Qui se cache derrière les fresques ?

De superbes fresques sont visibles sur le gymnase de Gorron et sur la piscine. On pourrait penser qu’elles sont l’oeuvre d’un artiste lointain. Et pourtant, c’est Hervé Degasne, Gorronnais, qui les a créées. Comment s’y est-il pris ? Rencontre.

A Gorron, Hervé Degasne s’occupe de la musculation. Il donne aussi des cours de judo, de physiologie appliquée au sport. Il a été guitariste d’un groupe de rock. Pourtant, par loisirs, le Gorronnais est aussi dessinateur et peintre.

Hervé Degasne est capable d’illustrer sur de nombreux sujets. Il crée des animaux, des chevaux, des paysages, des personnes, des visages. Mieux : il parvient à décomposer les mouvements, lors de combats ou d’affrontement par exemple. Son style peut rappeler fortement celui de dessinateurs de BD, ou même de certains illustrateurs, comme Luis Royo ou Moebius. « Je travaille actuellement sur un livre pour apprendre les techniques de judo ». Pour cet ouvrage encore, sa capacité à arrêter le temps, à figer les mouvements par le dessin le sert à merveille.

La BD

Comment fait-il ? « J’ai toujours su dessiner. Quand j’écoutais, en cours, pour mes études, je prenais souvent mon crayon et je dessinais en même temps, tout ce qui me passait par la tête ». C’est une sorte de compétence qu’il cultive. Certains pourraient parler de don. Aussi Hervé Degasne y a donc bien pensé, à faire du dessin son métier, en tant que dessinateur de BD par exemple. Mais c’était sans compter avec une vigilance parentale, douce mais aussi dure et nécessaire, à la fin des années 70. « Mon père et ma mère préféraient de moi que je me trouve un métier sûr, rémunéré régulièrement et correctement, plutôt qu’une vie de dessinateur, qui, à l’époque était aléatoire ».

Hervé Degasne a donc préféré se tourner vers une autre de ses passions pour en faire son métier. Chez lui, elles étaient nombreuses. Il a finalement choisi le judo, et les arts martiaux, même s’il n’a jamais cessé de dessiner et de peindre. Il est devenu entraîneur à Gorron.

15 jours de travail

En 2007, l’opportunité se présente pour lui de renouer avec le dessin en décorant à sa façon la salle de judo de Gorron. Il crée plusieurs tableaux se référant au code d’honneur et au respect indubitablement associé à la discipline. La même chose se reproduit en mai 2010, cette fois pour l’extérieur du gymnase et de la piscine. Il accepte, gratuitement. En échange, cependant, il demande « que le matériel nécessaire lui soit payé », se souvient-il. Créées au pinceau, « les oeuvres résistent mieux au temps que celles à la bombe ». En plus, protégées par du vernis, elles ne vieillissent pas, et semblent toujours comme neuve à l’heure actuelle. « J’ai d’abord fait des croquis, des dessins préparatoires, puis je les ai toutes créées en même temps. Au total, 15 jours de travail ». Pour ces fresques, Hervé Degasne a mis à profit toute son expérience passée, acquise après de centaines de créations d’autres dessins, en une trentaine d’années.

L’homme, discret sur ce sujet, parle peu. Il a d’autres projets. « J’ai une centaine de tableaux chez moi. Je travaille à l’aquarelle, à l’huile, à l’acrylique ».

Hiérarchiser les passions

Figer les mouvements

Aujourd’hui encore, depuis que les fresques sont présentes, nombreux sont les visiteurs à se demander qui a bien pu les réaliser. Nombreux aussi sont ceux qui se demandent pourquoi Hervé Degasne n’a pas continué dans cette voie. Mais c’est toutefois sans connaître l’homme qui, depuis longtemps sans doute, a bien su hiérarchiser ses passions et su quoi faire du temps qui lui était imparti.