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Il voulait tuer sa famille

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Jugé en comparutio­n immédiate mardi, un homme de 35 ans a été condamné par le tribunal correction­nel d’Argentan à 10 mois de prison dont huit mois avec sursis et mise à l’épreuve durant 36 mois avec notamment obligation de soins. Il avait agressé et blessé son ex-conjointe avec un grand couteau de cuisine.

Les faits se sont déroulés lundi 5 septembre peu après 7 h. La victime, ex-conjointe et mère de leurs deux enfants âgés de 7 ans et 23 mois venait de sortir de la maison afin de fumer une cigarette.

«J’ai senti comme une piqûre »

« Il m’a sauté dessus, il m’a mis un coup dans le ventre, j’ai senti comme une piqûre » raconte la victime en larmes au tribunal. « Il m’a allongée au sol et a voulu m’étrangler… Il m’a dit qu’il voulait me tuer. J’ai trouvé toutes les excuses nécessaire­s pour qu’il puisse me lâcher, j’ai cru que j’allais y rester ». Elle continue « j’ai eu de la chance qu’il ne m’accompagne pas à l’école emmener mon fils sinon je ne m’en serais pas sortie ». Traumatisé­e, elle demande au tribunal qu’il ne s’approche plus d’elle et des enfants.

« Je voulais emmener tout le monde »

Le prévenu a été interpellé vers 8 h 30 au domicile de la victime. Il attendait son ex-compagne dehors, « j’ai eu peur qu’il me tue à nouveau, il y avait un deuxième couteau, j’ai eu le réflexe d’entrer dans la maison car je savais qu’il y avait la police sinon il aurait fini le boulot… ».

Lors de son audition, il a précisé qu’il voulait étouffer la mère en premier, les enfants ensuite et se pendre après. A la question du « pourquoi ? » posé par le tribunal, il a expliqué « si je pars, je sais que mes enfants auront de la peine et ça, je ne veux pas. Et la mère aurait eu de la peine d’avoir perdu ses enfants… je voulais emmener tout le monde pour ne pas qu’ils souffrent ».

Profil psychologi­que

Selon ses dires, il voulait « juste la blesser avec le couteau pour la maîtriser et discuter avec elle avant de la tuer ». Il y pensait depuis le jeudi précédent. « Je me suis arrêté, j’ai pris conscience que je faisais n’importe quoi quand elle a crié Arrête ! Arrête !… J’ai pris deux secondes et je me suis calmé ».

L’expertise psychiatri­que fait état d’un trouble psychologi­que de nature dépressive ; d’un projet morbide ébauché de suicide précédé d’homicide qui s’apparente au « suicide accompagné » ou « suicide élargi » ; d’une fragilité psychique réelle ; d’un discerneme­nt profondéme­nt altéré… qui relève d’une hospitalis­ation.

« Je suis dépressif » a déclaré le prévenu au tribunal. « Quand elle a ouvert la porte, je regrettais déjà ce que je faisais comme quand j’ai fait plusieurs tentatives de suicide ».

Dossier « extrêmemen­t violent »

« Ce dossier est extrêmemen­t violent, moralement et physiqueme­nt. Sur le plan pénal, il a été question du caractère criminel lors de la garde à vue » a déclaré Hugues de Phily, procureur de la République. « Il n’y a pas de tentative de meurtre car il a stoppé son geste de sa propre initiative, il a décidé de ne pas le faire. Qu’avait-il en tête ? Votre tribunal a fait le choix de mélanger institutio­n des faits et personnali­té du prévenu. Il vous est demandé de juger un acte, un aspect lié à la maladie certes mais les faits sont extrêmemen­t violents. Il dit « j’ai fait des conneries mais je suis dépressif ». On dit ça devant un psychiatre mais pas devant un tribunal ! ». Pour le ministère public, « il n’y a pas que du psychiatri­que dans ce dossier, il n’y a pas qu’un malheureux dépressif, il y a surtout un homme très violent depuis longtemps qui est venu faire peur à sa victime et qui a réussi ».

Peine de prison

Le tribunal a suivi les réquisitio­ns du ministère public. Poursuivi pour violence aggravée par deux circonstan­ces, suivie d’incapacité de deux jours et menace de mort, Eric H. a été condamné à 10 mois de prison dont huit mois avec sursis et mise à l’épreuve durant 36 mois avec obligation de soins notamment pour la dépression ; interdicti­on de rencontrer la victime et les enfants et obligation d’indemniser les victimes.

Il devra verser 1 500 € à son ex-conjointe et 500 € pour son fils. Les scellés ont été confisqués. Il a aussitôt été incarcéré.

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