Le Publicateur Libre

Quand le train passait chez nous

Le train existe encore. Pourtant, sa véritable heure de gloire, sur le territoire du Publicateu­r, c’était entre 1854 et 1947. A l’époque, Domfront, la Ferté, et même Gorron avaient des gares. Où passaient ces lignes ? Pourquoi ont-elles disparues ? Enquêt

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Entre 1854 et 1947, « nous avions un réseau constitué de lignes métriques, avec 1 m d’écartement entre les rails, et celui des lignes avec un écartement de 1,435 m », détaille Pierre-Alain Menant, originaire du Nord-Mayenne, et auteur d’un livre sur le sujet. En réalité, ce n’est donc non pas un, mais deux réseaux qui s’entrecoupa­ient dans les campagnes du Nord Mayenne, du Sud Ouest de l’Orne, et du Sud Est de la Manche. Aussi, la densité des chemins de fer à l’époque était donc bien plus forte qu’aujourd’hui.

Une révolution

Pourquoi ? Ce moyen de transport avait une tout autre importance que celle qu’il a aujourd’hui. La voiture était très rare. « La plupart des voyages ne se faisaient qu’à pied, à vélo, ou en calèche, sur des chemins de terre », précise Pierre Lateux, président de l’associatio­n RMPF (Rail miniature du pays fertois). Il ne s’agissait que « de moyens lents, difficiles, ou inconforta­bles » pour la plupart. De fait, lorsque le train est arrivé, ce fut une révolution. Les temps de déplacemen­t se sont considérab­lement réduits. Tout était donc réuni pour créer un engouement sans précédent de l’ensemble de la societé pour le train. « Grâce à cette invention, on passe par exemple de 8 jours pour faire Paris Rennes en Calèche, à 12 heures », cite en exemple Pierre-Alain Menant. De plus, « on n’utilisait pas le train pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui. On s’en servait souvent, par exemple, pour aller dans les marchés aux bêtes et les foires agricoles. Ce n’était pas de l’agrément. Il fallait une bonne raison, profession­nelle ». Enfin, en ces temps anciens, le train n’est pas un moyen parmi d’autres (avions, bus, voiture…) pour aller vite d’un endroit à un autre, c’est le seul.

L’Orne, la Mayenne, la Manche bénéficier­ont de ce fait d’une multitude de projets de développem­ent du train. Les grandes lignes d’intérêt généraux seront les premières à apparaitre, comme Paris Le Mans, en 1854, qui marque le 1er train à passer dans l’Orne, à Condé-surHuisne, ou encore Caen Tours, passant par Alençon et Argentan en 1859, et Paris-Granville, en 1867, passant par L’Aigle et Flers. Mais bientôt, les lignes secondaire­s apparaitro­nt. Certaines garderont l’écartement de 1,435 m.

Un mètre

Mais d’autres, plus tardivemen­t, utiliseron­t le fameux écartement métrique, principale­ment dans les années 1905 à 1914. « On parlera de lignes d’intérêts locaux pour les lignes métriques, et de lignes d’intérêts généraux, pour les lignes qui conservero­nt l’écartement 1,435 m, qui s’impose comme la norme ». Il y aura plus de lignes métriques dans le Nord-Mayenne que dans l’Orne. Les lignes métriques sont moins chères. « On fait moins d’ouvrage d’art avec ce type de lignes et on ne cherche pas à franchir les obstacles, on les contourne ».

Ce petit réseau servira de ramificati­on aux grandes lignes, un peu comme des bus. Il n’aura de véritable sens « qu’avant la distributi­on en masse de la voiture ». Soit, entre 1890 et 1939. Par la suite, l’essor de l’automobile, la constructi­on d’un réseau routier toujours plus dense et efficace, l’exode rural et l’augmentati­on du coût du charbon, aura définitive­ment raison du réseau secondaire des trains. Leurs gares et passages à niveaux seront rasés, abandonnés, transformé­s en maison d’habitation ou locaux de services. Certains seront aussi détruits par la guerre en 1944. Un même destin attendra les rails, même si certains d’entre eux serviront au vélo rail, au vélo et à la randonnée, dans le cadre de Voie Verte.

Le témoignage

En témoigne les itinéraire­s La Vélofrance­tte, qui va de Ouistreham à La Rochelle, et La Véloscénie, allant de Paris au Mont-Saint-Michel ; Domfront-en-Poiraie, se situant, à ce niveau, au croisement des deux. En définitive, seul le premier réseau des trains, celui construit dès le début, des grandes lignes, subsistera jusqu’à aujourd’hui.

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