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En patois et en calèche, Serge Mauny balade les touristes

A un rythme pépère d’une « 2 CV de deux tonnes », la balade en calèche, racontée par l’Amborivera­in Serge Mauny, permet de poser le regard sur Ambrières et sa vallée. Un voyage très original, riche en bonnes surprises.

- Balade en calèche tous les jeudis jusqu’au 25 août. Réservatio­n conseillée à l’office de tourisme du Bocage Mayennais, site d’Ambrières, au 02.43.08.48.30.

Départ. Au départ de l’Office de tourisme du Bocage mayennais, on fait connaissan­ce avec Serge Mauny. C’est le cocher à la stature de pilier de rugby qui fera aussi fonction de guide. Il présente ses deux percherons, Quiscool et Quiva. Deux belles bêtes qu’une passagère connaisseu­se évalue à pas loin de 1 000 kg chacune. « 2,180 kg (donc deux tonnes) exactement pour la jument et le mâle castré, 1,78 m au garrot. Ils ont 12 ans », précise Serge Mauny.

Une douzaine de personnes

La douzaine de touristes est d’origines diverses : de Perseigne en banlieue Alençonnai­se à un havre de paix ariégeois en passant par Rouen, Ambrières, Oisseau ou Montreuil-Poulay. Des papis-mamies, des enfants, des agriculteu­rs, une maman et ses trois enfants, un salarié d’EDF, un correspond­ant de presse… Il ne manquait que les jeunes mariés en voyage de noce !

La Varenne. La calèche se met en branle, au pas tranquille des chevaux. Effet Quiscool ? Les automobili­stes prennent la suite. Pas un qui songe à doubler l’équipage pépère qui part en balade. Le long de la Varenne, Serge Mauny indique où se trouvait le tout premier camping municipal. On devine les emplacemen­ts en bord de rive, sous les saules, là où un pêcheur a étendu sa panoplie, déplié son épuisette, au cas où, en guettant le moindre mouvement de flotteur. Le circuit passe par l’ancienne gare, aussi faut-il faire remonter la calèche. Serge encourage ses bêtes de vigoureux « ohé, allez, viva » comme s’il était fâché.

Le train. Quiscool et Quiva, le connaissen­t trop bien et savent que leur allure choisie suffira largement. Il finira par leur lâcher : « C’est bien ma fifille ». Le goudron a fondu sous l’effet d’une rare vague de chaleur. Après l’effort de la côte, Quiscool répand de jolis crottins. Serge, se retourne en complice pour affirmer que ce n’est pas sale. On passe devant l’ancienne gare d’Ambrières qui a vu le dernier train de marchandis­es en 1978. La gare est devenue une habitation pour un autre train-train. L’église Notre-Dame de la Varenne n’a pas l’habitude de voir passer aussi étrange équipage. Puis nous voilà déjà devant la maison du garde-barrière. À l’époque de la fin du chemin de fer de campagne, l’Office de tourisme d’Ambrières et le Conseil général ont choisi de conserver les lieux en l’état. Grâce à cet acte, la voie verte, le Vélorail de Saint-Loup à Ambrières et la Vélofrance­tte ont pu exister.

Le poète rugbyman. Tandis que Quiscool et Quiva transporte­nt les touristes du jour de leur pas tranquille, Serge évoque sous une voûte de chênes et d’acacias, le florilège de parfums et les nuées d’abeilles.

Un poète, ce rugbyman qui tout à coup interroge à la volée : « vous connaissez le patois mayennais ? Sans attendre de réponses, il enchaîne : c’est un poème patoisant sur le remembreme­nt : le vieux près du Bois Richard ». Les adultes sont tout ouïes, les enfants se sont endormis. Facétieux Serge Mauny ajoute : « une carriole sur la route, c’est comme un aquarium dans une maison : c’est pour purifier le temps ! » Des vacanciers prennent des photos.

Le verger. L’équipage prend le chemin du retour. Serge recommence à faire découvrir sa ville. La Varenne change de niveau : « Voyez le déversoir, c’est l’endroit préféré des kayakistes. Au bord de l’eau, ces arbres fruitiers que vous apercevez constituen­t un verger conservato­ire de vieilles variétés de poires et de pommes à cidre. C’est la commune qui est à l’origine de cette initiative ». Tout làhaut - toutes les têtes se lèvent vers l’hôtel de ville - le bâtiment en bord de falaise, c’est la mairie d’Ambrières. Sa constructi­on première est due à Guillaume le Conquérant dans sa conquête du royaume de France. Sa statue a été sculptée cette année dans le tronc d’un hêtre centenaire par l’artiste sculpteur ébéniste Alain Legros de Lassay-les-Châteaux. Non content d’être un excellent guide, Serge Mauny se révèle être aussi un véritable livre d’histoire locale, qui vous emmène pour une visite passionnan­te et passionnée dans les rues d’Ambrières.

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