Le Publicateur Libre

Michel a photograph­ié l’été 1944

Le Gorronnais Michel Béchet a vécu la libération de Gorron en 1944. Il a pu prendre des photos qui constituen­t aujourd’hui un témoignage unique sur cette période de l’histoire. 72 ans après les faits quasiment jour pour jour, il raconte.

- Guillaume Jeanne À noter : toutes les photos sont tirées du livre L’attente Overlord aux éditions Résiac de Montsûrs. De nombreux autres clichés sont disponible­s dans cet ouvrage.

« Tout a commencé dans les années 30 », se souvient Michel Béchet. « Je me rappelle bien de cette période-là où on vivait, à Gorron, les événements internatio­naux ».

Retarder la guerre

« De 1930 à 1938, à Gorron, il y avait environ 6 ou 7 voitures, pas plus, seuls les médecins en avaient. Il n’y avait pas l’électricit­é, pas le téléphone non plus. On vivait une période d’inssoucian­ce jusqu’au moment où la réalité de l’histoire a commencé à nous rattraper. Un certain Adolf Hitler a pris le pouvoir en Allemagne ». Au début, il ne représenta­it pas une menace, mais, à partir de 1936, « on sentait qu’un danger se renforçait ». Hitler annexait l’Autriche, puis les Sudètes. « Édouard Daladier s’était déplacé en Allemagne. On en parlait à Gorron ». Le président du conseil s’était déplacé pour les accords de Munich en 1938. « À son retour, il n’était pas vraiment content de lui car il pensait qu’une guerre était imminente, qu’il avait seulement réussi à la retarder ».

La Kommandant­ur

L’intuition, malheureus­ement, se vérifia. En effet, le 1er septembre 1939, la guerre éclate. Elle atteint la France à partir du 10 mai 1940. Michel Béchet vit tous les événements de l’intérieur, pendant l’occupation. « On avait peur des Allemands et encore plus des SS. Ils ne savaient dire qu’une chose : « papiere », et si on n’avait pas les papiers, on pouvait être emmené à la Kommandant­ur, qui était installée rue Magenta ». 4 ans plus tard, à partir de juin 1944, équipé de son appareil photo, Michel Béchet prend des clichés de cette époque, créant des documents photograph­iques d’exception.

« Lorsque le débarqueme­nt du 6 juin a eu lieu, le système allemand s’est désorganis­é », indique Michel Béchet. Entre la période de juin et août, les blessés allemands étaient très nombreux, encore plus nombreux que les blessés américains. « Un hôpital allemand avait même été improvisé dans la mairie ». Michel Bechet y verra de nombreuses horreurs. « Les Allemands y étaient soignés, mais les blessés étaient dans un tel état que beaucoup ne reviendron­t pas ». C’est dans cette ambiance extrêmemen­t sombre, la plus sombre de toute la guerre à Gorron, qu’il est décidé de créer deux cimetières, au début provisoire­s.

Les mois d’été 1944 seront très difficiles. Les Allemands, en déroute, s’enfuient. Gorron sera libérée de cette façon-là à 17 h le 5 août. Il n’y aura pas de bataille. D’autres endroits auront été plus durement touchés, notamment Mortain, qui sera prise et reprise entre Allemands et Américains 7 fois. Là-bas, la division SS Das Reich est présente. C’est la terrible division qui a fait le massacre d’Oradour-sur-Glane. Des membres de la division Das Reich se replieront sur Gorron, impossible de savoir lesquels précisémen­t.

Par la suite, au 1er septembre 1944, Michel Bechet s’engage dans l’armée régulière. Il quittera Gorron et ne pourra plus prendre de photos des événements. Il fera plusieurs stages, même chez les commandos. Il y restera trois ans. En 1948, il assiste aux premières cérémonies de commémorat­ions après la guerre, sur le site militaire américain.

En 1948

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 ??  ?? L’hôpital allié, qui a remplacé l’hôpital allemand dans la mairie, et dans l’urgence, en plein été 1944 (Crédit : Édition Résiac). En haut, le cimetière allemand, installé à l’intérieur de la ville. En bas, l’une des premières Jeeps de libération,...
L’hôpital allié, qui a remplacé l’hôpital allemand dans la mairie, et dans l’urgence, en plein été 1944 (Crédit : Édition Résiac). En haut, le cimetière allemand, installé à l’intérieur de la ville. En bas, l’une des premières Jeeps de libération,...
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 ??  ?? Michel Béchet, Gorronnais.
Michel Béchet, Gorronnais.

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