Fatiha aide les jeunes à écrire pour guérir et aimer la France

Installée à Saint-Pierre-des-Nids, Fatiha Rmili a une conviction : en écrivant, les enfants peuvent se sentir mieux et redécouvrir ce qui fait la spécificité de la culture française. Elle en a tiré le projet de l’Arche de Noé. En quoi consiste-t-il ? Entr

Quel est votre projet nommé l’Arche de Noé ?

L’Arche de Noé est d’abord un site Internet, spécialement conçu pour être consultable depuis des tablettes, des téléphones, mais aussi les ordinateurs. Il propose à chaque jeune, de 8 à 18 ans, d’écrire librement en français sur ce site, sur des thèmes en particulier. Il n’y a pas de limites géographiques. La Mayenne peut être concernée comme l’Orne, la Manche, ou la France entière. Les textes, une fois corrigés, sont publiés sur le site avec l’accord des parents, jusqu’à former une bibliothèque. Les récits, poèmes, ou histoires sont ensuite relus par un jury, et sélectionnés. Deux prix littéraires, l’un pour les 8 à 14 ans, et l’autre pour les 15 à 18 ans, sont décernés, chaque année, en avril et en septembre. Les meilleurs pourront avoir des cadeaux, des chèques, et même une publication.

Comment vous est venue cette idée ?

J’ai exercé le métier d’institutrice au Maroc, au Québec. Je me suis occupée, à Alençon, d’enfants en situation de handicap, en tant qu’AESH (Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap) et j’ai aussi été famille d’accueil. J’en ai déduit une chose : écrire permet d’aller mieux, écrire donne confiance en soi, écrire permet de rendre moins violent, et combat l’agressivité. C’est en partant de là que j’en suis venue à ce projet, en 2013, qui n’a pas d’équivalent. Par ailleurs, il m’a semblé nécessaire de créer l’Arche de Noé pour aider à résoudre le problème de l’éducation des jeunes aujourd’hui, que je trouve mauvaise.

Oui. Nous vivons dans une société de compétition. On apprend plus aux jeunes aujourd’hui à faire un excès d’activités différentes. Et on leur dit aussi qu’il faut toujours avoir tout plein de diplômes… Sans jamais leur demander ce qu’ils veulent, eux ! L’autre problème, c’est pour moi la surprotection des parents par rapport à leur enfant. Cette surprotection détruit le psychisme de l’enfant. Moi, j’ai envie de dire aux jeunes : apprenez d’abord à être heureux avant de penser aux diplômes et de tout faire pour les obtenir. Et j’ai aussi envie de dire aux parents : arrêtez de les surprotéger ! Je pense que c’est très important pour le bien-être de l’enfant et sa capacité à surmonter les difficultés une fois adulte.

Votre site est déjà riche en poèmes nouveaux en langue française.

Oui. J’ai moi-même écrit certaines des pages qui s’y trouvent. Il y a aussi quelques jeunes qui ont commencé. Je trouve que la langue française est une merveilleuse langue. Je me souviens de ma jeunesse au Maroc, avec la période de colonie française. J’ai eu le coup de foudre pour la France, les idées de partage, de tolérance, de liberté de culte et de culture que le pays véhiculait. Ce site est donc aussi pour moi un moyen de dire aux jeunes combien la France est un merveilleux pays et qu’il faut l’aimer.

Votre site web comporte aussi pas mal d’illustrations et de dessins.

Oui. C’est pour donner un côté amusant qui attirera les enfants. Les dessins ont été faits par Hamza Rholamallah, et le site est géré par le webmaster Adil Laachir. La mise en ligne a eu lieu il y a un mois, mais le projet continuera de s’étoffer.

Quel serait pour vous l’objectif final de l’Arche de Noë ?

In fine, l’objectif de l’Arche de Noë est de permettre la détection de nouveaux auteurs de talents, en langue française.