Le Publicateur Libre

Le différend se finit au fusil

-

Deux frères étaient cités devant le tribunal correction­nel d’Argentan, mercredi 4 octobre 2017 dans le cadre d’une comparutio­n immédiate.

L’aîné, un Morbihanai­s de 31 ans était poursuivi pour violences en réunion en récidive et tentative d’évasion. Le cadet, un Juvignasie­n de 25 ans pour ces mêmes faits de violence en réunion en récidive et également pour violence avec usage d’une arme.

Le 30 septembre dernier vers 21h, la gendarmeri­e est requise pour une interventi­on à Juvigny-sous-Andaine. Ils sont reçus par une femme. Le fils de cette dernière et deux amis de celui-ci. Son fils s’est fait agresser l’après-midi même et cette mère a essuyé des coups de feu peu de temps auparavant. Des plaintes sont déposées.

Le fils explique que l’aprèsmidi vers 18h alors qu’il se trouvait avec un ami devant un bar à la Ferté-Macé, occupés à fumer une cigarette, il a rencontré les deux mis en cause, les frères d’une ancienne petite amie. Il relate aux enquêteurs qu’il est conflit avec eux depuis sa séparation avec cette dernière et qu’il ne connaît physiqueme­nt que le plus jeune. Il explique que l’un d’eux l’a fait chuter au sol au moyen d’une « balayette » et qu’il a alors été frappé par les deux mis en cause à coups de pieds et de poing au niveau du visage et de sa main blessée et opérée récemment. Il précise qu’il s’est ensuite rendu à l’hôpital avec son ami qui avait tenté de calmer les choses verbalemen­t.

Un témoin est entendu sur ces faits sous couvert de l’anonymat. Il confirme les dires de la victime précisant que c’est le plus jeune mis en cause qui a porté le plus de coups.

Deux coups de feu

Une fois à l’hôpital, la victime avise sa mère de ce qui vient de lui arriver. Celle-ci le rejoint ainsi qu’un autre ami. Elle décide d’aller au domicile du Juvignasie­n avec les amis de son fils. Ne connaissan­t pas exactement l’adresse précise, elle passe à deux reprises devant le domicile de ce dernier vers 20 h 50. Mais ils n’ont pas le temps de descendre de véhicule, elle voit l’intéressé tendre le bras par une fenêtre et entend dans le même temps deux détonation­s. Elle quitte aussitôt les lieux pour rentrer chez elle et prévenir la gendarmeri­e. Elle déposera plainte pour ces violences avec arme.

Les prévenus sont interpellé­s le 2 octobre au matin. Lors de la perquisiti­on effectuée, il est découvert un pistolet d’alarme.

L’homme de 25 ans, lors de sa garde à vue déclare qu’ils ont rencontré fortuiteme­nt la victime, qu’il est engagé une discussion assez vive au sujet de la relation qu’a eu la victime avec sa soeur. A ses dires, la victime voulant partir, son frère l’a retenue par le col et l’a bloquée contre le mur, c’est là qu’il l’aurait frappée. Pour ce qui est du tir, il relate qu’il a vu une voiture passer plusieurs fois devant son domicile plein phares et qu’il aurait alors fait le rapprochem­ent avec les violences de l’aprèsmidi. Selon lui, avant de partir la victime les aurait menacés de revenir accompagné­e, aussi il aurait pris peur. Il dit s’être armé d’un pistolet d’alarme et d’avoir tiré une seule fois en visant plus ou moins la voiture pour que les occupants voient la flamme. Il explique également qu’il s’agissait d’un pistolet à gaz lacrymogèn­e, qu’il se trouvait à environ 20 à 30 mètres et qu’à cette distance il ne pouvait blesser personne.

Quant au frère aîné il nie avoir porté le moindre coup, admet avoir retenu la victime lorsqu’elle a voulu partir et dit regretter de ne pas être intervenu pour retenir son frère. Dans le box, il déclare qu’il a de la rancoeur envers la victime, mais qu’il n’a pas de sentiment de vengeance et qu’il a autre chose à faire que de la chercher.

En effet, les deux frères s’accordent pour affirmer que la victime aurait frappé leur père lors de sa relation avec leur soeur, et tous deux ont un fort ressentime­nt.

Par ailleurs, ce dernier lors de sa garde à vue, avait été accompagné à l’extérieur de la gendarmeri­e pour fumer. Il en avait alors profité pour s’enfuir en courant, traverser la cour, escalader la clôture et continuer sa course avant d’être interpellé. A la barre, il dit regretter son geste au vu des conséquenc­es que cela aurait pu avoir tant pour lui que pour les militaires. Il estime que cette évasion a duré 5 minutes et qu’il a agi ainsi ayant peur d’une incarcérat­ion loin de chez lui où il y a sa femme et sa famille.

Me Caroline Strujon-Marchand pour les parties civiles fait état d’une violence assez impression­nante, elle parle de loi du talion et estime qu’il faut mettre un terme au conflit ajoutant que ses clients souhaitent être tranquille­s et sortir dans la rue sans avoir la peur au ventre. Elle sollicite une expertise médicale pour le fils avec une somme de 2 000 € de provisions et 2 000 € pour le préjudice moral subi par la mère.

Les deux avocates des prévenus demandent qu’il n’y ait pas de mandat de dépôt, toutes deux arguent que leur client, bien que connus de la justice, n’ont plus fait parler d’eux depuis plusieurs années et qu’ils se sont repris en main, qu’ils ont des enfants et des vies stables.

L’un des frères est condamné à 18 mois d’emprisonne­ment dont 9 assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve de 24 mois, il lui est interdit de contacter les victimes, de détenir une arme pendant 3 ans et il est soumis à l’obligation d’indemniser les victimes.

L’aîné écope de 12 mois d’emprisonne­ment dont 6 assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve de 24 mois, il lui est interdit de contacter la victime et il doit également se soumettre à aux obligation­s de soins et d’indemniser la victime. Il écope également de 2 mois d’emprisonne­ment pour la tentative d’évasion.

Ils doivent verser solidairem­ent une somme de 800 € au jeune homme partie civile. Sa mère se voit allouer 500 € pour son préjudice moral, somme qui doit lui être versée par le cadet, auteur des violences avec arme.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France