Le Publicateur Libre

L’abbé Soutif, à l’écoute des paroissien­s depuis 55 ans

Dimanche dernier, 250 personnes étaient réunies à la chapelle Sainte-Marie afin de célébrer le jubilé de l’abbé Soutif, qui a reçu le sacrement de l’ordre il y a 55 ans.

-

Quand avez vous fait le choix de devenir prêtre ?

Ça remonte ! Gamin, j’ai dit à ma grand-mère que je voulais être comme M. le curé. Cela est vite arrivé à ses oreilles, et il a commencé à tourner autour de la maison. Il a alors expliqué à mes parents que je devais aller au séminaire de Sées, ce que mon père a refusé catégoriqu­ement. Les études commençaie­nt début octobre et de Sées on ne pouvait rentrer à la maison que le surlendema­in de Noël. Mon père, qui avait passé cinq années emprisonné en Allemagne, ne voulait plus passer Noël sans ses enfants. Après ça, on n’était pas bien vus par le curé ! Vous étiez très jeune lorsque vous avez pris la décision de devenir prêtre. Y a t’il eu des moments de doutes depuis ?

Non. En revanche j’ai eu des moments de confirmati­on. C’est devenu une évidence lorsqu’en Algérie, par exemple, certains me demandaien­t si j’étais curé. Je ne l’étais pas encore, mais ils avaient besoin de quelqu’un en qui ils pouvaient faire confiance pour écrire à leurs fiancées. À partir de cela, le capitaine m’a dégagé du temps consacré à l’alphabétis­ation de certains camarades. Et puis un jour, un musulman m’a demandé si j’étais un marabou français. Je crois que ce sont les deux événements qui ont fait pencher la balance et ont confirmé ma volonté de rentrer au séminaire. Quel a été le moment de plus grande émotion au cours de ces années ?

Une fois, quelqu’un m’a dit que je l’avais fait changer, je ne m’y attendais pas, il m’avait invité à manger, il me trouvait sympa, il me tutoyait et voulait que je le confesse. Depuis, il a basculé un grand nombre de choses dans sa vie. Depuis votre ordination, il y a 55 ans, quelles évolutions avez-vous constaté au sein de l’Église ?

Finalement pas grand-chose, car je suis de la génération Vatican 2, on est resté dans cette perpétuité biblique et ecclésiale. À l’époque, des textes avaient été entérinés, c’est maintenant que les actes le sont.

Non, je crois que ce qui a beaucoup changé pour nous ici, c’est l’espace géographiq­ue, les lieux de proximité ont beaucoup évolué. Les relations humaines se retrouvent appauvries en raison des distances géographiq­ues des communauté­s chrétienne­s, c’est ce qui me manque le plus. Lorsqu’il vous reste du temps libre, comment l’occupez-vous ?

J’aime beaucoup les jardins, les fleurs, les plantes, les arbres, c’est ce qui m’évade et m’enracine. Ce doit être mon côté fils de paysan, curé du monde rural ! Je n’ai pas de jardin, mais je prends beaucoup de plaisir à prendre soin de mes géraniums à l’entrée de la chapelle SainteMari­e. Là, quand je plante, je vois les résultats… (rires). Parmi les églises du coin, dans laquelle vous sentezvous le mieux ?

Elles ont toutes quelque chose, mais il me semble que la chapelle Sainte-Marie se distingue. Les samedis soir, lorsque l’on célèbre la messe, l’atmosphère à l’arrière du coeur est différente. Spontanéme­nt à l’issue de l’office, les gens se rapprochen­t, se serrent la main et se saluent. Dans les autres églises, les gens attendent d’être sortis de l’église pour le faire. Cinq années ont passé depuis votre dernier jubilé. Comment voyez-vous les cinq prochaines années ?

J’aurais pu, j’aurais dû prendre ma retraite il y a cinq ans, mais on m’avait assuré qu’il n’y aurait pas de successeur, alors j’ai eu peur d’un vide et j’ai pensé que je pouvais encore être utile. Mon problème, aujourd’hui, est de savoir si rester rend service ou empêche une évolution. Et puis, si je devais prendre ma retraite, je ne sais même pas où je le ferais. Par enracineme­nt je choisirais bien l’une des trois maisons de retraite du canton que je connais bien. Je crains cependant d’y être gênant pour le prêtre qui aurait la charge de la paroisse.

 ??  ?? Natif de Mantilly, l’abbé Soutif à Clairefoug­ère, lors de l’office pour Sainte-Radegonde.
Natif de Mantilly, l’abbé Soutif à Clairefoug­ère, lors de l’office pour Sainte-Radegonde.

Newspapers in French

Newspapers from France