Ses souvenirs d’enfant sur la lande du Tertre Bizet
Dans le cadre d’un projet intergénérationnel entre l’école et le Parc naturel régional Normandie-Maine, les CM2 ont accueilli Henri Gahéry qui a évoqué ses souvenirs d’enfant sur la lande du Tertre Bizet à Lonlay-l’Abbaye.
Depuis octobre, la classe de CM ² collecte la mémoire de la lande du Tertre Bizet. Considéré comme l’un des derniers et plus vastes sites représentatifs des landes tourbeuses de l’Ouest de la France, ce site est à ce titre classé site Natura 2000 et Espace Naturel sensible de l’Orne. Cette particularité est directement liée à l’histoire et à l’usage du site.
Mémoire vive
Après une première sortie sur le terrain pour découvrir la lande avec un animateur du Parc et une première rencontre avec le conteur Benoit Choquard qui les aidera à construire leurs récits, les CM2 et leur enseignante, Ségolène Langevin ont accueilli le 10 novembre, Henri Gahéry et Monique Hibou, membre de l’association du landage du Tertre Bizet.
Mémoire vive du territoire, Henri Gahéry, 91 ans, a évoqué ses souvenirs, ponctués de nombreuses anecdotes. Cet ancien exploitant agricole qui possédait cinq vaches a toujours vécu sur la lande, au village Launay. « Enfant, je la traversais à pied pour me rendre à l’école à Lonlay-l’Abbaye, même pour aller à la messe de minuit. Je n’avais pas peur, j’avais l’habitude. J’allais faire pâturer les moutons. Il y en a eu jusqu’à 200 appartenant à la même famille. À cette époque, la route qui mène à Ger n’existait pas. Elle a été construite en 1970 ».
La butte du camp gaulois
Henri se souvient aussi de la guerre lorsque les Allemands ont mis le feu à la butte du camp gaulois, des moines de l’abbaye qui venaient couper du bois, des vipères et des tiques nombreux dans les landes tourbeuses, de son travail consistant à faucher la bruyère utilisée comme litière pour les animaux. Il sait aussi où se trouve la fontaine aux loups. « Cette excavation située en haut de la lande a servi aux combattants de 14-18 comme lieu d’observation. Ma mère et mon arrière-grand-mère ont vu des loups dans la lande. Le dernier a été tué en 1870 et a été empaillé par le Dr Vézard ».
Le nonagénaire a vu la disparition de villages entiers comme celui de la Thiboudière abandonné par ses habitants faute de route pour le desservir. Il a arrêté de faucher de la bruyère il y a 10 ans.
Aujourd’hui, il coule une vie paisible dans son village natal et aime toujours autant se promener à pied ou en tracteur, dans ce paysage composite où alternent forêts, landes à bruyères, pointements rocheux et pierriers.
Recherche témoignages
De nouvelles rencontres avec les membres du Landage du Tertre Bizet et les habitants de la commune seront organisées afin de collecter d’autres histoires et anecdotes. L’objectif étant de créer des récits qui seront valorisés dans la mise en place d’un sentier balisé pour présenter ce magnifique site aux visiteurs.