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L’ancien Palais de justice sera-t-il démoli ?

S’il est un dossier qui fait couler beaucoup d’encre, c’est bien celui de l’avenir de l’ancien Palais de justice. Aujourd’hui, après des années de stagnation, de dépérissem­ent de l’édifice, la situation serait sur le point de se débloquer. Pourquoi ? Enqu

- Guillaume Jeanne

Construit en 1858, l’ancien Palais de justice de Mayenne dispose d’une façade remarquabl­e en tuffeau. Il comporte un 1er étage, un rez-de-chaussée, un sous-sol. C’est un bâtiment classé en 1994 aux bâtiments de France, pour son intérêt patrimonia­l.

Vide depuis 27 ans

Occupé jusqu’en 1990 par le parquet, il est, depuis, vide. « En 27 ans, bien des projets ont tenté de voir le jour à l’intérieur », se souvient Michel Angot, maire de Mayenne. Le but était d’arriver à offrir une seconde vie à l’édifice, tout en le rénovant et en tirant parti de sa qualité esthétique. Problème : « aucune des démarches envisagées n’a abouti ». En effet, ces dernières se sont heurtées, soit à la configurat­ion spatiale inadaptée aux nouvelles activités, soit au coût exorbitant des travaux à mener, qui pouvait atteindre, selon les cas, entre 1 à 3 millions d’euros (francs convertis).

14 salariés au chômage

Les années passent. En 2010, Régis Laurent, déjà gérant du pub Ray Vaughan, a l’idée de racheter le sous-sol du palais pour en faire une boîte de nuit (les étages supérieurs restant aux mains d’autres propriétai­res) nommée « Le Justice ». Et ça marche : bientôt, de nombreux jeunes de Mayenne, habitués du Ray Vaughan, décident de poursuivre leur soirée dans cette nouvelle discothèqu­e, bien située en centre-ville, et fermant tard la nuit, ou plutôt tôt le matin. Ainsi, pour la première fois en 20 ans, une partie de l’ancien Palais de justice retrouve une fonction.

Tout a continué ainsi jusqu’à récemment. « Le préfet est venu le 11 janvier », indique Régis Laurent. « Et il a fait fermer le Justice pour raison de sécurité ». En effet, le bâtiment, de plus en plus délabré, est victime d’infiltrati­ons d’eau commençant par le haut. Le 1er étage est le plus touché. Murs et planchers sont fragilisés. Et ces derniers pourraient donc s’effondrer sur le dessous, soit sur le toit plancher du Justice. La fermeture a eu trois conséquenc­es : elle a mis 14 salariés au chômage technique, « elle pousse les jeunes à prendre la voiture pour aller dans les discothèqu­es à Laval alors qu’il y avait tout ici », regrette Michel Angot. Enfin, elle retire une activité de la ville de Mayenne, capable d’apporter du dynamisme à l’hypercentr­e.

Que faire ? « Il faut rouvrir le Justice. Donc il faut soit réparer les étages supérieurs, soit les démolir », reprend Régis Laurent. Le gérant du Ray Vaughan était plutôt favorable, il y a deux mois, à une démolition. Le 8 décembre dernier, il a d’ailleurs fait une demande à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelle­s) en ce sens, qui a été refusée. La démolition permettrai­t, outre la réouvertur­e du Justice, à de nombreux autres projets de Régis Laurent de voir le jour, « notamment la constructi­on en lieu et place d’une structure en bois de 730 m², facile à édifier et peu onéreuse (600 000 €), créant 13 nouveaux emplois, abritant une boulangeri­e (100 m²), un marchand de fruit primeur (50 m²), un bar à vin (100 m²), un salon de coiffure (80 m²), un restaurant (120 m²) . Les accords entre les 6 partenaire­s sont déjà trouvés ».

Dangerosit­é

Qu’en est-il donc aujourd’hui ? La Drac et les bâtiments de France veulent toujours, pour le moment, garder le Palais et ne pas le démolir. Régis Laurent, lui, reste bien entendu favorable à une déconstruc­tion. La position du maire de Mayenne, va plutôt dans le sens de celle de Régis Laurent. « Les projets n’ont jamais pris ici, et l’édifice est dangereux pour les habitants et les enfants de l’école à proximité », reprend Michel Angot. « Pour la sécurité, on peut donc commencer à penser qu’il faut lancer une procédure de péril. Elle pourrait forcer le propriétai­re actuel à prendre une décision », c’est-à-dire soit engager des réparation­s, soit, le cas échéant, à revendre pour démolition. Dans tous les cas, la discothèqu­e le Justice serait sauvée.

Dans les jours à venir, d’autres réunions, entre la Drac, la mairie de Mayenne, le préfet, Régis Laurent, et les propriétai­res actuels des étages supérieurs auront lieu. Elles pourraient déboucher sur l’impossibil­ité de rénover le Palais de justice dans des conditions acceptable­s, soit en terme de temps ou de coût. Ce qui pourrait déclencher, par voie de conséquenc­e, l’obtention du permis de démolition du Palais de justice par Régis Laurent, et donc ouvrir la voie à ses autres projets commerciau­x.

Mais, alors que les arguments semblent se multiplier dans le sens de la déconstruc­tion, les jeux ne sont pas encore faits. Tout peut arriver.

Bientôt le dénouement

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Dans les semaines à venir, l’avenir du Palais de justice sera connu.

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