Le Publicateur Libre

986 Temps maussade à Piqu’louveutte

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C’est bin histouère de bavasseu un p’tit qua Par Bernard Desgrippes

V’là un moués qu’i pieut sû Piqu’louveutte, les z’habitants pas trop argenteus font grises mines. V’là un parisien qu’arrive dans eune grosse chârte toute neuve et qui d’mande eune chambe bin n’euxposée. I pose un billeut d’deux cents z’euros sû l’comptoir d’l’hôteul. L’hôteulieu li dit d’alleu chouési la chambe qu’i vouleut et pendant c’tempslà, i prend l’eurgent et va peuyeu la deute qu’il a cheu l’boucheu. L’boucheu prend l’billeut et va peuyeu la deute qu’il a cheu paisan. L’paisan prend l’billeut et va peuyeu sa deutte à la coopérativ­e qui li vend l’z’aliments et v’là t-i pas que l’geurant d’la coopeurati­ve deucide d’alleu peuyeu l’hôteulieu a qui i d’veut deux cents z’euros pour des chambes louées pour des r’preusentan­ts. L’parisien eurvient en disant qu’i n’aveut pas trouveu d’chambe à son goût. I r’prend son billeut et r’montit dans sa chârte. Finalement grâce à li, tout l’monde a peuyeu c’qui d’veut à son veusin et pus peursonne n’est endeutteu. C’est tout d’mîm-me formidabe c’t’affaire ! Tu trouves pas, Victor ?

Depuis un mois, il pleut sur la commune de Picquelouv­ette. Les habitants peu argentés ont le moral en berne. Voilà un parisien qui descend d’une grosse voiture, pose un billet de 200 euros sur le comptoir et demande une bonne chambre. L’hôtelier lui conseille d’aller la choisir lui-même. Pendant ce temps-là, le patron prend le billet et va bien vite payer le boucher a qui il doit 200 euros, le boucher va aussitôt payer l’agriculteu­r a qui il doit 200 euros. L’agriculteu­r, sans perdre une minute, va payer la coopérativ­e a qui il doit 200 euros pour les aliments du bétail. Le gérant de la coopérativ­e va aussitôt payer l’hôtelier a qui il doit 200 euros pour des chambres louées pour des représenta­nts. Le parisien revient après avoir visité les chambres et annonce qu’il n’en a pas trouvé à son goût. Il reprend son billet de 200 euros et s’en va chercher son bonheur un peu plus loin. Finalement tout le monde a payé ce qu’il devait et plus personne n’est endetté. C’est tout de même une affaire peu banale ! Qu’en penses-tu Victor ?

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