970 I pue d’la peucque !
- Dis, Victor, tu trouves pas que l’pére Marteul d’la Marteuliére, il a biaucoup changeu ces deurnieus temps ?
- C’est bin mon n’avis eutou. Tu seus, l’pére Marteul, i s’leusse alleu deudpés qu’la Marie n’est pus là pour s’occupeu d’li. On n’a biau dire, mais les feummes ça seurt tout d’mîn-me à queuque chose. C’est quand qu’é sont pus là qu’on s’eunne n’n’apeurceut. J’eu ouî dire qu’il teut tout deupiteu et qu’i s’euteut mis à beure. Dame, c’est t-i vreu ? J’en seus rin !
- Ma j’trouve qu’en pus d’ça, i pue d’la peucque. C’est eumeuyant d’li parleu. I deut mangeu n’importe deucqu’c’est mîn-me si c’est chani et beure du vieux cide sans z’iau. Comme i c’mence eutou a oueu haut, faut s’appeurcheu d’li pour li causeu, alors j’te dis pas.
- Bon, on n’en dit du mal, mais c’est pas l’moment de l’laisseu tombeu, l’pére Marteul. Il est p’téte pus malheureux qu’on n’le creut !
- Victor, tu ne trouves pas que le père Martel a bien changé depuis quelque temps ?
- Il se laisse aller depuis que sa femme est décédée. On a beau dire, mais il faut bien reconnaître que les femmes servent à quelque chose. On s’en aperçoit quand elles ne sont plus là. On dit qu’il s’est mis à boire. Est-ce vrai ?
- Je trouve qu’il a si mauvaise haleine qu’il est difficile de lui parler en face. Il doit manger et choses pas fraîches et boire du mauvais cidre sans eau. Et comme il entend difficilement, il faut s’approcher pour qu’il comprenne. Alors c’est terrible !
- Bon, nous disons du mal de lui, ce n’est pourtant pas le moment de le laisser tomber. Il est peut-être plus malheureux qu’on ne l’imagine !