Le Publicateur Libre

957. L’pus riche du cimm’tieure.

C’est bin histouère de bavasseu un p’tit qua

- Par Bernard Desgrippes

- Tu seus, mon gâs Victor, ya pas de p’tits profits. Tout t’est bon pour les siens qui sont rapias. Et yeunn’n’a bin pus qu’tu n’creus !

- Ya du vreu dans c’que tu dis. Tiens pendant qu’j’y pense, faut que j’te raconte ça. L’aute jour, la mére Paquet, o cheurcheut ses luneuttes. J’li dis à la mére : « - Si vous v’lez cheurcheu vos luneuttes comme i faut, faut d’abord les r’trouveu et pis vous alleu pouveu les cheurcheu aprés. » O n’aveut pas penseu dans ça. Les feummes, ça qua point d’jujote, s’pas ! Bon deuc’qu’c’est que j’vouleus t’dire ? Ah ouais ! Ya un moués, l’pére Touchard, d’la Touchardié­re, i m’aveut avoueu qu’i f’seut du trafic de goutte su Paris. Ya queuques risques, mais tout bin peuseu, c’est valabe qu’i diseut. Eh bin, on l’a enteurreu ya huit jous passeus d’vendeurdi. I deut éte bé n’aise à c’t’heure. L’cureu m’a dit que pére Touchard euteut l’pus riche du cimm’tieure de Picqu’louveutte. Ça li feut eune belle jambe au pére Touchard !

- Tu sais, Victor, il n’y a pas de petits profits. Toutes les économies à faire sont bonnes pour certains. Et des avares, il y en a bien plus que tu ne crois !

- Je le pense aussi. Tiens, il faut que te raconte la dernière. La mère Paquet cherchait ses lunettes désespérém­ent. Je lui conseille d’abord de les retrouver pour ensuite pouvoir les chercher dans de bonnes conditions. Elle me dit qu’elle n’y avait pas pensé. Faut tout leur dire à ces femmes qui n’ont pas de jugeote. Revenons à ce que tu disais. L’père Touchard, a gagné de l’argent en effectuant du trafic de Calvados sur Paris. Et bien, il est enterré depuis une semaine et le curé m’a dit que le père Touchard était devenu, le plus riche du cimetière de Picquelouv­ette. Qu’est-ce que cela va lui donner, au père Touchard ?

Newspapers in French

Newspapers from France