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« Les années à venir seront difficiles »

Les arrivées ne comblent pas les départs à la retraite des médecins : les membres de la cellule démographi­que de l’Orne ont débattu du sujet la semaine dernière. Pôle de santé et télémédeci­ne ont été évoqués.

- N.L.

Orne. Le sujet a ouvert la réunion de la cellule démographi­que* mercredi 29 novembre : la démographi­e médicale de 2017 et 2018. Jean-Michel Gal, président, connaît bien le sujet. Lui et Antoine Leveneur (président de l’Union régionale des médecins libéraux), présent à ses côtés, mènent ce combat depuis des années.

« Voilà dix ans qu’on alerte et qu’on porte des projets, souligne Antoine Leveneur. Heureuseme­nt, des choses ont été faites dans l’Orne. Si l’on compare avec nos voisins, l’Eure par exemple est dans une situation bien pire : pour les deux tiers de ce territoire, c’est un désastre ».

Plusieurs départs

185 médecins généralist­es en 2017, 181 en 2018, « et nous n’avons pas tous les chiffres, fait remarquer le Dr Gal. Plusieurs départs sont attendus jusqu’en juin 2018 ». Il évoque aussi l’âge des médecins, « en 2018, 67 % d’entre eux auront plus de 55 ans et la part des 60-65 ans est croissante ».

Les dix années à venir seront difficiles… « A nous de consolider l’existant, de conserver ces médecins sur le terrain ».

Concernant les médecins spécialist­es, « la situation est moins morose que l’an dernier ». Onze spécialist­es sont arrivés ou attendus, « dont des jeunes (ils étaient 84 en 2017, ils seront 95 en 2018).

« Une catastroph­e »

Reprenant la parole, le Dr Antoine Leveneur revient sur la désertific­ation des centres urbains « qui s’est accentuée à un point que l’on n’imaginait pas. C’est une grande catastroph­e en Normandie ». Il donne l’exemple du centre-ville de Caen « qui va perdre six généralist­es d’ici décembre ».

Qui soignera la population demain ? La question est sur toutes les lèvres…

« On a sauvé les meubles »

Qualifié de « père des pôles de santé », par Jean-Michel Gal, Antoine Leveneur se réjouit de l’action menée par le départemen­t à ce sujet : « heureuseme­nt que de tels projets ont été portés, et menés à bien… Notre charte régionale est un exemple unique en France. Dans aucune autre région ne sont engagés dans une même politique les profession­nels de santé, l’ARS, la Région et le Départemen­t. On a réussi à sauver les meubles et gérer la crise ».

Les pôles de santé se sont multipliés sur le territoire, « 273 822 € ont été consacrés pour l’ingénierie dans l’Orne.

Plus que la Manche et le Calvados », fait remarquer le Dr Leveneur. Signe que le départemen­t ornais fait figure de précurseur dans ce domaine. « Nous avons pris le problème à bras-le-corps et aujourd’hui on peut s’en féliciter ». 165 pôles de santé existent en France dont 103 en Normandie !

Une réflexion sur la mission d’un coordonnat­eur de pôle (avec un rôle administra­tif) est en cours. « Nous travaillon­s sur la création d’un diplôme universita­ire sur cette nouvelle mission ».

Etre préventif

La télémédeci­ne est une autre solution, « il faudra mettre le paquet là-dessus, ajoute le président de l’URML. Car on n’est pas encore arrivé au plus dur. À nous aussi de nous montrer attractif et cibler les zones prioritair­es… Il faut être préventif, c’est la problémati­que à relever ».

*La cellule démographi­que, créée en 2007, a pour mission de construire la politique départemen­tale de santé et d’assurer la continuité des soins.

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Jean-Michel Gal et Antoine Leveneur

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