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Sangliers : « Il faut agir »

Les sangliers détruisent leurs prairies et leurs cultures. Un groupe d’agriculteu­rs du Bocage a formé un collectif et interpelle la préfète pour régler la situation d’ici le printemps.

- Nathalie Guérin

Orne. Des agriculteu­rs des secteurs de Champsecre­t, La Sauvagère, La Ferrière-auxEtangs, Banvou et Domfronten-Poiraie dénoncent les ravages occasionné­s par les sangliers dans leurs prairies et leurs cultures.

Installé en bio depuis 1999 à l’Etre Guérin, à Champsecre­t, Xavier Frelon exploite 39 hectares de prairies en lisière de forêt d’Andaine. Il en connaît les inconvénie­nts. « Les dégradatio­ns occasionne­lles par les cervidés de plus en plus rares sur le secteur, sont devenues régulières voire quotidienn­es par les sangliers. Depuis 2015, nous vivons un enfer, expliquet-il. Sur la saison 2016-2017, s’étalant de l’automne au printemps, j’ai eu 80 % de mes surfaces impactées avec des dégâts de faible, avec une dizaine de trous, à très important c’est-à-dire la destructio­n totale de la parcelle ».

Au printemps dernier, Xavier Frelon constate que les dégâts les plus importants se trouvent sur des parcelles situées à 2 km de son village. « C’est dire si la population de sangliers voyage pour se nourrir des glands, châtaignes, vers de terre, mulots, campagnols et autres plantes qu’ils ne trouvent pas en forêt ».

Une indemnité « dérisoire »

Dans pareil cas, l’exploitati­on agricole effectue une déclaratio­n de dégâts pour prétendre aux indemnités soumises à estimation sur place par la Fédération départemen­tale de la chasse « que l’on ne veut plus de principe, affirme-t-il. Cette somme est dérisoire au vu du temps passé pour réparer et cela ne régule pas la population de sangliers ».

Il avance une raison à cette surpopulat­ion de sangliers « qui n’est pas régulée à dessein parce que dans le massif d’Andaine, une action de chasse à tir c’est 2 800 € par saison et par chasseur, et ce n’est pas pour regarder les petits oiseaux voler. Donc, il faut du sanglier avec la bénédictio­n de l’établissem­ent public qui encaisse ces actions et veut juste assez de cervidés pour la chasse à courre ».

« Nous vivons un enfer »

Xavier Frelon évoque aussi les nombreux accidents de voitures provoqués par les sangliers. « Est-ce qu’il faut des morts pour que cela bouge ? », interroge-t-il.

« Est-ce qu’il faut des morts pour que cela bouge ? »

Le sanglier déclaré nuisible ?

L’agriculteu­r s’est donc décidé à prendre les choses en main et a constitué un collectif « non politique et non syndical » avec ses collègues pour pouvoir rencontrer la préfète et discuter de ce problème qui touche également des bois privés « parce qu’il y a urgence. C’est la destructio­n de notre outil de travail, insiste-t-il.

Le groupe demande aussi que le sanglier soit déclaré nuisible sur l’ensemble du départemen­t comme c’est le cas dans le départemen­t de la Mayenne et que la chasse à tir soit prolongée jusqu’au 1er avril 2018. « Nous ne voulons pas l’éradicatio­n des sangliers parce que nous avons besoin des chasseurs pour réguler, mais pouvoir travailler paisibleme­nt, c’està-dire d’avoir des dégâts acceptable­s comme il y a une dizaine d’années, précise-t-il avant de conclure : « Qu’est-ce qu’on veut clairement, un départemen­t forestier pour les chasseurs parisiens ou encore des paysans ? ».

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Les prairies et les cultures de Xavier Frelon sont régulièrem­ent saccagées par les sangliers.

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