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Le bras de fer continue

- M.T

Les premiers pestent après les dégâts dans leurs prairies et cultures près du marais de Briouze et dénoncent l’agrainage qui serait pratiqué par un chasseur. Ce dernier se défend et minimise les ravages des animaux.

« Ce n’est plus vivable », lâche Jean-Luc Pluet en regardant les nombreuses photos de son portable. Sur les quelques clichés, on peut voir des parcelles avec des trous et des mottes d’herbe retournées.

L’agriculteu­r, installé au lieudit La Longrais à Bellou-enHoulme depuis 2004, subit les allées et venues incessante­s des sangliers qui viennent manger les vers dans la terre.

« Il ne faut pas les nourrir ! »

« Ils font des dégâts depuis longtemps mais j’en ai jamais vu autant dernièreme­nt. Après le maïs et le blé, c’est l’herbe. Je ne suis pas le seul, nous sommes plusieurs à taper du pied près du marais de Briouze », poursuit Jean-Luc Pluet.

Fin 2017, des agriculteu­rs des secteurs de Champsecre­t, La Sauvagère, La Ferrière-auxEtangs, Banvou et Domfronten-Poiraie dénonçaien­t eux aussi les ravages occasionné­s par les sangliers dans leurs prairies et leurs cultures.

Sur les 70 ha de parcelles de l’agriculteu­r de Bellou, 40 ha ont été touchés selon lui. « Même quand c’est trop humide comme actuelleme­nt, ils creusent encore plus », précise l’exploitant.

Pourquoi une telle proliférat­ion de ces animaux près du marais ? Selon deux syndicats agricoles (lire par ailleurs), elle serait due à l’agrainage d’un chasseur, Jean-Claude Peigney, président de l’amicale des chasseurs.

« Il les alimente et les soigne. On assimile cela à de l’élevage », avance Thierry Ameslant, animateur de la Confédérat­ion paysanne de l’Orne.

Le troupeau atteindrai­t 40 à 50 sangliers. « Et puis les femelles font jusqu’à deux portées par an », s’alarme Thierry Ameslant.

« Je ne suis pas contre les animaux sauvages mais il ne faut pas les soigner ! Les animaux reviennent à chaque fois au même endroit car ils savent qu’ils ont à manger. C’est comme si on faisait des fêtes trois fois par semaine où on payait tout. Les gens reviennent car c’est gratuit », s’insurge Jean-Luc Pluet qui regrette le peu de battues organisées par les chasseurs ces derniers mois.

« Une battue fin mars »

Accusé par les agriculteu­rs, Jean-Claude Peigney, président de l’amical des chasseurs, se défend. « Il y a eu des dégâts certaines années mais à ma connaissan­ce il y en a très peu dans le secteur de Bellou-enHoulme et près du marais du Grand Hazé à Briouze. »

Concernant les battues, l’ancien agriculteu­r de 71 ans explique : « Les prairies près du marais étaient inondées. Il y avait peu d’animaux. »

Par ailleurs, il réfute de donner à manger aux sangliers. « Oui je fais de l’agrainage tous les jours mais le maïs est pour les chevreuils, pas les sangliers. Et pendant qu’on les nourrit ici, ils ne vont pas ailleurs se nourrir dans les cultures des agriculteu­rs. »

Classer l’animal comme nuisible ?

Quelles sont les solutions alors ? « Je fais tout mon possible pour régler le problème. Fin mars, une battue sera organisée », annonce Jean-Claude Peigney.

Du côté des agriculteu­rs, Jean-Luc Pluet et Thierry Ameslant veulent voir l’animal classé comme nuisible par la Préfecture de l’Orne.

« Nous allons relancer les services de l’État mais ce n’est pas gagné quand on sait que le président de la Fédération départemen­tale des chasseurs de l’Orne est Christophe De Ballore, également président du Conseil départemen­tal… », confie Thierry Ameslant.

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Sur cette parcelle de Jean-Luc Pluet, on peut voir les dégâts des animaux (Photo DR).

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