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Il conduit sans permis pendant 11 ans

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Le tribunal correction­nel d’Argentan a condamné, lundi, le conducteur qui avait perdu le contrôle de son véhicule en juin 2016 à Tinchebray provoquant de graves blessures chez ses trois passagers.

Dans la nuit du 4 au 5 juin 2016, les gendarmes intervienn­ent pour un accident de la circulatio­n à Tinchebray Bocage, un véhicule a terminé sa course dans un champ après avoir effectué plusieurs tonneaux. De leurs constatati­ons, il s’avère que le pneu avant gauche est lisse et l’aiguille du compteur de vitesse est bloquée sur 190 km/ heure. Par ailleurs, il y a un épais brouillard.

À l’intérieur de l’habitacle, le conducteur un homme, aujourd’hui âgé de 19 ans et trois passagers mineurs. Ces trois derniers sont blessés plus ou moins gravement, ainsi que le chauffeur. Une jeune fille se verra délivrer 5 jours d’ I.T.T. (Interrupti­on Totale de Travail) pour entre autres une côte cassée. Pour les deux jeunes hommes, ce sera 4 mois et 7 mois d’ I.T.T., ils souffrent de traumatism­e crânien, de fractures, de contusions pulmonaire­s. L’un d’eux est transporté à l’hôpital en état de mort clinique et il est placé dans le coma durant 8 semaines. Entendus dans le cadre de l’enquête, ils déclarent n’avoir aucun souvenir. Présents devant le tribunal, ils ne peuvent en dire plus, la mémoire n’étant pas revenue.

A la barre, le prévenu dit qu’il ne roulait pas à la vitesse de 190 km/h mais à 110 km/h environ, mentionnan­t qu’il savait qu’à l’endroit de l’accident la vitesse est limitée à 80 km/h. Néanmoins il reconnaît que cet accident est dû à la vitesse, « je n’ai pas fait attention au compteur » dit-il avant d’affirmer qu’il se sent responsabl­e. Pour le pneu lisse, il affirme qu’il avait crevé peu de temps avant et qu’il avait mis ce pneu lisse provisoire­ment mais qu’il n’a pas pris le temps de le changer ensuite.

Questionné par la présidente, il déclare se sentir responsabl­e et dit « j’ai été c.. ». De même, il dit s’excuser lorsqu’elle lui demande s’il a conscience de ce qu’il s’est passé et qu’ils ont tous eu de la chance.

Les deux avocates des parties civiles parlent de « fou du volant », toutes deux regrettent l’absence d’excuse réelle et de prise de conscience du prévenu. L’une d’elle dit que les victimes sont des miraculées et que la mort n’est pas passée loin. La seconde qui s’adresse directemen­t au mis en cause rappelle que son client est arrivé en état de mort clinique à l’hôpital, qu’il a passé 8 semaines dans le coma et souligne qu’il doit être placé sous tutelle, qu’il ne pourra plus travailler et énumère toutes les conséquenc­es que cet accident entraîne pour lui et sa famille.

Le parquet requiert une peine d’emprisonne­ment ferme de 12 mois, l’annulation du permis de conduire et l’interdicti­on de le repasser avant 2 ans ainsi que deux amendes pour les contravent­ions. Ce magistrat estime que le prévenu lors des faits était un jeune conducteur immature et il se demande si l’intéressé a pris conscience de la réalité.

L’avocate de la défense mentionne que le mis en cause n’a jamais contesté sa responsabi­lité et qu’il a toujours admis qu’il roulait trop vite. Elle ajoute que depuis l’accident, il fait l’objet d’un suivi psychologi­que et qu’il a eu du mal à reprendre le volant. Par ailleurs, à son sens, une peine d’emprisonne­ment ferme n’est pas adaptée à un primo-délinquant.

Le prévenu est condamné à 1 an d’emprisonne­ment avec sursis, à l’annulation de son permis de conduire avec l’interdicti­on de le repasser avant 8 mois et à deux amendes de 350 € pour les deux contravent­ions. Il doit par ailleurs verser plus de 2 000 € de frais de justice aux parties civiles. Une expertise médicale est ordonnée pour un des jeunes blessé auquel le mis en cause doit verser 2 500 € de provisions. L’audience sur intérêts civils est renvoyée au 25 juin 2018.

« Je n’ai pas fait attention au compteur » « Un fou du volant »

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