, pas les pains d’explosifs que peuvent leur apporter leurs visiteurs, au parloir. « Comme il n’y a plus de fouilles systématiques, après les parloirs beaucoup de choses rentrent, comme des couteaux en céramique… », s’interroge un délégué FO.
Au lendemain de cette opération, deux des détenus visés ont été transférés en d’autres lieux. L’un d’eux, bien radicalisé, avait, toujours selon FO, instauré une forme d’impôt auprès de ses collègues détenus : « il fallait payer ou se convertir ».
Des cibles
Pour FO, « il n’est aujourd’hui pas possible de ne pas craindre que demain un détenu puisse répondre à l’appel de ces fous de Dieu et égorger ou se faire exploser avec un personnel au sein même d’une prison. L’administration pénitentiaire et nos politiques se doivent de réagir et prendre des mesures en urgence.
En aucun cas, un surveillant ne doit se trouver seul avec un détenu ou un groupe de détenus. Des fonds supplémentaires doivent être débloqués pour faire appel à la réserve pénitentiaire. Des mesures doivent aussi être prises pour limiter les mouvements et activités ; il doit être possible de supprimer ou limiter des activités ou mouvement en cas d’un nombre de personnel insuffisant pour assurer la sécurité de l’établissement.
Enfin, et sans plus attendre, placer à l’isolement ou en régime contraint les détenus ciblés radicalisés ou ayant des troubles psychiatriques. Les personnels pénitentiaires sont des cibles et des mesures doivent être prises rapidement ».
« On saura dénoncer »
FO met la pression et « saura dénoncer les responsables si un établissement devait être le théâtre d’un acte de barbarie terroriste, si nos alertes étaient encore ignorées ».
Et conclut : « des personnels en souffrance n’ont pas vu de médecin de prévention depuis des lustres, n’effectuent pas de formation de self-défense, montent au mirador sans suivre régulièrement de formation de tir… Et, concernant la sécurité des établissements et des personnels, toujours pas de brouilleurs de portables ».
Des personnels extrêmement stressés : « quand je pars au boulot, je me demande si je vais revoir mes enfants », confie l’un d’eux. Qui ne souhaite pas en dire davantage.