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Les élus locaux dans le collimateu­r de l’État

La nouvelle est tombée le 20 juillet. Le président de la République, Emmanuel Macron a annulé 300 millions de crédits alloués aux collectivi­tés locales. Qu’en pense le maire de Domfront-en-Poiraie ?

- Propos recueillis par Nathalie Guérin

Après le gel budgétaire des armées, la baisse des APL… les élus locaux sont également dans le collimateu­r du plan d’économie de l’Etat : le 20 juillet, le président de la République Emmanuel Macron a annulé 300 millions de crédits alloués aux collectivi­tés locales. Le maire de Domfront, Bernard Soul, donne son sentiment sur le sujet. Quelle a été votre réaction ?

« On peut parler de stupéfacti­on dans la mesure où nous avions déjà entendu parler d’une nouvelle baisse des dotations sur les 5 années à venir de 13 milliards d’euros après les 11 milliards du mandat précédent. Nous avons eu un léger échappatoi­re grâce à la commune nouvelle, en revanche, au niveau de la Communauté de communes, on a pris plein pot. C’est pratiqueme­nt 50 % de baisse de dotations actée. On ne sait pas pour combien Domfront, la Cdc Domfront-Tinchebray interco vont être mises à contributi­on. Maintenant, cette annonce remet en cause des crédits alloués aux collectivi­tés, validés et entendus avec les collectivi­tés territoria­les. Elle va créer une grande interrogat­ion sur la reconnaiss­ance de la parole de l’élu national. Un président ou un ministre en place qui raye d’un coup de plume ce qui a été validé, cela dépasse l’entendemen­t. J’ai toujours eu aussi bien au niveau de la commune que de la Cdc, comme valeur fondamenta­le, de ne pas remettre en cause ce qui avait été validé par mes prédécesse­urs. Je ne peux pas comprendre qu’au niveau national cela ne soit pas pareil. Est-ce que la ville de Domfront peut craindre ce coup de rabot surprise ?

Ce plan d’économies de l’Etat concerne en particulie­r les crédits destinés à des dépenses d’investisse­ment. Il n’impactera pas les projets déjà commencés comme l’aménagemen­t de la maison rue de Godras et le carrefour de la porte d’Alençon. A ce niveau, nous sommes rassurés. Heureuseme­nt. Il n’y a pas que les 15 métropoles et la région parisienne qui existent. À un moment donné, il va falloir que la France rurale qui occupe 80 % du sol du pays, soit entendue. Elle s’organise et risque de bouger dans les semaines à venir. Les gens vont descendre dans les rues, manifester devant les préfecture­s. Autant, je me suis prétendu « Macron compatible » il y a deux mois et c’est toujours le cas, mais il faut du respect. Nos dirigeants vont devoir se rappeler que nous sommes là, qu’on met au pot, qu’on cotise et c’est normal mais nous ne sommes pas là que pour payer. Cette annulation de crédits pourrait-elle mettre en péril les associatio­ns de proximité ?

Les associatio­ns seront déjà impactées avec l’annulation de la réserve parlementa­ire. Les députés et les sénateurs ciblaient les projets. Ils allouaient 9 000 euros par projet depuis 3 ans ce qui a permis de boucler des budgets ponctuelle­ment. Cela risque de mettre à mal nos associatio­ns. Aujourd’hui, l’État fait de la gestion au jour le jour. Il nous trouve des économies à faire. Il ampute partout. Tous les jours, quelque chose vient se rajouter. Je suis d’accord sur le fond pas sur la forme. C’est antidémocr­atique. L’État n’a aucun respect pour les élus locaux, aucun respect des engagement­s pris. C’est très dangereux. Néanmoins, réformer le pays, je le dis, je le répète, est nécessaire. Il est important de participer mais il faut un minimum de respect.

« Il va falloir que la France rurale soit entendue »

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