« Nous n’avons pas vidé la caisse ! »
Alors que la population s’inquiète des faits graves rapportés au sein de la nouvelle Cdc, plusieurs élus de l’ex Bocage carrougien ont souhaité faire une mise au point et défendre leur gestion passée.
« Quand j’étais présidente de la Cdc du Bocage carrougien, j’ai travaillé dans un esprit de service à la population, et le contrôle de la Chambre régionale des Comptes ne m’effraie pas », affirme d’emblée Françoise Reig-Hamelin, maire de Chahains, entourée d’Yves Treton (maire de Ste-Marguerite-de-Carrouges), Pierre Chivard (adjoint au Champ-dela-Pierre et ancien vice-président) et Roland Sellos (maire de Rouperroux).
Accusés par le président Miette « d’avoir vidé la caisse avant la fusion », les élus s’inscrivent en faux. « Il dit que nous avons terminé 2016 avec un déficit alors que notre trésorerie affichait 200 409 €, observe Yves Treton, chiffres à l’appui. Durant le dernier exercice, nous avons eu une grosse dépense de plus de 294 000 € qui a permis de sauver le tabac-presse à Carrouges. Ce que je regrette, c’est que les vice-présidents Dominique Monnier et Valérie Chesnel ne défendent pas plus la gestion passée du Bocage carrougien à laquelle ils ont contribué ».
Un mariage voué à l’échec
Pour les élus, l’ambiance qui règne aujourd’hui au sein de la Cdc, résulte à la fois du passé historique du Bocage carrougien « où nous n’avons pas fait souvent preuve d’unité », et de la difficulté à travailler avec le président du Pays fertois. « En 2016, nous n’avons pas réussi à trouver de terrain d’entente sur ce qui est le fondement d’une interco : un ensemble de projets, une mise en commun des compétences, un équilibrage dans la fiscalité. Il fallait s’aligner sur les choix de M. Miette : il considérait la piscine d’intérêt communautaire, ce que l’on peut comprendre, mais pas la salle polyvalente de Carrouges. Cela ne doit pas aller toujours dans le même sens ».
Si les deux ex Cdc avaient en point commun la ruralité, les élus ont pointé de nombreuses différences entre ces deux territoires et leur mode de gestion. « Le Pays fertois donnait la priorité à l’investissement car il bénéficiait par ailleurs des structures de La Ferté-Macé, sans y contribuer. Il avait la culture de l’autofinancement et vivait sans emprunt. En revanche, du fait de sa position géographique, un peu loin de tout, le Bocage carrougien devait à la fois investir et assurer du fonctionnement, en réalisant des emprunts ».
« 20 ans en arrière »
D’où la création à Carrouges, en novembre 2016, de la MSAP (Maison de service au public) avec son espace numérique. Une structure fermée depuis fin septembre pour un désaccord sur la collectivité qui doit gérer la compétence. « Comme nous n’avons pas pu nous entendre sur la répartition des compétences, pour l’instant, les compétences obligatoires sont valables sur l’ensemble de la Cdc, et les compétences facultatives et optionnelles sont maintenues sur chacune des deux entités, explique Yves Treton. Pour la MSAP, M. Miette affirme que nous n’avions pas la compétence, alors que dans l’arrêté préfectoral de décembre 2016 pour la création de la Cdc, nous avions en option facultative : l’action en faveur du maintien et du développement des services publics et privés nécessaires à la lutte contre la désertification ». « Si nous n’avions pas eu la compétence, pensezvous que l’Etat nous aurait accordé une aide de 15 000 € via la préfecture régionale ? observe Françoise Reig-Hamelin, en brandissant la convention. Comment expliquer que nous n’ayons eu jamais de remarque de la Préfecture de l’Orne ou de la Trésorerie dans ce dossier ? ».
En voyant la MSAP, la salle polyvalente, les terrains de foot revenir dans le giron communal de Carrouges, les élus sont désabusés. « C’est un retour 20 ans en arrière. On détruit tout ce qui a été construit. L’an dernier, on avait versé 33 581 € aux associations pour faire vivre le territoire. Mais, aujourd’hui, M. Miette en a décidé autrement. C’est bien beau de faire de la voirie, d’aménager les bourgs, mais à quoi bon si c’est un désert ? ». Face à cette situation, les élus demandent à la Préfète « de prendre rapidement le dossier en main. En 2018, on ne va pas continuer à travailler avec un président qui n’a pas intégré dans sa tête, la fusion des deux entités ».