Fait-il bon vivre dans l’Orne ?
Malgré une hausse des escroqueries sur internet et des cambriolages, notamment fin 2016, la délinquance est globalement maîtrisée dans l’Orne.
« Il fait encore bon vivre dans l’Orne ». Voilà comment le procureur du Tribunal de grande instance d’Alençon, François Coudert, résume l’année 2016 du point de vue de la délinquance.
Délinquance maîtrisée
Avec un taux de criminalité, d’atteintes aux biens et aux personnes en dessous des ratios nationaux, et des taux d’élucidation qui se maintiennent, l’Orne est un territoire relativement préservé.
Les atteintes aux biens, qui avaient déjà diminué de 4,7 % en 2015, ont même connu une nouvelle baisse de 5,8 %. Les vols liés à des véhicules (– 7,9 %) baissent eux aussi, tout comme les vols sans violence (- 9,1 %) et les destructions et dégradations.
Hausse des cambriolages
En revanche, le point noir de 2016 reste les cambriolages : après une baisse de 8,6 % en 2015 (1221 faits), on enregistre une hausse de 11,3 % en 2016 (1359 faits, dont 622 cambriolages de logements). En fin d’année, des raids commis par des réseaux structurés issus des pays de l’Est ont fait exploser les compteurs : « dès lors qu’ils ont été interpellés, la courbe est retombée », fait savoir le procureur d’Argentan Hugues de Phily.
2 raids dans le secteur de Domfront, ainsi que dans la Manche et la Mayenne ont également visé des établissements commerciaux. Pour lutter contre ce phénomène, le système d’alerte par SMS « Vigi-entreprises » permet de prévenir les commerçants et artisans. «A deux reprises, dans le secteur de Domfront, on a eu une vague de faits qui partaient du Calvados pour arriver dans l’Orne. Ces raids ciblaient principalement l’outillage. Dans ce cas, l’essentiel est d’avoir de la réactivité pour prévenir les professionnels et les potentielles victimes au plus vite », poursuit le procureur.
« Flers est une préoccupation »
Autre préoccupation : la délinquance des mineurs à Flers, plus élevée que sur le reste du département et que sur le plan national. « Nous engageons une réflexion », amorce le procureur du tribunal d’Alençon François Coudert. « Flers est une préoccupation : il faudra que l’on travaille sur la délinquance dans certains quartiers », renchérit le procureur d’Argentan.
Hugues de Phily a également insisté sur les escroqueries via internet, avec notamment des systèmes bien rodés de personnes appelant à l’aide et suscitant l’empathie de leurs futures victimes avant de leur soutirer de l’argent. « On ne doit pas correspondre avec des inconnus, ni communiquer de coordonnées et encore moins si elles sont bancaires ». De plus en plus, les services de police et de gendarmerie voient passer des plaintes pour escroquerie « et il est exceptionnel que nous arrivions à identifier les auteurs », reconnaît le procureur.
« Moins de tolérance de la part des victimes »
Le domaine des violences intrafamiliales bénéficie quant à lui de dispositifs qui permettent de les prévenir. « On ne découvre plus de situations qui se sont enkystées avec des victimes s’étant signalées à la gendarmerie et des faits qui perdurent », résume Hugues de Phily. Le travail en collaboration avec l’association Coalia permet désormais d’éloigner les conjoints violents, pour qui des stages sont prévus dans les cas les moins lourds. « L’arrivée de l’assistante sociale à la compagnie de Domfront a vu une montée des plaintes. Il y a moins de tolérance de la part des victimes, qui sont davantage sensibilisées et laissent moins passer ce type de violence ».
Si les atteintes volontaires à l’intégrité physique restent stables dans l’Orne, les violences sexuelles sont en augmentation de 24 %.
« Etre dissuasif sans être anxiogène »
En 2017, les forces de l’ordre mettront l’accent sur trois domaines : les violences intrafamiliales, les cambriolages et les vols liés à l’automobile. A cela s’ajoute la lutte contre la radicalisation : « Il faut que tous les signaux, même faibles nous soient transmis, que chacun nous communique les faits », insiste le colonel de police Gilbert Grinstein, directeur départemental de la sécurité publique.
Dans l’Orne, un plan de gestion des tueries de masse sera appliqué, impliquant les « gendarmes du quotidien ». « Par le passé, lors d’un acte terroriste, on mettait en place un périmètre et on attendait l’arrivée du RAID ou du GIGN. Désormais, les policiers ou gendarmes de premier niveau sont entraînés pour intervenir et stopper la menace dès le départ ».
A l’occasion du feu d’artifice du 15 août à Bagnoles-de-l’Orne ou de la Foire de Montilly, les gendarmes et les policiers ont eu l’occasion d’éprouver leur dispositif, avec une présence renforcée au sein de l’événement et un bouclage des voies attenantes pour les véhicules à moteur. « Suite aux manifestations de cet été, je n’ai eu que des retours positifs », confie Madame le préfet, Isabelle David, qui résume : « Le but est d’être dissuasif sans être anxiogène ».