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Le clocher de l’église Saint-Martin sera-t-il sauvé ?

L’église Saint-Martin est un élément incontourn­able du patrimoine local. Quelle est son histoire ? Comment se porte cet édifice au clocher fragilisé depuis 10 ans ? Réponses auprès d’Eugène Neveu, président de Conservons le patrimoine Gorronnais.

- Propos recueillis par Guillaume JEANNE

Comment se porte l’église Saint-Martin ?

L’édifice bénéficie d’une base solide. L’intérieur est également très bien conservé. En revanche, son clocher est fragilisé, de même que certains éléments de la charpente. C’est d’ailleurs pourquoi un cerclage avec des madriers avait été posé il y a dix ans, pour le renforcer en attendant une solution. Il est urgent de remédier à ce problème en priorité.

Pourquoi le clocher est-il aussi fragilisé par rapport au reste ?

En plus des pierres, les bâtisseurs d’origines ont mis des éléments métallique­s à l’intérieur. Or, le volume de ces pièces varie selon la températur­e. Avec les alternance­s hiver-été, au fil du temps, le processus écarte les pierres, et fait vieillir plus vite le clocher. À l’époque de la constructi­on, on croyait beaucoup au métal. On le connaissai­t mal, on ne s’en ai pas méfié, mais la dilatation et l’oxydation peuvent être préjudicia­ble.

Certains ont estimé qu’une suppressio­n du clocher pouvait être la solution.

En fait, il s’agit d’une des solutions… sur les trois. En effet, soit on supprime le clocher, soit on le rebâtit à l’identique, soit on le rebâtit en le modifiant un peu pour, tout en gardant le même aspect, le faire moins cher, et moins lourd. C’est possible avec les techniques actuelles de constructi­on.

Tout ça pour un million d’euros ?

Non. Dans le chiffre d’un million, c’est l’ensemble des travaux, lorsqu’on y inclut la rénovation du reste, c’està-dire le remplaceme­nt des charpentes, des escaliers, le remplaceme­nt des pierres de sculptures extérieure­s… Pour le clocher seulement, la dépose, et la repose, on serait plutôt autour de 300 000 €.

Qu’a pu apporter l’associatio­n Conservons le patrimoine Gorronnais sur ce dossier depuis sa création ?

Pour défendre des édifices remarquabl­es, il est important de bien les connaître. Donc de faire des recherches. L’associatio­n aide donc sur ce dossier en sensibilis­ant le public sur les qualités de l’édifice. Cela s’inscrit dans un rôle plus vaste qui inclut l’ensemble du patrimoine gorronnais. Conservons le patrimoine gorronnais s’intéresse à tout le patrimoine quel qu’il soit. Nous ne voulions pas qu’il ne rassemble que des personnes par exemple proches du monde religieux. Elle est ouverte à tous. Concernant l’église, la mairie reste le maître d’oeuvre et c’est elle qui prend les décisions.

Avez-vous une idée de la date de lancement des travaux de rénovation du clocher ?

La décision sera probableme­nt prise dans les années à venir. Il s’ensuivra l’appel d’offres, et le lancement des rénovation­s. Ce qui est sûr, c’est que ces travaux approchent, et qu’il n’y aura pas à attendre encore 10 ans ! L’idéal serait de trouver des artisans qui connaissen­t bien la rénovation des églises construite­s entre 1850 et 1900.

Parce qu’elle est si jeune que ça ?

Oui. Elle n’est pas de la période gothique ou romane. Elle est néogothiqu­e et néoromane. Elle a été construite en dix ans, entre 1866 et 1876. Elle est un bon exemple de ces églises construite­s à cette époque. Elles n’ont d’ailleurs pas toujours bonne réputation. En effet, on cherchait beaucoup, entre 1850 et 1900, à faire des édifices impression­nants. Même dans les petites communes, il y avait une forme de compétitio­n. En plus, cette période correspond­ait aussi à l’accroissem­ent de la population des villes, donc, il fallait des églises plus grandes. Les anciennes étaient parfois rasées pour les mettre en place. Aujourd’hui, cependant, ça change, et un regain d’intérêt commence à se profiler pour ces églises dites du renouveau religieux.

Le renouveau religieux ?

Oui. Entre la révolution et 1850, le religieux était en perte de vitesse, mais il a connu une nouvelle période faste, entre 1850 et 1900, c’est que l’on appelle le Renouveau religieux.

 ??  ?? A gauche, le clocher de l’église, cerclé. À droite, le haut du clocher, laissant apparaître de nombreuses fissures.
A gauche, le clocher de l’église, cerclé. À droite, le haut du clocher, laissant apparaître de nombreuses fissures.
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Eugène Neveu.

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