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Tryo : « Le regard des gens a beaucoup changé »

Ecumant salles de concerts et festivals depuis 21 ans, Tryo sera à Laval samedi 4 mars dans le cadre de la tournée « Vent debout ». Entretien avec Daniel, percussion­niste du groupe.

- Propos recueillis par Valentin BIRET

Cela fait maintenant 21 ans que vous parcourez les salles de spectacles et festivals, le message est-il toujours le même ou a-til évolué ?

Daniel : Notre engagement n’a pas faibli. Par contre, le monde a changé, donc nos combats et la vision que l’on a évolue. La vision des gens a également beaucoup changé. Au début, quand on est arrivé avec L’hymne de nos campagnes, les gens nous prenaient pour des « babas fumeurs de joints ». Aujourd’hui, l’écologie est beaucoup plus entrée dans les moeurs. Comment décririez-vous votre public ?

Il est très diversifié. On a le public du début, qui est encore là, et ils sont devenus parents ! Aujourd’hui, les enfants font aussi découvrir Tryo à leurs parents, on a même des petites mamies ! Tous ces gens expriment leurs émotions de manière très différente. La Mayenne, vous connaissez ?

Oui, nous sommes déjà passés à Laval plein de fois. Que préparez-vous au public mayennais à l’occasion de la tournée « Vent debout » ?

Je pense que c’est plutôt le public qui va nous préparer quelque chose car ils sont plein de surprises ! On part au Québec une semaine pour retravaill­er des choses, donc on va venir se réchauffer à Laval. « Vent debout » est une référence au mouvement « Nuit debout » ?

Oui, mais c’est aussi une référence à « Podemos » et à tous ces mouvements qui remettent l’individu au centre de la société. On a toujours pensé que l’être humain était au centre des solutions. Le film Demain, par exemple, nous a beaucoup touchés. On voit que les gens font des choses, qu’ils ont des initiative­s. Et le fait d’être parents aujourd’hui est un moteur supplément­aire pour laisser un monde meilleur à nos enfants. Dans votre dernier album, deux de vos titres de chanson comportent le verbe « rassurer ». Est-ce la panique à bord ? La France a-t-elle peur ?

On nous vend la peur à toutes les sauces, on essaie d’en faire un argument de vente, mais la peur engendre la division, cela nous isole les uns des autres. Il ne faut pas qu’on se rassure à coups de police et de matraque, mais il faut apprendre à se regarder.

Or, on s’est rendu compte avec la crise des réfugiés qu’on ne s’intéresse aux problèmes que lorsqu’ils viennent frapper à notre porte. L’envie de se rassurer part de là. Tout ne va pas si mal, et on a un rôle à jouer là-dedans. Sur une tournée, on rencontre 400 000 personnes et on se rend compte qu’il y a beaucoup d’espoir et d’initiative­s.

Et vous ? De quoi avez-vous peur ?

De plein de choses ! La politique, les gens qui essaient de nous représente­r, en France et dans le monde… Trump aux USA, ça fait très très peur. Mais en devenant papa, j’ai connu des peurs qui prennent le dessus sur les autres. J’ai moins peur pour moi que pour ma fille. Et quand je vois la place inexistant­e de l’écologie dans le débat politique, j’ai peur pour l’avenir. En 20 ans de carrière, vous avez pu prendre le pouls de votre public : que retenez-vous en particulie­r ?

Un grand merci pour leur soutien. Sans eux, on ne serait pas là. Ce qui est étonnant, et là où c’est très gratifiant, ce sont tous ces témoignage­s de gens qui ont commencé la musique grâce à nous, ou qui ont été sensibilis­és à l’écologie en nous écoutant.

Coups de coeur, coups de gueule

Un coup de coeur musical ?

J’écoute beaucoup de vieilles chansons, comme Joni Mitchell, Billie Holiday. En ce moment, j’écoute beaucoup l’album Dawn de RY X. Un coup de gueule en particulie­r ?

A titre personnel, quand j’étais en vacances et que m’a fille m’a chanté la chanson de Maître Gims Sapés comme jamais, qu’elle a ramené du centre aéré. Je me suis dit : « Pourquoi on nivelle tout par le bas ? Il y a tellement de belles choses à découvrir… ».

« Le film nous a beaucoup touchés »

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