Le maire répond au corbeau
L’affaire fait du bruit à Gorron. Une lettre a été postée chez de nombreux habitants. Elle incrimine le maire, Jean-Marc Allain concernant de supposés conflits d’intérêts privés et publics. Comment se défend le principal intéressé ?
Lundi 9 octobre, entre 22 h 30 et 23 h 30, dans le centre bourg de Gorron, une lettre a été postée dans la boite aux lettres de nombreux Gorronnais. Son titre ? « Information aux Gorronnais ». En quelques paragraphes, l’auteur cherche à renseigner les habitants sur une affaire précise dans laquelle le maire serait impliqué.
La nuit, tard
« Le 2 juillet 2009, le conseil municipal se porte caution à hauteur de 150 000 € pour un prêt accordé à une société civile immobilière privée, détenue par les enfants du maire, les Meubles du Menhir », indique la lettre. « Le maire participe au vote ». Il évoque ensuite un nouveau chapitre dans cette affaire le 6 juillet 2017. « Au cours du conseil municipal, les locaux des Meubles du Menhir sont rachetés par la ville. Monsieur le maire participe au vote ». La lettre invite les Gorronnais à se poser la question : le maire aurait-il fait passer ses intérêts privés avant l’intérêt général ? Le maire se servirait-il du contribuable pour faire payer ses frais ? La lettre est totalement anonyme. Le ou les auteur(s) de la lettre ont tout fait pour ne pas être démasqué. En plus de ne pas signer la lettre, ils l’ont déposé très tard dans la nuit.
Jean-Marc Allain répond dans un argumentaire. « Premièrement, c’est un courrier anonyme, et je ne sais donc pas à qui répondre ! », commencet-il. « Deuxièmement, par rapport au contenu de cette lettre, qui rappelle, concernant les anciens locaux des Meubles du Menhir, que la commune vote le fait de se porter caution en 2009, ainsi que le rachat en 2017, on peut en déduire que leurs auteurs ne connaissent visiblement pas tous les tenants et aboutissants. S’ils avaient assisté au conseil - qui, je le rappelle, est public - ils auraient pu en savoir plus. Tout ce qui est dit, décidé et voté en conseil est largement débattu ».
Il continue : « troisièmement, concernant le conflit que cette lettre laisse supposer entre intérêt privé et l’intérêt général, je peux répondre qu’il n’y en a pas. Que j’ai un enfant qui soit associé dans cette société des meubles du Menhir relève du droit de cette personne d’aller dans cette société. Après, ce que je fais pour l’intérêt général, c’est autre chose, je ne mélange pas l’un avec l’autre, d’autant que je n’ai aucun lien d’intérêt avec cette société et que je ne suis pas actionnaire ».
« La recherche de locaux pour des entreprises, en rachetant les murs, nous faisons ça, avec le reste du conseil, pour le bien des emplois à Gorron, des entreprises, et des Gorronnais. Il a été fait la même chose à Landivy avec les meubles Gontier. Cette technique permet de transformer des circonstances a priori négatives, comme la liquidation de sociétés, pour en faire des choses positives, pour créer autant d’emplois que nous en perdons, et même parfois en créer plus ».
La technique
Le maire s’appuie sur le dernier exemple en date : au moment où les anciens locaux AFC sont devenus vides, plutôt qu’ils le restent, Gorron s’est chargé d’accompagner l’installation de l’entreprise Gorron Organisation à l’intérieur. Ainsi, « des entreprises qui pourraient partir de Gorron y restent. Ici, nous avons toujours fait ça sans confusion des intérêts public et privé. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, et cela ne sera pas la dernière fois ».
Rencontre en mairie
Le maire conclut. « Je trouve que la méthode employée par le ou les auteurs de cette lettre est plutôt malsaine. Il aurait été plus sympathique pour eux qu’ils viennent me rencontrer en mairie pour qu’on en discute. Je les y invite d’ailleurs à le faire » .