Incident en marge du spectacle
Samedi soir, beaucoup de monde attendait ce moment : le spectacle « La fin du monde est pour dimanche » avec François Morel, un humoriste originaire de Flers. En témoigne la file d’attente sur place bien avant l’heure prévue.
Il faut dire que l’artiste fait mouche, avec l’analyse de ses personnages, ballottés entre les regrets, angoisses, folies, rêves et petits bonheurs de leur quotidien, un reflet réaliste de la vie de chacun, en somme. Il était donc à prévoir que l’auditorium ferait salle comble, ce qui fut le cas, mais…
Les élus hués
En entrant dans la salle, le public a constaté qu’environ 70 sièges sur les 336 disponibles étaient réservés aux élus locaux. Des interrogations et le mécontentement associé se sont clairement fait entendre à l’entrée des élus, qui s’est effectuée sous les sifflements et les huées, avec les invectives parfois acerbes : « Il fallait nous prévenir que c’était une soirée privée ! » ou « Si on vous dérange, on s’en va ! ». Certains se sont même lancés dans quelques notes de L’Internationale. Autant dire que l’ambiance fut bien houleuse.
Mal à l’aise
Ce que le public n’a sans doute pas su assez tôt, c’est que cette soirée était donnée en cerise sur le gâteau pour célébrer la naissance d’un partenariat renforcé entre la commune nouvelle Bagnoles-de-l’OrneNormandie, la Cdc du Pays d’Andaine et le Conseil départemental de l’Orne (voir ci-dessus). « Cette soirée était organisée par le Département qui a invité tous les élus. Elle venait sceller notre partenariat, et nous avions souhaité l’ouvrir au public afin qu’il en profite », explique le maire Olivier Petitjean, qui avoue avoir été « mal à l’aise » ce soir-là, mais qui souhaite néanmoins relativiser les choses : « sans doute y a-t-il eu un défaut de communication sur le pourquoi et le comment, et le fait que tous les élus arrivent ensemble n’a pas arrangé les choses. Mais, il faut avoir à l’esprit aussi que, sans ce partenariat renforcé avec le Département, nous n’aurions pas pu proposer ce spectacle ».
Maladresse
Joint au téléphone, François Morel avoue avoir été quelque peu perturbé par ces événements. « Cela ne m’a pas aidé pour mon jeu sur scène où l’on s’adresse la plupart du temps à un public détendu. J’entendais des coulisses les réactions dans la salle et je me demandais ce qui se passait ». Comme on pouvait s’y attendre, toujours avec humour, l’artiste a su rebondir dès le début du spectacle. « Sur l’écran, on projetait un extrait de Pierrot le fou dans lequel Anna Karina répète : qu’est-ce que je peux faire, je ne sais pas quoi faire ? Ce à quoi, j’ai répondu comme à l’habitude, fais du vélo, fais du sport, mais j’ai ajouté « fais de la politique, et tu seras bien placée ! » Ce qui a déclenché des rires dans la salle ».
Pour François Morel, ce soirlà il y a sans doute eu « une maladresse » de la part des organisateurs. « Soit, c’est un placement libre, et c’est pour tout le monde, soit c’est sur réservation avec numéro. Ou alors, il fallait faire une soirée privée ».
Si le spectacle n’en a rien perdu de son humour ni de sa fantaisie, la situation a créé un réel malaise, dont un élu a fait ce commentaire plus tard : « nous avons sans doute été maladroits. Il aurait fallu que nous soyons sur place bien plus tôt, ou que nous ayons occupé le balcon. » Le fait d’être entrés tous ensemble, en revenant du cocktail donné au casino pour sceller le partenariat renforcé, constitue donc un couac navrant et une leçon à retenir, sans doute, pour que les prochaines « cerises sur le gâteau » n’aient pas un goût amer.