De quelle proximité parle-t-on ?
Dans un courrier en date du 5 novembre, Cécile Rousselet, conseillère municipale de Domfront-en-Poiraie et Chantal Jourdan, conseillère municipale de Champsecret, s’expriment à propos de la CUP (Cuisine unique de proximité) qui ouvrira le 9 novembre à Saint-Bômer-lesForges (PL du 2 novembre) pour servir les repas des enfants des écoles de Saint-Bômer, Lonlay, Champsecret et Domfront, mise en place par l’Interco DomfrontTinchebray. « Si les intentions affichées en matière de qualité et d’approvisionnement paraissent louables, il nous faut regarder de plus près comment fonctionne cette nouvelle organisation et ce que cela génère… », amorcent-elles. Tout d’abord, que se passe-t-il pour les restaurations modifiées par cette organisation ? La restauration des enfants de l’école Brassens-Brel était réalisée par la cuisine du collège qui se situe juste à côté d’elle. Le collège travaille depuis plusieurs années à l’introduction régulière de produits locaux, bios ou labellisés augmentant ainsi la qualité des repas. Un équilibre pourtant difficile à trouver dans les méandres des obligations de mise en concurrence défavorisant très souvent les petits et moyens producteurs locaux. Par ailleurs, signalons que la cuisine du collège mériterait surtout que les élus s’engagent pour obtenir l’agrément de cuisine centrale afin de garantir sa survie… ».
Selon elles, la cantine de Champsecret-Dompierre, située à côté de l’école fonctionnait de façon autonome jusqu’en juin 2016. La cuisinière, chargée de l’approvisionnement, se fournissait essentiellement auprès des commerçants du village et de nombreux producteurs locaux, une mission pour laquelle elle avait été recrutée. « La proximité de ces structures avait en plus l’avantage de permettre aux équipes pédagogiques de mener des projets éco-citoyens sur les questions de qualité alimentaire, de réduction du gaspillage, tri des déchets, etc ».
Les deux élues tirent le bilan social et économique de ce changement d’organisation : « de l’emploi délocalisé, des agents devant réduire leur temps de cuisine pour conduire des véhicules, des commerces de proximité et des producteurs locaux mis sur la touche et des enfants éloignés du contact direct avec des acteurs qui permettent de mieux comprendre le sens de la vie quotidienne. Sans compter l’équipement d’une cuisine unique de proximité évalué à 100 000 € ! Et le coût des véhicules électriques ! Aujourd’hui, c’est la cantine de proximité de l’école de Saint-Front, gérée par une association de parents qui est fragilisée avec la suppression de 2 emplois aidés et qui mérite un soutien rapide de la collectivité ».
Elles interpellent les élus de l’intercommunalité. « Puisque l’interco Domfront-Tinchebray a décidé de déléguer la gestion d’une partie de la restauration scolaire à la société de restauration API, plusieurs questions se posent. Qu’en est-il de l’engagement à promouvoir les produits bios ? Quelle proportion représentent-ils dans la totalité des approvisionnements ? A quelle fréquence les repas bios sont-ils servis ? Pourquoi ne pas avoir demandé à API d’exercer son savoir-faire en respectant l’historique des approvisionnements bios ou labellisés existants et de poursuivre l’amélioration de la qualité des repas à l’échelle de l’interco tout en maintenant les structures fonctionnelles en place ? Cela permettrait de conforter les projets de producteurs locaux et bio du territoire à qui il est nécessaire de donner de la visibilité et de la solidité économique. Nous avons bien conscience que le maintien des petites structures est difficile. Alors quand les services rendus sont satisfaisants et en continuelle progression, il nous paraît inconcevable que les élus précipitent leur chute et mettent à mal la moindre activité économique, sociale et pédagogique qui l’accompagne ! ».