Thermes : 120 agents en colère
C’est sans doute une première qui a eu lieu samedi 14 octobre, à Bagnoles : mécontents des conditions de travail et des salaires, 120 agents thermaux ont défilé en ville. Les brefs échanges entre grévistes et dirigeants ont laissé apparaître une certaine
« Marre d’être pris pour des pions », « l’évolution n’est pas l’exploitation », ou bien encore « augmentation du travail = augmentation de salaires » « saisonniers = précarité » : autant de slogans que l’on pouvait voir sur les pancartes arborées par la centaine d’agents thermaux samedi après-midi dans la station bagnolaise, peu habituée à ce genre de manifestation avec sifflets et cornes de brume. « Cela fait 27 ans que je travaille ici, et je suis toujours au SMIC, confie Sylvie Athenour, déléguée CFDT. Nous sommes actuellement en négociations annuelles obligatoires, qui doivent s’achever le 18 octobre. On demande des chiffres au directeur Jacques Burille, qui n’est pas en mesure de les fournir ».
Au-delà des « salaires de misère », les grévistes dénoncent également « une dégradation des conditions de travail avec des cadences poussées au maximum, des changements de planning incessants, l’absence de temps de pause avec 6 heures consécutives ». « On a fait notre maximum pour éviter l’explosion, mais la coupe est pleine, affirme la déléguée syndicale. On est dans l’humain et on demande aussi du bien-être pour les agents. On a assisté à une montée en puissance des activités, mais on a oublié la reconnaissance pour les salariés ».
Parmi les revendications : une hausse des salaires bruts de 1,5 %, une prime d’ancienneté, la majoration du travail du dimanche, l’instauration de pauses rémunérées de 20 minutes, la reconnaissance financière des qualifications, des diplômes et de la polyvalence.
Avant le départ du défilé, Sylvain Sérafini et Jacques Burille, respectivement PDG et directeur-général de B’O resort, sont venus à la rencontre des grévistes. « Je reste ouvert au dialogue, comme cela est le cas depuis mon arrivée en 2009, et je vous propose de recevoir une délégation de quelques personnes, pour trouver des solutions » a lancé Sylvain Sérafini. « Je ne cherche pas à mettre le dialogue social sous le paillasson, mais il doit se faire dans la limite du possible. On a toujours appliqué la convention collective du thermalisme ».
« Cela fait 3 ans que dure ce dialogue social et on ne voit rien venir. Il ne faut pas confondre accords de branche et accords d’entreprise, a rétorqué haut et fort David Toutain, représentant du syndicat CFDT services Basse-Normandie. Comment expliquez-vous que vous ayez autant de mal à recruter des agents saisonniers auprès de Pôle Emploi ? Posez-vous la question M. Sérafini ». Estimant « qu’on ne peut pas régler les problèmes sur le trottoir », le PDG a proposé qu’une réunion de concertation puisse avoir lieu dans les jours à venir.
Joint lundi au téléphone, Sylvain Sérafini a regretté cette démonstration dans la rue « qui impacte notre image commerciale. Des clients, curistes et autres, n’ont pu avoir leurs soins, alors que les créneaux du Spa affichaient complet. Nous sommes face à un syndicat, implanté récemment à B’O resort, et qui souhaite marquer son territoire avec une action coup de poing ». Le PDG a réfuté également les accusations de la CFDT de faire « la sourde oreille au dialogue social ». « Je ne suis pas dans une tour d’ivoire. Tout au long de l’année, le personnel a la possibilité de me rencontrer à mon bureau. Pour les négociations annuelles qui ont lieu actuellement, Jacques Burille, directeur général, a toute latitude pour agir en tant que mandataire social ».
S’agissant des conditions de travail mises en cause, Sylvain Sérafini se dit surpris : « quand on regarde 2 ou 3 ans en arrière, on constate qu’elles se sont plutôt améliorées au contraire, que ce soit au niveau des postes debout, de l’ergonomie. On nous accuse aussi d’organiser la précarisation du travail avec les saisonniers, ce qui n’est pas le cas. D’ailleurs, depuis 2009, les effectifs en CDI sont en hausse de 40 % ». Enfin, concernant les salaires, le dirigeant se veut pédagogue : « Il ne faut pas confondre investissement, qui représente pour nous une dette, et moyens. Ces dernières années, nous avons investi 35 millions € dans la formation, les nouvelles activités, notamment la résidence B’O Cottage ouverte voilà 3 ans. Pour bénéficier des retombées, il faut un peu de temps : on ne peut pas distribuer ce que l’on n’a pas produit. Certaines des revendications ne sont pas adaptées à la conjoncture actuelle, et il faudra l’entendre ».
Ce mercredi 18 octobre, une nouvelle rencontre devait avoir lieu entre la direction et les délégués syndicaux. Le PDG souhaitait l’élargir à d’autres salariés.
« La coupe est pleine » Dialogue tendu « Une question de temps »