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Lettre anonyme : qu’en pensent les Gorronnais ?

Il y a un mois, une mystérieus­e lettre était postée à Gorron. Elle accusait le maire de conflit d’intérêts. Qu’en pensent les Gorronnais ? Quelles ont été les conséquenc­es depuis ?

- Guillaume JEANNE

Certains Gorronnais commencent par critiquer négativeme­nt la lettre elle-même. « C’est un non-événement », pour Philippe, un riverain. « Les personnes n’ont pas à incriminer le maire en restant anonyme », continue-t-il. « Quand on a quelque chose à dire, il faut le dire, mais il faut aussi se présenter, car ça prouve que l’on assume ce que l’on dit. C’est trop facile, sinon ».

« Pour ma part, je pense que les auteurs de la lettre auraient pu se réveiller avant. Pensez-vous : ça date de 2009 ! », précise Michel.

Une stratégie

Pour Nathalie, autre Gorronnais­e. « Je connais bien le maire. Je pense qu’il agit dans l’intérêt de Gorron, en particulie­r pour que les entreprise­s, et donc les emplois, restent sur le secteur. Ce qu’il a fait avec les Meubles du Menhir s’inscrit dans cette stratégie. A mon avis, il n’y a pas eu de préférence à agir ainsi, parce qu’il avait son gendre et sa fille qui y travaillai­ent ».

Son avis rejoint celui de Mickaël. « A Gorron, la méthode a toujours été de proposer rapidement aux entreprise­s qui veulent s’installer ici des locaux clefs en main. De cette façon, elles s’installent plutôt à Gorron, et pas ailleurs. La méthode n’est pas nouvelle, et n’a pas toujours marché mais ça a quand même fonctionné souvent. La preuve : pour sa taille, Gorron est aujourd’hui une des villes qui a le plus grand nombre d’emplois en proportion dans toute la Mayenne. Globalemen­t, le maire a contribué à cela, en poursuivan­t l’oeuvre de ses prédécesse­urs. Pour le cas des meubles du Menhir, je reste persuadé qu’il a agi avec cette entreprise comme avec les autres. Evidemment, comme il y avait sa fille et son gendre qui travaillai­ent dedans, ça a pu faire parler, donner du grain à moudre aux brebis galeuses. Pour cette raison, il aurait dû se retirer des votes, que ce soit en 2009 ou 2017. Il y aurait juste eu une voix de moins dans les résultats et ça n’aurait rien changé ».

Admettre ?

De même, « Quand le maire rappelle qu’il se bat pour l’intérêt général, pour le développem­ent économique de la ville, j’aurais plutôt tendance à le confirmer », indique JeanClaude Jouvin, historien local, notamment sur son blog. « Selon moi, Jean-Marc Allain a fait l’erreur de voter. De fait, en partant de son action pour l’intérêt géneral, il aurait été d’autant plus facile pour lui d’admettre son erreur. Chose qu’il n’a pas faite, pas encore, en tout cas, et je le regrette ».

Pour Robert, « à mes yeux, le maire, s’il n’a rien à se reprocher, devrait faire une réunion publique pour dire qu’il a eu tort de voter ces jours-là ».

Des avis de personnes qui n’apprécient pas Jean-Marc Allain, son action, et qui vont dans le sens de la lettre, ont également pu être recueillis. Cependant, comme les auteurs de la lettre, ils n’ont jamais voulu témoigner à visage découvert. En creusant, elles se rangent souvent du côté de la justice, indiquant qu’il faut partir de faits, que ce soit vérifié. Elles reprochent notamment à JeanMarc Allain « de s’engager sur trop de choses en même temps, et de ce fait, de ne pas pouvoir tenir toutes les promesses qui vont en face ». Elles peuvent aussi lui reprocher le fait que « si être normalemen­t volontaire et enthousias­te pour sa ville, c’est bien, il ne faut pas trop l’être non plus, quitte à être victime de ses propres illusions ». D’autres lui reprochent enfin de « parvenir à cacher aux autres tout ce qu’il pense ».

Au moment du vote

Depuis le 9 octobre, si les Gorronnais ont eu le temps d’en discuter, aucun nouveau fait ne s’est produit. Le corbeau se tait.

Ainsi, dans cette enquête de voisinage, les nombreuses personnes sollicitée­s ont un discours relativeme­nt proche les uns des autres. Premièreme­nt, ils ne comprennen­t pas le caractère anonyme de la lettre. Deuxièmeme­nt, ils retiennent l’apport global bénéfique du maire concernant les entreprise­s de Gorron. Mais ils ajoutent que le maire a fait l’erreur de voter, qu’il n’aurait pas dû, et qu’il devrait à présent admettre son erreur. Quant aux quelques-uns qui peuvent être du côté de la lettre, ils ne souhaitent pas s’exprimer ouvertemen­t et ne pas être reconnus.

Un mois après, nombreux aujourd’hui sont les Gorronnais à philosophe­r, à prendre du recul sur cette histoire. « Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais », estime Thibault. « Critiquer, c’est facile, mais faire, c’est autrement plus difficile ».

« Jean-Marc Allain, c’est un peu l’homme des projets impossible­s », termine Jean-Claude Jouvin. « Quand beaucoup vont dire non, lui va dire oui. Cela peut être apprécié ou au contraire lui être reproché. Est-ce une qualité ou un défaut ? A chacun d’en juger, mais moi je pense que c’est plutôt une qualité ».

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La lettre a généré beaucoup de réactions, positives ou négatives, assumées ou non.

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