Le Publicateur Libre

Le paysan et le sanglier

- N.L.

Il a trouvé refuge auprès des vaches de Michel Brillant en fin d’année dernière. Le petit marcassin a grandi mais reste fidèle au fermier qui a dû, il y a deux semaines, se séparer de la moitié de son cheptel… À 67 ans, le paysan sait que la retraite approche.

L’histoire a fait grand bruit dans le pays mayennais : un petit marcassin orphelin a trouvé refuge auprès d’un troupeau de vaches. Celles de Michel Brillant, un exploitant agricole de 67 ans, à Boulay-les-Ifs. C’était en septembre dernier et aujourd’hui le marcassin est toujours là. Il a perdu ses rayures, son poil a grisé et il fait moins de cabrioles, selon le fermier qui aime le regarder gambader dans ses champs.

« La première fois que je l’ai vu, c’était le 26 septembre », se souvient Michel Brillant. « Ils étaient quatre en tout, j’ai d’abord cru que c’était des chats ». Leur mère était morte et le paysan décide de les laisser tranquille. « Au bout de quelques jours, il en est resté un. Au milieu des vaches. Il se roulait dans le foin, il jouait tout le temps. Je lui ai donné un peu de maïs, il s’est nourri avec ce qu’il a trouvé et aujourd’hui il est toujours là. Les vaches ont bien été obligées de l’accepter… »

Les services vétérinair­es

L’histoire est belle et a séduit de nombreux curieux qui s’arrêtent pour observer le spectacle. « Ça défile ici, tous les jours », sourit le fermier. Mais un sourire qui cache une blessure. En effet, la publicité n’a pas que du bon. Et si le fermier a apprécié les rencontres, les discussion­s, « avec bien souvent des gens très sympathiqu­es », il en a payé le prix fort. « Certains ont déclaré que mes vaches étaient trop maigres et les services vétérinair­es sont venus me voir ». Résultat : 40 vaches enlevées. « J’ai mes torts », admet Michel. « Peut-être qu’à mon âge, tout seul, un cheptel de 80 vaches c’était trop… Il y a eu la pluie aussi, qui m’a empêché de correcteme­nt les nourrir. Et tous ces va-et-vient à la maison qui m’ont occupé… C’est comme ça. Mais voir partir ses vaches, ça fait mal au coeur ».

« Il roulait dans le foin »

Il se souvient encore de cette journée où le marchand est venu prendre ses bêtes. C’était le 5 février. « Le marcassin les a suivies jusque dans la cour de la ferme. Il est même monté dans la bétaillère ! Ensuite, il s’est retrouvé tout seul dans la cour. Perdu ». Pas longtemps, puisqu’il s’est vite rapproché du reste du troupeau, « qui l’a adopté ». Tenace ce sanglier, que Michel appelle « p’tit cochon affectueus­ement ».

Il sait pertinemme­nt qu’il demeure un animal sauvage alors il garde ses distances, ne le touche pas. Il le laisse vivre sa vie auprès de ses vaches. « S’il a décidé de rester ici, pourquoi pas ? »

Rester au moins encore une année, la dernière en activité pour Michel Brillant qui sait que l’heure de la retraite approche. A 67 ans, dur de quitter ses vaches…

«P’tit cochon»

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Le marcassin a grandi mais ne peut se résoudre à quitter les vaches de Michel.

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