« Le land art sert à reconnecter les hommes à la nature »
Marc Pouyet est un artiste originaire du Limousin. Jusqu’au 4 avril prochain, il expose une série de photos de land art dans la médiathèque de Fougerolles-du-Plessis. Il sera également présent à Flers au salon du livre les 7 et 8 avril. Rencontre.
Les photos exposées à la médiathèque de Fougerolles sont pour le moins insolites. Comment les réalisez-vous ?
J’ai pour habitude de me promener dans la nature, et de me servir de ce que je trouve pour faire des assemblages, des compositions. De nombreuses choses peuvent être utilisées, feuilles, galets, pissenlits. Une fois que c’est terminé, je prends la création en photo, pour l’immortaliser. Puis, ensuite, la nature elle-même reprend ses droits et l’oeuvre s’efface progressivement.
C’est ce que l’on appelle le land art, ou art de la terre, en français.
C’est ça. On peut croire que le land art est récent, mais en réalité, il s’agit de la forme d’art la plus ancienne ou l’une des plus anciennes. L’art pariétal, celui des cavernes des premiers hommes, peut être considéré comme du land art.
Ou même une cabane ou un bonhomme de neige !
Oui. Il s’agit aussi de land’art.
Où avez-vous réalisé ces oeuvres éphémères, visibles en Mayenne ?
Un peu partout. Dans certains cas, ce peut être assez proche de la Mayenne, en Bretagne, notamment. Sinon, une grande partie de mon travail est faite sur le plateau de Millevaches, un espace à la nature sauvage. Les photos que l’on peut voir dans l’exposition sont issues de l’un de mes livres photos, celui précisément intitulé Artiste de nature.
Comment avez-vous eu le déclic pour réaliser des oeuvres de land art aussi élaborées ?
J’étais graphiste et illustrateur dans la région parisienne, pour des livres de jeunesse. Lorsque j’ai eu 40 ans, j’ai voulu changer de vie, me rapprocher de la nature. C’est pourquoi je me suis installé dans la Creuse, à Aubusson.
Parvenez-vous à vivre du land art ?
Oui. Je suis très satisfait de ma vie actuelle, car, même si je passe du temps dans la nature pour créer mes oeuvres et les photographier, je voyage aussi beaucoup, et, surtout, je rencontre pleins de gens différents. Votre message est-il aussi écologique ?
Bien entendu. Je recherche l’esthétisme mais j’aimerais aussi sensibiliser sur le sujet. Le land art est fait pour ça. Les hommes ont tout intérêt à se reconnecter avec la nature, à réapprendre à la regarder avec des yeux d’enfants, se laisser émouvoir et interpeller par elle. C’est une chose qui peut parfois être oubliée aujourd’hui, et que je regrette.