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Contrôle technique : plus sévère et cher

La réforme du contrôle technique entrera en vigueur le 20 mai. Nouvelles « défaillanc­es critiques », corrosion ou contrôles de pollution seront en ligne de mire. Le point auprès de centres de Contrôle techniques du territoire.

- Nathalie Guérin et Michel Moriceau

Mis en place le 1er janvier 1992, le contrôle technique se réforme en 2018 à la suite d’une directive européenne du 3 avril 2014, visant à diviser par deux le nombre de morts sur les routes européenne­s entre 2010 et 2020. Parmi les mesures, le contrôle technique se durcit et s’harmonise au niveau de tous les Etats membres. Mais il ne deviendra pas pour autant uniforme en Europe, et un contrôle technique passé dans un pays ne vaudra pas dans un autre.

« Depuis cette directive, nous avons eu beaucoup de questions de gens inquiets par les modificati­ons qui seront effectives le 20 mai. Ils veulent savoir si leurs voitures passeront on non ce nouveau contrôle », explique Claude Etienoul, employé du centre Norisko, rue Maréchal-Foch à Domfront.

La grande nouveauté réside dans la recherche de défaillanc­es « critiques », c’est-à-dire présentant un danger immédiat pour soi et les autres. « Je dois appliquer ce nouveau règlement obligatoir­e et faire avec. Il n’y a rien d’extraordin­aire. Rien n’a été inventé. Il faut juste que tout fonctionne comme les lave-glaces ou les antibrouil­lards. On sera plus sévère sur les éléments de freinage, l’état des pneus, les fuites excessives, ou encore la corrosion excessive des soubasseme­nts et les témoins d’anomalies. Ces points qui étaient auparavant notifiés pourront faire l’objet de contre-visite. Les véhicules considérés comme dangereux pour soi et les autres, ce qui représente­ra un pourcentag­e très faible, se verront remettre une vignette pour regagner leur domicile ou le garage pour réparation ».

Cette nouvelle réglementa­tion doit surtout rajeunir le parc roulant. « Dans nos campagnes, celui-ci est vieillissa­nt malgré l’augmentati­on des véhicules neufs. Les gens gardent longtemps leurs voitures, les plus récentes ont 4 ans, date de la première visite, et les plus vieilles qui roulent tous les jours, plus de 30 ans. Il y a encore beaucoup de véhicules diesel et essence. Les voitures hybrides et électrique­s sont encore très peu représenté­es ».

Le contrôleur donne un conseil. « L’anticipati­on n’est pas nécessaire pour toutes les voitures. Mais les personnes qui ont prévu de le faire, doivent prendre rendez-vous rapidement pour éviter les bouchons au mois d’avril ».

Une augmentati­on d’activité ?

Son confrère, Christian Lebailly, du centre Sécuritest de Domfront redoute les réactions : « Ce nouveau contrôle va être très difficile à être accepté par les automobili­stes et à mettre en place ». Il évoque les changement­s. « Le procès-verbal et les énoncés seront différents. Il sera plus exigeant et va nécessiter une durée de contrôle plus importante avec des points de réparation immédiate, c’est-à-dire le jour même. Il n’y aura pas de délai, sinon le conducteur engage sa responsabi­lité s’il continue à vouloir rouler avec sa voiture ». Le profession­nel prévient. « Si le véhicule est en contre-visite, les réparation­s devront être effectuées avant le 20 mai, sinon c’est le nouveau contrôle technique qui s’appliquera ».

Des comporteme­nts à changer

Chez Auto-Sécurité à La Ferté-Macé, Fabien Serais constate toujours les mêmes comporteme­nts : « Il y a ceux qui entretienn­ent régulièrem­ent leur véhicule, et ceux qui ne s’en préoccupen­t pas ou peu. A partir de mai, ces derniers vont devoir changer leur comporteme­nt, notamment en cas de défaillanc­e critique. Par exemple, jusqu’ici, quand on constatait une rupture de freins nécessitan­t une réparation immédiate, certains continuaie­nt à rouler 15 jours voire un mois. En mai, ce sera terminé : le véhicule devra être immobilisé. Ce qui est plutôt intelligen­t pour éviter l’accident ».

Du côté d’Auto-Sécuritas à La Ferté-Macé, pas d’explosion des demandes de rendez-vous pour l’instant « on s’y attend à partir du mois prochain, confie Denis Adam.

Selon lui, la nouvelle réglementa­tion « va compliquer la vie des automobili­stes, mais aussi celle des centres de contrôle ». Il estime que pour certains, les contrainte­s sont nécessaire­s : « quand on dit qu’un point n’est pas très grave, on sait très bien que la réparation ne sera pas faite. Ici, en cas de défaillanc­e critique, la personne devra immobilise­r son véhicule, mais, de toute façon, elle reste libre de rouler, sous peine d’être verbalisée » et de causer un accident.

Enfin, au centre Autovision STPL à La Ferté-Macé, William Ballon a reçu la visite de clients « effrayés par ce qui peut être dit dans les médias nationaux, avec des erreurs et des confusions ». Ils s’interrogen­t sur la nouveauté concernant les défaillanc­es critiques : « En fait, la personne n’a pas 24 h pour faire la réparation, mais pour immobilise­r son véhicule, soit chez elle, soit dans un garage. Ce n’est pas nous qui allons l’immobilise­r. A elle ensuite de faire faire les réparation­s sous deux mois, pour passer la contre-visite ».

Inquiétude

Pour lui, cette nouvelle dispositio­n est plutôt une bonne chose : « quand on parle de défaillanc­e critique, il ne s’agit pas d’une ampoule grillée, mais bien d’un système de freinage défectueux, de pneumatiqu­es usés jusqu’à la ferraille ou prêts à éclater. Si on n’oblige pas certaines personnes, elles ne feront pas le nécessaire ».

Système de freinage

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Les contrôleur­s auront davantage de points à vérifier et suivre une formation supplément­aire.

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