Le clocher de l’église Saint-Martin sera-t-il sauvé ?
L’église Saint-Martin est un élément incontournable du patrimoine local. Quelle est son histoire ? Comment se porte cet édifice au clocher fragilisé depuis 10 ans ? Réponses auprès d’Eugène Neveu, président de Conservons le patrimoine Gorronnais.
Comment se porte l’église Saint-Martin ?
L’édifice bénéficie d’une base solide. L’intérieur est également très bien conservé. En revanche, son clocher est fragilisé, de même que certains éléments de la charpente. C’est d’ailleurs pourquoi un cerclage avec des madriers avait été posé il y a dix ans, pour le renforcer en attendant une solution. Il est urgent de remédier à ce problème en priorité.
Pourquoi le clocher est-il aussi fragilisé par rapport au reste ?
En plus des pierres, les bâtisseurs d’origines ont mis des éléments métalliques à l’intérieur. Or, le volume de ces pièces varie selon la température. Avec les alternances hiver-été, au fil du temps, le processus écarte les pierres, et fait vieillir plus vite le clocher. À l’époque de la construction, on croyait beaucoup au métal. On le connaissait mal, on ne s’en ai pas méfié, mais la dilatation et l’oxydation peuvent être préjudiciable.
Certains ont estimé qu’une suppression du clocher pouvait être la solution.
En fait, il s’agit d’une des solutions… sur les trois. En effet, soit on supprime le clocher, soit on le rebâtit à l’identique, soit on le rebâtit en le modifiant un peu pour, tout en gardant le même aspect, le faire moins cher, et moins lourd. C’est possible avec les techniques actuelles de construction.
Tout ça pour un million d’euros ?
Non. Dans le chiffre d’un million, c’est l’ensemble des travaux, lorsqu’on y inclut la rénovation du reste, c’està-dire le remplacement des charpentes, des escaliers, le remplacement des pierres de sculptures extérieures… Pour le clocher seulement, la dépose, et la repose, on serait plutôt autour de 300 000 €.
Qu’a pu apporter l’association Conservons le patrimoine Gorronnais sur ce dossier depuis sa création ?
Pour défendre des édifices remarquables, il est important de bien les connaître. Donc de faire des recherches. L’association aide donc sur ce dossier en sensibilisant le public sur les qualités de l’édifice. Cela s’inscrit dans un rôle plus vaste qui inclut l’ensemble du patrimoine gorronnais. Conservons le patrimoine gorronnais s’intéresse à tout le patrimoine quel qu’il soit. Nous ne voulions pas qu’il ne rassemble que des personnes par exemple proches du monde religieux. Elle est ouverte à tous. Concernant l’église, la mairie reste le maître d’oeuvre et c’est elle qui prend les décisions.
Avez-vous une idée de la date de lancement des travaux de rénovation du clocher ?
La décision sera probablement prise dans les années à venir. Il s’ensuivra l’appel d’offres, et le lancement des rénovations. Ce qui est sûr, c’est que ces travaux approchent, et qu’il n’y aura pas à attendre encore 10 ans ! L’idéal serait de trouver des artisans qui connaissent bien la rénovation des églises construites entre 1850 et 1900.
Parce qu’elle est si jeune que ça ?
Oui. Elle n’est pas de la période gothique ou romane. Elle est néogothique et néoromane. Elle a été construite en dix ans, entre 1866 et 1876. Elle est un bon exemple de ces églises construites à cette époque. Elles n’ont d’ailleurs pas toujours bonne réputation. En effet, on cherchait beaucoup, entre 1850 et 1900, à faire des édifices impressionnants. Même dans les petites communes, il y avait une forme de compétition. En plus, cette période correspondait aussi à l’accroissement de la population des villes, donc, il fallait des églises plus grandes. Les anciennes étaient parfois rasées pour les mettre en place. Aujourd’hui, cependant, ça change, et un regain d’intérêt commence à se profiler pour ces églises dites du renouveau religieux.
Le renouveau religieux ?
Oui. Entre la révolution et 1850, le religieux était en perte de vitesse, mais il a connu une nouvelle période faste, entre 1850 et 1900, c’est que l’on appelle le Renouveau religieux.