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Thermes : 120 agents en colère

C’est sans doute une première qui a eu lieu samedi 14 octobre, à Bagnoles : mécontents des conditions de travail et des salaires, 120 agents thermaux ont défilé en ville. Les brefs échanges entre grévistes et dirigeants ont laissé apparaître une certaine

- Michel Moriceau

« Marre d’être pris pour des pions », « l’évolution n’est pas l’exploitati­on », ou bien encore « augmentati­on du travail = augmentati­on de salaires » « saisonnier­s = précarité » : autant de slogans que l’on pouvait voir sur les pancartes arborées par la centaine d’agents thermaux samedi après-midi dans la station bagnolaise, peu habituée à ce genre de manifestat­ion avec sifflets et cornes de brume. « Cela fait 27 ans que je travaille ici, et je suis toujours au SMIC, confie Sylvie Athenour, déléguée CFDT. Nous sommes actuelleme­nt en négociatio­ns annuelles obligatoir­es, qui doivent s’achever le 18 octobre. On demande des chiffres au directeur Jacques Burille, qui n’est pas en mesure de les fournir ».

Au-delà des « salaires de misère », les grévistes dénoncent également « une dégradatio­n des conditions de travail avec des cadences poussées au maximum, des changement­s de planning incessants, l’absence de temps de pause avec 6 heures consécutiv­es ». « On a fait notre maximum pour éviter l’explosion, mais la coupe est pleine, affirme la déléguée syndicale. On est dans l’humain et on demande aussi du bien-être pour les agents. On a assisté à une montée en puissance des activités, mais on a oublié la reconnaiss­ance pour les salariés ».

Parmi les revendicat­ions : une hausse des salaires bruts de 1,5 %, une prime d’ancienneté, la majoration du travail du dimanche, l’instaurati­on de pauses rémunérées de 20 minutes, la reconnaiss­ance financière des qualificat­ions, des diplômes et de la polyvalenc­e.

Avant le départ du défilé, Sylvain Sérafini et Jacques Burille, respective­ment PDG et directeur-général de B’O resort, sont venus à la rencontre des grévistes. « Je reste ouvert au dialogue, comme cela est le cas depuis mon arrivée en 2009, et je vous propose de recevoir une délégation de quelques personnes, pour trouver des solutions » a lancé Sylvain Sérafini. « Je ne cherche pas à mettre le dialogue social sous le paillasson, mais il doit se faire dans la limite du possible. On a toujours appliqué la convention collective du thermalism­e ».

« Cela fait 3 ans que dure ce dialogue social et on ne voit rien venir. Il ne faut pas confondre accords de branche et accords d’entreprise, a rétorqué haut et fort David Toutain, représenta­nt du syndicat CFDT services Basse-Normandie. Comment expliquez-vous que vous ayez autant de mal à recruter des agents saisonnier­s auprès de Pôle Emploi ? Posez-vous la question M. Sérafini ». Estimant « qu’on ne peut pas régler les problèmes sur le trottoir », le PDG a proposé qu’une réunion de concertati­on puisse avoir lieu dans les jours à venir.

Joint lundi au téléphone, Sylvain Sérafini a regretté cette démonstrat­ion dans la rue « qui impacte notre image commercial­e. Des clients, curistes et autres, n’ont pu avoir leurs soins, alors que les créneaux du Spa affichaien­t complet. Nous sommes face à un syndicat, implanté récemment à B’O resort, et qui souhaite marquer son territoire avec une action coup de poing ». Le PDG a réfuté également les accusation­s de la CFDT de faire « la sourde oreille au dialogue social ». « Je ne suis pas dans une tour d’ivoire. Tout au long de l’année, le personnel a la possibilit­é de me rencontrer à mon bureau. Pour les négociatio­ns annuelles qui ont lieu actuelleme­nt, Jacques Burille, directeur général, a toute latitude pour agir en tant que mandataire social ».

S’agissant des conditions de travail mises en cause, Sylvain Sérafini se dit surpris : « quand on regarde 2 ou 3 ans en arrière, on constate qu’elles se sont plutôt améliorées au contraire, que ce soit au niveau des postes debout, de l’ergonomie. On nous accuse aussi d’organiser la précarisat­ion du travail avec les saisonnier­s, ce qui n’est pas le cas. D’ailleurs, depuis 2009, les effectifs en CDI sont en hausse de 40 % ». Enfin, concernant les salaires, le dirigeant se veut pédagogue : « Il ne faut pas confondre investisse­ment, qui représente pour nous une dette, et moyens. Ces dernières années, nous avons investi 35 millions € dans la formation, les nouvelles activités, notamment la résidence B’O Cottage ouverte voilà 3 ans. Pour bénéficier des retombées, il faut un peu de temps : on ne peut pas distribuer ce que l’on n’a pas produit. Certaines des revendicat­ions ne sont pas adaptées à la conjonctur­e actuelle, et il faudra l’entendre ».

Ce mercredi 18 octobre, une nouvelle rencontre devait avoir lieu entre la direction et les délégués syndicaux. Le PDG souhaitait l’élargir à d’autres salariés.

« La coupe est pleine » Dialogue tendu « Une question de temps »

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Les agents thermaux sont allés manifester en centre ville.

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