Combien ça rapporte
Deux communes, Lonlay-l’Abbaye et Passais-Villages ont fait le choix de s’équiper de stations communales de carburant 24 h/24. Est-ce un bon choix ? Font-elles fortune avec ? Le point avec les maires.
La station communale de Lonlay-l’Abbaye est rentrée en service en avril 2013. Le maire de Lonlay-l’Abbaye explique la réflexion qui a mené à la mise en place de cet équipement. « Si on veut que la commune ne meurt pas, il faut garder les services existants qui profitent à tout le monde. Le carburant est un des services du quotidien qui nous est apparu important de conserver. Il permet d’accompagner les seniors dans leur maintien à domicile, de les sécuriser, d’améliorer leur qualité de vie mais aussi de faciliter le travail de nos entreprises qui peuvent obtenir des badges par véhicule afin d’avoir une facturation mensuelle pour une meilleure gestion ».
Des aides qui n’arrivent pas
Ce projet a coûté 130 000 € et a bénéficié dans un premier temps de la DETR (Dotation d’équipement des territoires ruraux) pour 21 000 €. « La seule subvention espérée du CPDC* est vite tombée à l’eau, ce qui est étonnant pour un service qui concerne tout le monde, qui contribue au soutien du commerce local et à lutter contre la désertification », commente le premier édile de la commune qui a dû attendre le 22 novembre 2016, 4 ans après, pour être informé de l’octroi d’une subvention du FISAC (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce) de 28 350 € laquelle a été perçue le 7 avril 2017 « la veille des élections présidentielles. Est-ce le hasard du calendrier ? Je ne crois pas », ironise-t-il. Le reste a été financé par la commune.
Depuis sa mise en route, la station communale du village a vu son litrage de carburant (gazole et essence) s’envoler. Elle a commencé par 451 560 litres en 2013, 489 984 en 2014, 563 50 en 2015 et 593 808 en 2016, avec une moyenne de 50 clients par jour qui prennent aux alentours de 30 litres. « La station communale rapporte à la commune 8 000 € par an charges de fonctionnement déduites. La marge est faible. Elle est de 0,041 €/litre par rapport au prix d’achat, précise le maire. C’est un argument qui va dans le sens de la Cour des comptes qui préconise aux collectivités de prioriser les projets créant des richesses au détriment des projets qui ne créent que des charges. Voilà la stratégie à adopter pour continuer à développer les services de demain. C’est du travail à moyen et à long terme ».
Faire face à l’urgence
La commune de Lonlay-l’Abbaye a fait des émules à travers toute la France. Elle a essuyé les plâtres avant de faire profiter de son cahier des charges à d’autres collectivités, comme Passais-Villages qui s’est équipée d’une station de carburant avec un automate de distribution 24 h/24 en mai 2014. « Quelques mois auparavant, nous avons dû faire face à la fermeture de nos deux points de vente de carburant, rappelle Claude Lecherbonnier, maire du village. Cette solution nous est apparue comme étant la plus judicieuse pour répondre rapidement à la demande notamment de ceux qui travaillent en horaires décalés, tôt le matin ou tard le soir, sans pour autant concurrencer le commerce local ».
Ce projet a coûté 120 000 € HT et a bénéficié d’une subvention DETR de 28 897 €, du Conseil départemental de 10 000 €. « Normalement, nous devions avoir une subvention du CPDC de 52 000 €, mais les fonds ont été siphonnés par l’Etat à d’autres fins contrairement à l’engagement des représentants de cet organisme dépendant
« 50 clients par jour en moyenne »
du ministère des Transports », explique l’élu.
La commune s’est donc vue contrainte de faire une avance de trésorerie pour assurer l’équilibre de compte et un fonds de concours de 23 185 €. « Cette station a été créée uniquement dans l’esprit de rendre service à la population. Ce n’est pas pour faire du business. On équilibre tout juste les comptes, achat et recettes, et on dégage une marge annuelle très faible de l’ordre de 0,040 €/litre. La station rapporte 4 000 € par an. Cette somme permet d’amortir le fonds de concours à rembourser à la commune et de couvrir l’entretien et la maintenance. Le peu qui reste est utilisé pour des petits investissements comme l’enrobé prévu dans quelques années pour éviter les gravillons sur la piste ».
« 8 000 litres à la Pentecôte »
La station communale de Passais-Villages a distribué 140 000 litres de carburant en 2014 (un semestre), 298 000 litres en 2015 ; 340 000 litres en 2016 et 140 000 litres fin mai 2017.
Le nombre de passages varie. Il est d’une quarantaine par jour, jusqu’à 100 et plus le week-end et grands week-ends, les vacances, avec les groupes de motards et l’essence pour les tondeuses au printemps, sans compter les utilitaires, les camping-cars qui font monter la moyenne. « Rien que pour le week-end de la Pentecôte, nous avons fourni 8 000 litres de carburant. C’est exceptionnel », précise le maire.
Les deux communes se disent satisfaites de cet investissement qui les conforte dans leur volonté de rendre service à la population.
« On équilibre tout juste les comptes »
*CPDC : Comité professionnel de la distribution du carburant