Le Publicateur Libre

931. Trouveu un public

C’est bin histouère de bavasseu un p’tit qua

- Par Bernard Desgrippes

- Victor, j’creus bin que j’seus un n’artisse. S’tu veuilleus les photos que j’feus. La photo d’famille, les payseuges, les vacances, tout ça, c’est pas des photos pour ma. Non, ma j’feus d’la creuâtion. J’eume bin les photos floues sû un fond brouillass­ou. Montreu un bout d’mousse des boués do eune goutte d’iau, un champignon qui pousse de través dans la forêt, eune touéle d’areugnée do du givre. Enfin, tu vés bin c’que j’vieux dire ? D’la photo artistique quoi, que j’pourreus euss’poseu et d’vant lesqueulle­s le monde va v’ni s’euss’baudir.

- Mon gâs Joseu, j’t’en souheute ! Suffit pas d’aveu d’z’idées et d’vouleu sieuve des sentieus nouviaux. Ce s’reut bin d’trop simpe de s’prende pour l’auteur d’eune creuâtion artistique en appuyant sû ton deuclenche­ur. Non ! L’pus difficile, c’est d’trouveu un public qui seut à l’eucoûte de ton talent et ça, mon gâs Joseu, c’est pas gangneu !

- Victor, je crois que je suis un artiste. Si tu voyais les photos que je fais ! Pas des photos de familles, ni de paysages, ni de vacances. Non, moi je fais des photos créatives. J’aime bien les photos floues sur un fond de brouillard. Montrer un brin de mousse avec une goutte d’eau, une toile d’araignée avec du givre. De la photo artistique que je pourrai facilement exposer.

- Joseph, je t’en souhaite ! Il ne suffit pas d’avoir des idées ou de suivre de nouveaux sentiers. C’est un peu simple de se prendre pour un artiste en appuyant sur un déclencheu­r. Le plus difficile est de trouver un public qui soit à l’écoute de ta création, et ça, Joseph, avec ce que tu fais, ce n’est pas gagné !

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