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Un réfugié Syrien témoigne de son parcours

Jeudi 4 août, dans le cadre des Rendez-vous du lac, le Pére Guy Lemormand recevait Claude Zerez, réfugié chrétien Syrien, pour raconter son histoire d’exilé, sous surveillan­ce de la gendarmeri­e et de la police municipale.

- Prochaine conférence rendez-vous du lac le jeudi 11 août Voyage rencontre avec les militants d’éducation populaire en Palestine par Jacqueline Butaye.

Originaire d’Alep en Syrie, Claude Zerez a quitté son pays pour venir se réfugier en France comme des millions de compatriot­es. Empêtré dans une guerre civile, il a été contraint de fuir la Syrie où sa famille a déjà payé un lourd tribut. Ce sexagénair­e au français parfait a évoqué devant une salle bien remplie ses épreuves que ses proches ont traversés et qui fut le déclic de leurs prises de conscience­s en octobre 2012.

Claude Zerez était professeur d’université mais aussi guide conférenci­er pour les pèlerins sur les pas de Saint-Paul dans la cité antique « Oui je suis Syrien, je suis arabe, mais je ne suis pas musulman, je suis chrétien mais je ne suis pas catholique » tenait a préciser Claude pour ne pas faire d’amalgame.

Leur fille Pascale, âgée de 18 ans était mariée depuis à peine deux mois quand elle a croisé la route d’une bande armée rebelle. Elle a été sauvagemen­t assassinée « Parce qu’elle était chrétienne, comme nous tous, elle a été arrêtée un soir alors qu’elle venait chercher des affaires à la maison, ils l’ont mal traité, jeté à terre et assassiné. Par miracle, j’ai pu récupérer son corps pour l’enterrer près de chez nous. Ma mère a été tuée lors d’un bombardeme­nt et mon père est décédé faute de médicament­s » raconte Claude en illustrant ses propos à travers des photos insoutenab­les, d’autres corps, des membres découpés comme un boucher. Après la mort de Pascale, Claude a rejoint un comité de réconcilia­tion où il conseille des familles. Les intégriste­s ont vu cet engagement comme une attaque. Des connaissan­ces françaises rencontrée­s lors des visites touristiqu­es lui conseillen­t de fuir son pays. « Ce qui nous a incités à partir, c’est le sort réservé à mes deux fils de 21 et 23 ans. Il devait passer par le service militaire où, on le sait, les jeunes sont destinés à mourir, soit à cause de la trahison des officiers de l’armée régulière qui passent d’un camp à l’autre, soit par des milices islamiques. C’est pour sauver nos deux garçons que nous sommes partis » a souligné le conférenci­er.

Pour quitter son pays Claude a du s’employer dans des démarches administra­tives durant une année. Un parcours du combattant avant d’obtenir le précieux sésame pour la France. Pendant ce temps-là avec sa famille, ils vivaient en permanence dans la peur « l’un de mes fils a échappé à deux balles qui sont passées tout près de sa tête. On ne pouvait plus sortir de la maison, le quartier était bombardé, donc il était impensable de rester ». Les visas en poche, la famille a dû tout laisser derrière elle « Tant pis, on a dû laisser nos quatre maisons, on s’est fait dérober nos voitures par des milices pro-Bachar. Bien sûr nous avons beaucoup perdu, mais ce n’est rien à côté de la perte de ma fille. Les maisons, les églises, ça se reconstrui­t, mais on ne peut pas faire revenir les êtres chers. La reconstruc­tion de l’humain doit passer avant toute chose » a lancé Claude. Après avoir obtenu les visas touristiqu­es auprès de l’ambassade de France au Liban, la famille a pris l’avion en direction de Paris en janvier 2014. « Nous serons éternellem­ent reconnaiss­ants envers la France, notre nouvelle patrie ! » ditil ému.

Aujourd’hui, au-delà des conférence­s qu’il donne régulièrem­ent, Claude a pour mission d’aider les réfugiés qui arrivent en France. « Je les aide bénévoleme­nt aux côtés des associatio­ns pour traduire les documents dont ils peuvent avoir besoin pour obtenir des papiers. Je veux aussi les aider à aimer le pays qui va les accueillir et s’intégrer, car la France est un pays hospitalie­r, liberté, égalité et fraternité. En aucun cas il ne faut imposer nos traditions ni nos défauts. La corruption est monnaie courante en Syrie, il faut l’oublier » dit-il. Mais ce qu’il souhaite de tout coeur c’est la fin de la guerre dans son pays « Il faut que le dialogue reprenne, respecter les minorités comme les chrétiens qui sont installés dans ce pays depuis des siècles, c’est la souche du christiani­sme » a conclu Claude Zerez.

« Ils l’ont assassiné » Fuir pour sauver sa famille La France, pays hospitalie­r

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Claude Zerez se tient devant la photo de sa défunte fille assassinée par des rebelles Syriens.
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Une conférence placée sous la surveillan­ce de la gendarmeri­e et de la police municipale.

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