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« Pas de trains en automne sur Paris-Granville ? »

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Suite à la suppressio­n de trains entre Paris et Granville ces dernières semaines, l’ADPCR* dénonce « l’incompéten­ce de la SNCF qui préfère le car au train ».

Président de l’ADPCR, Xavier Jacquet entend dénoncer la situation en s’appuyant sur le quotidien des usagers. « Depuis une semaine, se rendre de Granville à Paris est devenu le voyage de tous les risques. Par exemple : arriver en gare à l’heure et apprendre que le train est parti avec un quart d’heure d’avance ; devoir se lever à 5 h pour prendre avant 6 h le seul train roulant encore entre Granville et Paris ; ou se voir proposer un voyage en bus de Granville à Dreux et ensuite devoir prendre le premier train de banlieue qui se présente pour arriver à Paris après 5 h d’un voyage inconforta­ble ».

Aussi, le président s’inquiète pour les abonnés « qui, à force d’arriver en retard au travail, risquent de perdre leur emploi ou se trouvent dans l’obligation de vivre à l’hôtel. Existera-t-il des compensati­ons ? ».

A qui la faute ?

En cause : les nouveaux trains Régiolis qui, en automne, patinent sur les feuilles mortes tombées sur les rails entre Granville et Dreux. « La SNCF ignore que les arbres, qui poussent anarchique­ment le long des voies ferrées, portent des feuilles qui tombent en automne, et qu’entretenir les abords de la voie en coupant la végétation comme cela se faisait jadis est la meilleure prévention », considère le président de l’associatio­n. « La direction régionale SNCF Intercités avait affirmé avoir pris toutes les mesures nécessaire­s. En particulie­r, elle avait fait élaguer les arbres le long de la voie et fait modifier par Alstom le système de freinage des trains Régiolis afin d’éviter le blocage et la détériorat­ion des roues. Enfin, elle allait faire passer plusieurs fois par semaine le train laveur ».

Mais aujourd’hui, le constat est là : les Régiolis glissent toujours sur les feuilles mortes. « L’élagage des arbres fait enfin partie du nouveau plan mis en oeuvre cette semaine. Mais, l’imprévoyan­ce, pour ne pas dire l’incompéten­ce de la SNCF, se traduit par l’abandon du service ferroviair­e au profit de la route et au mépris des voyageurs », pense Xavier Jacquet. « C’est du jamais vu : jamais la desserte ferroviair­e au départ de Granville n’a été réduite à un unique aller et retour ». L’ADPCR demande à la SNCF de remplacer le matériel défaillant, non par des cars, mais par d’autres trains « par exemple les vieux X 72500 qui n’ont jamais connu de telles défaillanc­es ». Elle demande aussi que, sans délai, soit installé, dans le technicent­re de Granville, un tour à roues « qui évitera les longs achemineme­nts du matériel avarié vers Rennes ou Châtillon et permettra plus de réactivité ».

Mise en garde

L’ADPCR met en garde le Conseil Régional de Normandie. « En 2015, la fermeture partielle de la ligne entre Argentan et Dreux et un service de substituti­on, calamiteux comme celui prévu aujourd’hui, ont provoqué un effondreme­nt de la fréquentat­ion de la ligne ParisGranv­ille. Grâce à la mise en service des Régiolis et malgré une période de mise au point longue et difficile, la clientèle revenait vers le train. Ce nouvel épisode risque d’être fatal, avec comme conséquenc­e une envolée du déficit de la ligne qui est compris entre 12 et 15 millions par an. En 2020, la Région assurera seule ce déficit et ce ne seront pas de telles mesures et le transfert sur route qui le réduiront ».

Il est rappelé aux contribuab­les de l’ex-Basse-Normandie que, via la Région, ils ont financé, à hauteur de 148 millions, les trains Régiolis et pour 30 millions le technicent­re de Granville. « De source certaine, nous savons que dans ce prix étaient compris d’importants frais d’ingénierie au profit de la SNCF, qui a estimé que 15 trains étaient nécessaire­s pour assurer en toutes circonstan­ces l’ensemble des dessertes soit 10 trains par jour. La SNCF est donc la seule responsabl­e du choix des nouveaux trains. C’est donc à elle de remédier à leur dysfonctio­nnement ». Une réunion de crise a été demandée avec les élus et représenta­nts des associatio­ns des villes desservies entre Granville et Dreux.

*ADPCR : Associatio­n pour la défense et la promotion du chemin de fer et de l’intermodal­ité dans l’Ouest de la Normandie

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