Des producteurs laitiers s’enchaînent à Lactalis
Quatre responsables de la FDSEA et des JA de l’Orne se sont enchaînés « symboliquement » aux grilles de la Société fromagère de Domfront afin de dénoncer la situation critique de la production laitière.
Répondant à l’appel lancé par la FDSEA* et Jeunes agriculteurs de l’Orne, une quarantaine de responsables cantonaux des deux syndicats et de la production laitière se sont retrouvés sur le site de la Société fromagère de Domfront appartenant au groupe Lactalis, mercredi 3 août, à 21 h.
Un symbole fort
Après un entretien avec les dirigeants de l’usine, quatre d’entre eux se sont enchaînés « symboliquement » aux grilles de l’usine pour dénoncer la situation critique que vivent les producteurs laitiers depuis de nombreux mois, et la position « inacceptable » de plusieurs transformateurs laitiers. « Nous ne pouvons plus tolérer l’attitude de certains groupes laitiers de se servir des éleveurs comme variable d’ajustement d’une politique mettant en péril l’ensemble d’une filière, martèlent Anne-Marie Denis et Alexis Graindorge, les deux responsables syndicaux de la FDSEA et des JA de l’Orne. Les agriculteurs ont de plus en plus de mal à faire face aux charges, le prix du lait étant insuffisamment rémunéré. Lactalis est la laiterie qui paie le moins par rapport aux autres laiteries autour de 250 € les 1 000 litres contre 300 € les 1 000 litres pour des entreprises de tailles plus modestes. Nous réclamons davantage de transparence de leurs marges ».
Les agriculteurs en ont assez de ces prix qui couvrent à peine leurs charges. « Nous manifestons pour alerter les populations du mal-être des agriculteurs et aussi les consommateurs qui doivent savoir que le beurre ou la crème Président n’est pas fait uniquement avec du lait français », affirme Alexis Graindorge.
« On est resté sur notre faim »
Après 1h15 de discussion avec deux membres de la direction de la Société fromagère de Domfront, Anne-Marie Denis et Alexis Graindorge, accompagnés de deux responsables cantonaux, sont revenus vers les agriculteurs
qui attendaient devant les grilles
de l’usine. « L’entretien s’est bien passé mais on est resté sur notre faim. Ils nous ont dit qu’ils n’étaient pas en mesure de donner des décisions ou des orientations, que leurs charges étaient importantes. Nous aussi, nous avons des charges importantes qui ne nous permettent pas les mises aux normes. D’autres sujets ont été également évoqués comme le prix du lait et l’échéance des contrats entre les éleveurs et la laiterie… »,
relatent-ils avant de formuler un voeu : « Aujourd’hui, les cours internationaux partent à la hausse. On espère une augmentation en fin d’année ».
Des actions à venir
Désormais, les syndicats attendent beaucoup des rencontres entre toutes les laiteries, les organisations de producteurs et conseils d’administrations des coopératives prévues fin août, début septembre. « Après on verra. Si les négociations ne tiennent pas leurs promesses, d’autres actions pourraient voir le jour prochainement. Lactalis n’est que le premier dans l’ordre de marche », précisent les deux représentants syndicaux qui appréhendent également la Loi Sapin 2 en fin d’année. « On a peur que les laiteries fassent du lobbying ».