Le château parle encore
Après 35 ans années d’efforts, l’Association pour la restauration du château de Domfront a redonné ses lettres de noblesse à la chapelle Saint-Symphorien… et de l’espoir pour le site médiéval tout entier.
Après 35 ans de fouilles et de restauration, les travaux ont pris fin à la chapelle Saint-Symphorien. Mais le château de Domfront semble bien loin d’avoir livré tous ses secrets.
Le site n’avait pas été en tel état depuis 700 ans ! Après 35 ans d’efforts, l’association pour la restauration du château de Domfront célébrera le 20 mai prochain la fin des travaux de restauration de la chapelle SaintSymphorien. Retour sur une découverte inespérée.
Découvertes surprenantes
« Gilles Susong a fait amorcer les premières fouilles en
1982 », débute Cécile Cormier, membre du conseil d’administration de l’ARCD. A l’époque, la chapelle jouxtant le château est complètement enterrée, un sentier passait même au-dessus ! « On pensait que c’était une petite chapelle, mais en fait
nous n’en apercevions qu’une
partie ». La première surprise est de taille : il s’avère que la chapelle Saint-Symphorien mesure 46 mètres de long, elle est donc presque aussi grande que Notre-Dame-sur-l’Eau ! Outre sa nef de 11 m et ses hauts transepts de 26 m, un architecte suédois estimera son élévation à 13,65 m de haut. Deuxième surprise : la découverte d’escaliers qui révèlent qu’un clocher surplombait la chapelle.
Cinq squelettes retrouvés
Des sondages archéologiques ont lieu, ainsi que les premières restaurations des murs Sud et la stabilisation des pierres, par l’ARCD. Troisième surprise : les archéologues découvrent cinq squelettes, dont un enfant, ainsi que des marques laissées par les clous d’un cercueil en bois. Quelques monnaies, une boussole en os, des pavages, poteries et même un dé et les pions d’un jeu sont également mis au jour.
Les fouilles entreprises permettent de mettre en évidence toute la partie « chevet »* de la chapelle, jusqu’alors inconnue du public. « Pendant sept siècles, seule la nef a été utilisée. Cela fait seulement 30 ans que le chevet est visible ». Ce qui amène la secrétaire de l’ARCD, Anne-Laure Chausserie, à se questionner : « Combien y a-t-il encore de choses à découvrir sur le site du château de Domfront ? ».
En effet, le château de Domfront semble être loin d’avoir livré tous ses secrets. Par exemple, cette poterne, véritable porte dérobée nichée sous la face Sud des remparts. « Nous ne savons pas vraiment où elle débouchait. Elle est aujourd’hui obstruée au bout de quelques mètres, mais le rêve de l’ARCD serait de la rouvrir », confie Cécile Cormier. « Nous voudrions aussi découvrir la profondeur réelle du fossé entourant le château. Il serait intéressant que les archéologues parviennent à recréer le fossé d’origine, cela donnerait une importance inégalée au château », estime Cécile Cormier.
Et c’est bien là le souci de l’ARCD et de la municipalité : mettre en valeur le patrimoine et le potentiel exceptionnel du château de Domfront pour en faire un outil de promotion touristique. « Le problème, c’est que le château de Domfront ne se résume qu’à deux pans de murs du donjon, une aula qui se réduit peu à peu, une courtine et la chapelle », expose
Anne-Laure Chausserie. « Mais le nombre de choses à mettre au jour est incroyable ! », positive-t-elle.
Les jardins de la Reine, projet fleurissant
Toujours dans l’optique de valoriser le site du château, la mairie a fait abattre tout ce qui pouvait en gêner la vue. « Face aux lourdeurs administratives énormes que nous avons pu connaître, nous pouvons compter sur une équipe municipale qui a placé le tourisme et la promotion du patrimoine parmi ses priorités », se félicite Cécile Cormier.
Une dynamique qui se vérifie puisque la municipalité et l’ARCD ont souscrit au projet du Parc naturel régional NormandieMaine qui entend aménager un site baptisé « Les jardins de la
Reine » au pied des remparts. « Cela consisterait en un petit labyrinthe de buis, un jardin des simples (plantes aromatiques, médicinales…), une jachère fleurie et une roseraie, le tout agrémenté d’une fontaine », détaille Cécile Cormier. De quoi mêler nature et patrimoine, pour attirer toujours plus de monde à Domfront. Et redonner à son château une certaine importance.
* Partie d’une église qui se trouve à la tête de la nef, au-delà du sanctuaire
Porte dérobée et secrets à découvrir