Bernard Soul dénonce un silence coupable
Le maire de Domfront-enPoiraie, Bernard Soul réagit aux propos de Christian Derouet sur les fonds saoudiens obtenus pour financer le réaménagement de l’ancien presbytère de sa commune (PL du 28 juillet). Le ton est grave. « Je refuse de cautionner le silence constaté dans la presse écrite suite aux articles parus et pour moi : qui ne dit mot, consent ». Il livre sa « réflexion de circonstance ». « Au matin du 14 juillet 2016, jour de liesse nationale et d’insouciance, l’argent venu de l’étranger n’a que le goût de l’audace, de l’ignorance de ses origines, de l’effet d’annonce, mais très souvent l’odeur du pétrole et quelque fois du sang saoudien (argent servant aussi à divers financements plus ou moins occultes de certains groupes djihadistes). Nous pouvons jusqu’ici considérer qu’il puisse s’agir d’une simple allégeance à une monarchie, laquelle, ne l’oublions pas, n’hésite pas à couper les têtes en place publique et à distribuer des coups de fouet à une femme parce qu’elle a été violée, mais qui, il est vrai, vient de recevoir discrètement la légion d’honneur du chef de l’Etat. Cependant, pouvons-nous d’un côté critiquer nos représentants de l’Etat et de l’autre côté accepter de l’argent de cette monarchie ? Il est permis de se poser certaines questions ».
Bernard Soul ne veut pas s’ingérer dans les gestions communales locales qui, face aux baisses de dotations nationales « cherchent par tous moyens des solutions plus ou moins louables en cette époque difficile obsédée par l’argent ».
Il ne juge pas non plus mais s’interroge au lendemain des attentats parisiens dont le Bataclan le 15 juillet 2016. « La France est légitime quand elle défend la démocratie, la liberté, la laïcité. Ne doitelle pas mettre de l’ordre dans ses rangs, choisir son camp en valorisant les gouvernements démocratiques qui fonctionnent sur nos valeurs communes et ce, en interdisant les financements étrangers d’origine entre autres du Qatar et d’Arabie Saoudite ? Elle se doit de mener un vrai combat sans succomber à l’amalgame, défendre ses valeurs, ne rien concéder, sinon ce qui a fait sa force sera détruit. Elle ne doit pas vendre son âme pour du pétrole, du business ou de l’argent ».
Au lendemain de ce 14 juillet et en mémoire des 85 morts, 435 blessés, le premier édile s’attendait à des changements « à une révision de nos méthodes, de nos réflexions et de nos certitudes. Est-il convenable de persister en certains choix et attitudes sans risquer un manque de respect flagrant à la souffrance de nos concitoyens ? Je m’interroge à la lecture de telles attitudes quant à notre devenir républicain dans la tourmente qui s’annonce, et à laquelle nous allons devoir, nous, élus de proximité et nationaux, répondre de façon claire aux côtés de nos populations, à un moment où nous allons devoir rendre des comptes, sans succomber aux risques de guerre civile où veulent nous pousser les terroristes », avant d’évoquer la mort du prêtre mardi matin, 26 juillet à Saint-Etienne-duRouvray : « Terroristes pour qui l’horreur n’a pas de limites où, après les chrétiens d’Orient, c’est l’Eglise catholique de France qui est à son tour la victime, dans un de ses lieux de culte, de la barbarie aveugle et sauvage ».
« La France ne doit-elle pas choisir son camp ? » « Il est temps de s’insurger face à cette intolérable démagogie »
Depuis, il s’attendait à des réactions dans les médias la semaine dernière aux propos de Christian Derouet. En vain.
« Un tel silence m’amène à penser qu’il est temps de s’insurger face à cette intolérable démagogie, la même capable de professer d’insupportables leçons de morale et de transparence. Le respect, l’écoute, l’humilité et la défense de toutes nos valeurs républicaines doivent être portées et défendues par tous nos élus à quelque niveau que ce soit. Ce que je doute face à ce silence. Nous savons « que l’argent n’a pas d’odeur ». Il a désormais une couleur, celui « du sang de nos nombreuses innocentes victimes ».